Par

Bruna Fernandez

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Journaliste

Née à l’époque des “Inconnus”, Bruna grandit entre le Brésil et la France. Enfant, elle enrichit son imaginaire devant le grand et le petit écran. Devenue journaliste, elle passe derrière la caméra et travaille pour plusieurs émissions. Un petit monde qu’elle se plaît à décortiquer pour puremedias.

Alors qu’un numéro sur CNews fait grand bruit, le régulateur a adressé une mise en garde formelle à France 2 après la diffusion, le 19 juin 2025, d’un numéro du magazine d’investigation consacré au Sénat.

La bande-annonce du numéro de « Complément d’enquête » consacré au Sénat, diffusé le 19 juin 2025, et épinglé par l’Arcom © France 2

La suite après la publicité

Un timing malheureux pour France 2. Dans un communiqué publié ce jeudi 27 novembre, l’Arcom adresse une « mise en garde » à la chaîne publique concernant un numéro de « Complément d’enquête » diffusé le 19 juin dernier. L’émission « Sénat : les secrets de la chambre haute », présentée par Tristan Waleckx, explorait les affaires qui ont récemment ébranlé le palais du Luxembourg : l’affaire Joël Guerriau, les accusations visant Esther Benbassa ou les doutes autour des dépenses de certains élus.

« Les faits graves en cause (n’ont pas été) traités avec la mesure et la rigueur requises »

Mais selon l’Arcom, plusieurs séquences n’ont pas offert les précisions nécessaires. Dans son communiqué, l’autorité explique qu’elle « regrette l’absence de mise en perspective (…) des propos » d’un collaborateur dénonçant des modifications de procédure censées entraver les signalements de harcèlement. L’Arcom rappelle que cette réforme avait au contraire été mise en place pour « améliorer la gestion des signalements de harcèlement ».

L’émission affirmait aussi qu’en 2023, « à peine la moitié [des dépenses des sénateurs] a été contrôlée ». Une présentation jugée trompeuse : « Une telle affirmation (…) ne peut que laisser penser (…) que les contrôles opérés sont particulièrement insuffisants », écrit le régulateur, rappelant que les contrôles annuels couvrent entre « 40 et 60% » des frais pour les contrôles approfondis et « 20 à 30% » pour les contrôles transversaux.

L’Arcom épingle également un témoignage central, celui d’un ancien médecin du Sénat évoquant un supposé chantage avec des vidéos intimes : « Eu égard à la place prépondérante accordée au témoignage (…) les faits graves en cause ne peuvent être regardés comme ayant été traités avec la mesure et la rigueur requises. » Le régulateur regrette aussi que l’émission n’ait pas rappelé que la secrétaire citée avait été licenciée, une information pourtant publique.

Enfin, l’autorité s’inquiète de l’usage de termes comme « sénateurs dealers » ou « trafic de drogue », formulés « sans recours au conditionnel ni mise en perspective » alors que les procédures sont en cours. France 2 est donc mise en garde « quant à la nécessité de faire preuve de rigueur et d’honnêteté dans la présentation et le traitement de l’information ». Le dossier a été transmis au comité d’éthique de France Télévisions.

Pourquoi « Complément d’enquête » a supprimé en dernière minute une séquence de son enquête sur CNews ?

La décision tombe alors que France 2 fait déjà face à une autre polémique : la suppression en urgence d’une séquence dans le numéro de « Complément d’enquête » consacré à CNews, diffusé ce 27 novembre. Cette coupure fait suite à une mise au point très ferme rendue publique par l’Arcom quelques heures avant la diffusion. Dans une enquête, Reporters Sans Frontières assure que CNews réserve « 40,6 % du temps d’antenne à l’extrême droite » contre « 15,4 % à la gauche » et évoquait un « rattrapage nocturne » artificiel. Des informations reprises pendant quelques minutes dans le reportage du magazine. Mais jeudi matin, l’Arcom a sèchement répondu : « Nos résultats ne sont pas ceux de RSF. Nous n’avons pas de doute. Il n’y a pas de contournements des règles du pluralisme politique. »

Une contradiction frontale qui a contraint France 2 à couper toute la séquence sur le temps de parole nocturne. « Étant dans l’impossibilité technique de rajouter cet élément contradictoire aussi près de l’heure de diffusion de l’émission, nous n’avons eu d’autre choix que de couper la séquence concernée », a justifié la chaîne dans un communiqué. « Notre priorité étant toujours de respecter le contradictoire. »

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