Par
Laurent Fortin
Publié le
28 nov. 2025 à 22h58
Ce Nantais de 45 ans n’y était pas allé de main morte. Il avait précisément ponctionné 1 835,61 € sur les comptes de cet institut de Basse-Goulaine affilié à l’Association des Paralysés de France (APF) – France Handicap, qui œuvre à l’insertion professionnelle des 16-25 ans « en situation de handicap moteur » des régions Bretagne, Pays-de-la-Loire, Nouvelle-Aquitaine et Centre-Val de Loire, pour lequel il travaillait.
Cet employé en intérim pour une courte période avait en fait été « affecté à la conduite d’un véhicule frigorifique » entre le 16 et le 23 mai 2023. L’IEM-FP s’était alors « très rapidement aperçu » qu’il y avait des « anomalies » dans sa comptabilité : « quinze opérations d’achat » de carburant avaient été faites en dix jours, entre le 19 et le 29 mai 2023…
De son côté, « dès le 23 mai 2023 », le quadragénaire avait « appelé son agence d’intérim » pour dire qu’il avait « fait une bêtise » et qu’il était « prêt en assumer les conséquences » : il leur avait expliqué s’être aperçu après la fin de son contrat qu’il avait « oublié » de rendre la carte carburant et qu’il avait ensuite « vrillé » à l’idée de se faire « de l’argent facile ».
Cet allocataire du Revenu de solidarité active (RSA) avait en effet rempli « plusieurs bidons de diesel » qu’il avait « revendus à des particuliers », se faisant ainsi « 650 € de bénéfices ». L’argent avait été dépensé dans « des denrées alimentaires », « des cigarettes », « de l’alcool » et « des sorties en boîte de nuit », avait-il listé devant les gendarmes qui l’avaient entendu.
« On court encore après les sommes »
Il avait finalement « déchiré » la carte Total et l’avait « jetée sur la route » après avoir commis ses méfaits : ce père de deux enfants majeurs était « à la rue » et dormait « dans sa voiture » après avoir été « mis à la porte par sa femme », avait-il expliqué. Sur un plan judiciaire, il était connu pour deux condamnations en date de 2011 et 2019.
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Pour ces faits, le prévenu aurait dû faire l’objet d’une simple composition pénale, c’est-à-dire une alternative au procès public ; mais la procédure s’est soldée par un « échec », a expliqué, lors de l’audience, la présidente du tribunal correctionnel de Nantes, puisqu’il n’a « pas payé l’amende » convenue avec le parquet et a « juste fait un virement de 306 €» à l’association.
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Il a été relancé à maintes et maintes reprises, mais en a fait fi… C’est pour ça qu’on en est là aujourd’hui. L’utilisation de l’argent fut aux antipodes de sa destination initiale.
L’avocate de l’IEM-FP
Elle avait donc réclamé le paiement des 1 529,61 € restants, mais aussi 500 € pour le « préjudice moral » de la structure et 800 € de frais de justice.
Deux ans après, on en est encore à courir après les sommes. La confiance a été brisée avec cet intérimaire qui fuit constamment ses responsabilités.
L’objet de l’association rajoute au caractère très désagréable de l’infraction. Ces détournements ne sont pas du tout justifiés par un quelconque état de nécessité, mais par une pure recherche de profit.
La procureure de la République
La composition pénale qui avait été initialement proposée au prévenu était par ailleurs une « mesure de faveur ». Elle avait donc requis une amende de 1 000 € pour le Trésor public et six mois de prison avec sursis probatoire assortis d’une obligation de travail et « surtout » d’indemniser l’IEM-FP.
Le prévenu, absent de son procès, a finalement écopé de trois semaines de travail d’intérêt général (TIG) au profit d’une association ou d’une collectivité ; s’il ne s’y plie pas, il devra payer une amende de 1 500 € au Trésor public. Il a par ailleurs été déclaré inéligible pour un an et devra verser 1 529,61 € à l’IEM-FP pour son « préjudice matériel » et 800 € pour ses frais de justice. Il n’y aura en revanche pas d’indemnisation au titre du « préjudice moral » de l’IEM-FP de la Grillonnais, aucune « atteinte à l’image » de l’association n’ayant été démontrée. Le jugement a été frappé d’exécution provisoire, ce qui signifie qu’il s’applique dès à présent, même si son ancien intérimaire venait à en faire appel.
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