Par

Thibaut Faussabry

Publié le

29 nov. 2025 à 17h48

Après la ligne V en décembre 2023, et la ligne S en cours de création, une nouvelle ligne Y pourrait voir le jour dans les années à venir en Essonne.
Le 12 novembre 2025, Valérie Pécresse, présidente de la Région et d’Île-de-France Mobilités (IDFM), est venue à la rencontre des maires des communes essonniennes desservies par le RER C pour faire plusieurs annonces : un plan d’urgence pour la ligne, la commande de nouveaux matériels roulants et donc le projet de ligne Y d’ici à 2032.

Les branches Dourdan et Étampes déconnectées du reste de la ligne

« Le problème de cette ligne qui fait 187 km, compte six branches et plus de 80 gares dans sept départements différents, est qu’un incident à Saint-Quentin-en-Yvelines peut avoir des répercussions sur les trains dans le sud-Essonne, car tous ces trains passent par le tronçon central de Paris », souligne Marianne Duranton, déléguée spéciale aux mobilités durables au conseil régional et maire de Morsang-sur-Orge.

Si la ponctualité générale de la ligne s’est légèrement améliorée ces dernières années (89 % cette année), elle reste en dessous du contrat signé avec Île-de-France Mobilités (93 %).

Particulièrement concernées par les retards et les suppressions de train, les branches de Dourdan (83,4 %) et de Saint-Martin d’Étampes (85,2 %), restent à la traîne au grand dam des usagers habitants le sud-Essonne.

Pour améliorer la fiabilité des trajets sur ces deux branches, celles-ci vont être déconnectées du reste du RER C pour devenir une ligne autonome, à l’image de ce qui a été fait en 2023 entre Massy et Versailles avec la création de la ligne V qui affichait début novembre une régularité quasi parfaite de 99,5 %.

Un terminus à Paris Austerlitz

Concrètement les trains partant d’Étampes ou de Dourdan seront omnibus jusqu’à Brétigny, s’arrêteront à Juvisy pour se diriger ensuite sans arrêt jusqu’à Paris à Bibliothèque François Mitterrand où les usagers souhaitant aller au centre de la capitale pourront changer de train, avant le terminus à Paris Austerlitz.

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N’entrant pas dans le tronçon central parisien, les trains de la ligne Y pourront faire leurs allers-retours sans dépendre des autres trains du RER C.

Cette simplification que nous proposons représente un long travail de concertation mené pendant trois ans aux côtés des associations de voyageurs. Elle permet de gagner en sécurité et en rapidité avec un gain de temps pour rejoindre Paris de cinq minutes en heure pleine et dix minutes en heures creuses.

Marianne Duranton

« Cette correspondance constitue, certes, une contrainte, mais la ligne Y, elle, est très porteuse d’espoir d’avoir des trains neufs qui partent et arrivent à l’heure. Nous avons besoin de ce confort, de cette régularité et de cette lisibilité », souligne Maryvonne Noël, présidente de Circule, une association d’usagers de la ligne C du RER.

Un projet rejeté par certains élus dans un premier temps

Toutefois, le projet soumis une première fois il y a un an et demi, a suscité la forte réprobation de certains élus des villes du sud de la ligne qui craignent, avec cette coupure à Paris Austerlitz, de voir se répéter le mauvais souvenir du débranchement de la partie sud du RER D avec le terminus à Juvisy.

C’était le cas aussi le cas de l’association d’usagers La Vignette du Respect qui exprimait jusque-là un refus catégorique à cette ligne Y.

Ce n’est pas neutre de rajouter une correspondance, sachant qu’entre 20 et 25 % des usagers des branches Étampes et Dourdan, poursuivent leur trajet au-delà de Paris-Austerlitz dans le tunnel intra-muros. Outre les aléas que cela implique, cette fin des trains traversants permettant d’aller directement au cœur de la capitale symbolisait une forme de déclassement de notre territoire.

Rémi Lavenant
Président de l’association La Vignette du Respect et conseiller municipal à Lardy

Pour convaincre élus et associations d’usagers, certaines garanties ont été proposées : correspondance sur le même quai à Bibliothèque François Mitterrand, réalisation d’une liaison simplifiée entre la gare souterraine et la gare en surface à Paris-Austerlitz et priorité donnée aux deux branches pour l’arrivée d’un matériel roulant.

Le tunnel à Paris est trop petit pour les trains à deux étages

Néanmoins, là aussi, un problème se pose : le tunnel central du RER C à Saint-Michel – Notre-Dame, est trop petit pour les nouveaux matériels roulants à deux étages.

Une solution consisterait à abaisser les voies, mais ces travaux impliqueraient quasiment deux ans d’interruption de traversée de Paris et un investissement de 1,5 milliard d’euros que l’État ne souhaite pas porter.

L’autre solution serait de commander des nouveaux trains sur un seul niveau capable de passer dans le tunnel. Une option que rejette Valérie Pécresse.

« Les études montrent qu’un matériel roulant sur deux étages est nécessaire. Sans ça, les voyageurs qui viennent du sud-Essonne ou du Val-d’Oise ne pourront pas aller à Paris par manque de place », assure Marianne Duranton.

IDFM va lancer la commande de 55 trains Regio2N

Face à une situation qui semble figée, la présidente d’Île-de-France Mobilités a annoncé sa volonté de commander, pour près de 4 milliards d’euros, 55 trains de type Regio2N.

Un modèle déjà déployé sur plusieurs lignes franciliennes, notamment le RER D, qui sera destiné à la future ligne Y.

C’est un matériel confortable pour les voyageurs qui fonctionne bien et qui tout à fait adapté pour le sud-Essonne. Il faudra simplement raccourcir un wagon de cinq mètres et ajouter un pantographe pour éviter d’abîmer les caténaires afin qu’ils commencent à circuler en 2032 sur la ligne.

Marianne Duranton

Vers deux trains en plus par heure de pointe sur les deux branches ?

Avec ces nouvelles garanties, les élus et associations d’usagers qui étaient vent debout contre le projet sont globalement plus enclins à accepter cette ligne Y avec son terminus à Austerlitz.

Et ce d’autant plus, qu’il pourrait y avoir deux trains supplémentaires en heures de pointe sur les branches Dourdan et Étampes, à condition que les travaux nécessaires, estimés à 30 millions d’euros, soient menés.

« Cela changerait la vie des voyageurs qui seraient moins nombreux dans les trains, avec donc plus de confort de voyage et cela diminuerait le temps d’attente du train suivant en cas de problème sur le train initial », estime Rémi Lavenant.

« Des premiers gains très concrets »

Valérie Pécresse a ainsi demandé aux élus d’écrire un courrier commun, exprimant leurs attentes, afin qu’il soit joint à la délibération qui sera présentée au prochain conseil d’administration d’Île-de-France Mobilités le 10 décembre 2025 qui doit valider la conduite d’études préalables à la commande des 55 rames Région2N.

« On se satisfait du dialogue qui a eu lieu et de ces premiers gains très concrets. Il y a encore un certain nombre d’usagers qui restent tout de même déçus par cette correspondance. Elle allait s’imposer tôt ou tard et s’il n’y avait pas eu cette mobilisation des élus et des associations d’usagers, nous n’aurions certainement pas obtenu ces garanties », conclut Rémi Lavenant.

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