Pour parer à une éventuelle confrontation avec la Russie, l’Allemagne a élaboré OPLAN DEU, un plan militaire destiné à permettre le déploiement rapide de troupes alliées sur son territoire.
L’Allemagne a décidé d’établir un plan militaire pour contrer la Russie en cas d’un éventuel conflit. Cette stratégie, que l’on croirait tout droit venue de la guerre froide, repose sur un document classifié de 1 200 pages révélé mercredi 26 novembre par le Wall Street Journal. Élaboré il y a deux ans et demi par une douzaine d’officiers, ce plan, baptisé OPLAN DEU, détaille avec précision comment près de 800 000 soldats allemands, américains et alliés seraient acheminés vers l’est du pays en cas de crise majeure avec le pays de Vladimir Poutine. « Le but est de prévenir la guerre en faisant clairement comprendre à nos ennemis que s’ils nous attaquent, ils n’y parviendront pas », explique un officier supérieur, co-auteur de l’OPLAN DEU auprès du média américain.
Dans ce document, les ports, fleuves, voies ferrées et routes que devront emprunter les soldats de l’Otan sont cartographiés. Il y figure également des détails quant à la manière de ravitailler et protéger les combattants tout au long de leur trajet. « Regardez la carte : les Alpes constituant une barrière naturelle, les troupes de l’Otan devraient traverser l’Allemagne en cas d’affrontement avec la Russie, quel que soit le point de départ », a analysé auprès du Wall Street Journal Tim Stuchtey, directeur de l’Institut Brandenburg.
Des préparatifs déjà lancés
Pour rendre OPLAN DEU opérationnel, l’Allemagne a déjà lancé plusieurs chantiers de grande ampleur. À l’automne 2025, le groupe de défense Rheinmetall a installé un camp militaire provisoire dans l’est du pays, capable d’héberger 500 soldats. Monté en quatorze jours puis démonté en une semaine, ce camp était équipé de dortoirs, de points de ravitaillement, d’un système de surveillance par drones et de gardes chargés de repérer toute présence suspecte.
Cette installation a toutefois révélé plusieurs failles logistiques. Le terrain ne pouvait pas accueillir tous les véhicules et ses parcelles non contiguës obligeaient l’armée allemande à transporter les soldats en bus d’un point à l’autre. Lors d’une précédente répétition générale, les équipes avaient également constaté qu’il faudrait ajouter un simple feu de circulation à un carrefour stratégique pour fluidifier le passage des convois militaires.
L’exercice a aussi rappelé combien les infrastructures allemandes restent vieillissantes et parfois inadaptées. Près de 20 % des autoroutes et plus d’un quart des ponts nécessitent des réparations. Les ports de la mer du Nord et de la Baltique, essentiels au débarquement des troupes alliées, doivent eux aussi être modernisés, pour un montant évalué à 15 milliards d’euros, dont 3 milliards dédiés aux aménagements à double usage.
publié le 29 novembre à 10h11, Alexandre Lecomte, 6Medias
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