Par
Vincent Malbœuf
Publié le
28 nov. 2025 à 9h33
Rares sont les projets en Sèvre et Loire, territoire de 50 000 habitants à l’est de Nantes (en Loire-Atlantique), qui ne passent pas au scanner du collectif Environnement Sèvre et Loire depuis sa création en 2022.
Après le PLU intercommunal, le projet de crématorium, au Loroux-Bottereau (près de Nantes), a été scruté de près.
Composé de citoyens « défendant les intérêts du vivant (humanité, faune et flore), la biodiversité et la justice climatique et sociale », il a repéré « de nombreuses erreurs et omissions ».
Douze pages envoyées par le collectif Environnement Sèvre et Loire
Douze pages détaillées, argumentées et très bien documentées : c’est la production que ce collectif vient d’adresser au maire du Loroux-Bottereau dans le cadre de la participation du public par voie électronique au sujet de l’implantation du projet du crématorium, qui nécessité une modification du Plan local d’urbanisme de la commune du Vignoble nantais.
Pour rappel, cet équipement doit s’installer sur une prairie de 6 000 m2 située entre la route des Grenouillères, la RD 115 et le giratoire appelé porte de Landemont.
Vidéos : en ce moment sur Actu
Problème pour le Collectif, cette consultation qui s’est terminée jeudi 27 novembre s’est faite sans avis de la Mission régionale de l’autorité environnementale.
Cliquez ici pour visualiser le contenu
Votre région, votre actu !
Recevez chaque jour les infos qui comptent pour vous.
S’incrire
Le collectif s’interroge sur l’emplacement choisi
L’association est aussi consciente du « besoin de cet équipement de service public » sur le territoire, mais s’interroge sur l’emplacement choisi à proximité du centre-ville du Loroux-Bottereau, sur un terrain en pente de 9 % vers le Breil, « ce qui pourrait générer des rejets polluants dans le Marais de Goulaine et à terme dans l’eau du robinet ».
Elle réclame donc que l’étude d’impact soit « entièrement revue et corrigée » pour qu’elle soit soumise à l’avis de la MRAe (Mission régionale d’autorité environnementale) prévu en janvier.
Le collectif s’interroge sur le trafic routier de poids lourds sur la RD 115, à proximité de la Zac du Plessis « où de nombreux projets d’entrepôts sont passés sous silence ».
La rose des vents inquiète ces citoyens car ceux d’Est-nord-est, « de plus en plus fréquents, sont en direction de la ville du Loroux ».
Dans un rayon de 2 km au sud-Ouest, sont recensés 5 333 habitants et au moins 8 lieux où vivent des personnes vulnérables qui encourent plus de risques : crèche, écoles maternelles, élémentaires, collèges, hôpital, Ehpad, cabinets médicaux. Le pôle enfance étant situé à 650 mètres.
Le collectif Environnement Sèvre et Loire

Le crématorium du Loroux-Bottereau, près de Nantes, est attendu en 2027 désormais. Sa construction a été repoussée d’un an. ©Atelier Ronan Prineau architecteDoutes sur la qualité de l’eau et de l’air…
L’arrivée du crématorium n’est pas sans incidence sur la qualité de l’air, des sols, de l’eau et sur la biodiversité, avance le collectif.
Pour l’air, « le tableau des polluants réglementés ne cite étonnamment pas le mercure. Certes, un filtre ultra performant est prévu pour limiter les effets toxiques, mais un contrôle de ce filtre tous les 2 ans, est-il réellement suffisant ? Au crématorium de St-Jean-de-Boiseau, un contrôle est prévu tous les ans ».
Pour les sols, « rien n’est dit des particules susceptibles de se retrouver dans la chaîne alimentaire ». Pour l’eau, les retombées atmosphériques de la chemine « devront être étudiées sur les milieux récepteurs ».
Enfin, sur la biodiversité :
La proximité immédiate de la coulée du Breil et des étangs des Grenouillères n’apparaît pas dans l’étude. Rien n’est dit des jardins familiaux, des sites d’éco-pâturage, du corridor écologique permettant à la LPO (Ligue de protection des oiseaux) de mettre en œuvre un ABC de la biodiversité et des gîtes à chauve-souris. Ces espaces naturels prisés des Lorousains·es seront irrémédiablement impactés par les rejets atmosphériques du crématorium.
Le collectif Environnement Sèvre et Loire
Contenu « un peu alarmiste » pour le vice-président de Sèvre et Loire
Si Pascal Evin, vice-président de Sèvre et Loire en charge du dossier, reconnaît « le niveau de compétence » et le travail du collectif dans cette contribution, le maire de La Regrippière juge que son contenu « est un peu alarmiste ». Pour une raison simple.
La MRAe va bien se prononcer sur le dossier du crématorium du Loroux-Bottereau.
Tout cela est sur la table. Ce qu’il réclame va venir. On est dans la procédure. La MRAe doit nous rendre ses conclusions dans le cadre du permis d’exploitation, phase la plus importante qui est en cours d’élaboration.
Pascal Evin, vice-président de Sèvre et Loire
La collectivité attend le retour de l’autorité environnementale à la mi-janvier 2026. Ainsi que ceux des personnes publiques associées.
Après ? La collectivité aura plusieurs semaines pour apporter les réponses, avant de lancer une nouvelle enquête publique espérée pour février-mars 2026.
Sur les craintes décrites par le Collectif, l’élu entend « les arguments », avant d’ajouter qu’il y a « beaucoup d’interprétations ».

Pascal Evin, maire de La Regrippière et vice-président de Sèvre et Loire en charge des solidarités. ©HSM archivesDes installations « hyper réglementées »
« On fera ce que les normes et les réglementations nous disent de faire. Il n’y a pas de quoi s’agiter », poursuit Pascal Evin. Un exemple avec les incidences sur la qualité de l’air que pointe le Collectif dans sa contribution.
Les crématoriums sont équipés « de nouvelles générations de fours et de filtres qui ont fait leurs preuves », souligne le vice-président.
« Ce type d’installations est hyper réglementé. Tout est suivi. La preuve, des crématoriums sont implantés maintenant en plein centre-ville. C’est le cas à Cholet », ajoute l’élu qui n’a pas reçu, à ce jour, de demande de rencontre de la part du Collectif Environnement Sèvre et Loire.
Personnalisez votre actualité en ajoutant vos villes et médias en favori avec Mon Actu.