Après une première incursion remarquée dans l’émission « Affaire conclue » aux côtés de l’antiquaire liégeoise Aurore Morisse, on devrait bientôt revoir Serge dans « La Vie des objets »
Serge Nokin alias Totems Tikis : « Une fois que j’ai visualisé le personnage en fonction de la forme du bois, je laisse agir mon inspiration pour créer un corps, une énorme tête ou des personnages bifaces. » ©D.R.
Bon nombre de ses sculptures habitent désormais la région hutoise, comme ce totem de 4,80 m de haut situé en face de l’hôpital de Huy, à la suite d’une commande d’Anne-Marie Lizin. « La plupart des sculpteurs à la tronçonneuse sont des bûcherons qui sculptent des animaux. Ma démarche se veut plus artistique et s’attache à représenter exclusivement des figures humaines. »
Si l’artiste tronçonneur se produit régulièrement dans des démonstrations publiques, il préfère travailler chez lui ou sur commande. Ce fut le cas pour le chanteur Frédéric François qui, suite au décès de son père, lui a fait sculpter trois pièces de bois tirées d’un chêne d’Amérique que celui-ci avait planté jadis. « Mes personnages sont évidemment tributaires de l’épaisseur du bois, mais je ne travaille qu’à partir d’arbres morts enracinés, quitte à garder les branches intactes pour leur donner une sorte de coiffure. » Ses outils se limitent aux tronçonneuses de toutes tailles. Il en a d’ailleurs une dizaine sous la main quand il fait des démonstrations, pour parer à toute éventualité. Sa préférée est la petite MS180 thermique de chez Stihl, « maniable, légère, increvable ».
Quelques-unes de ses réalisations. ©D.R.
Quand il se met au travail, Serge s’assure d’abord que la chaîne soit bien tendue. Il écorce l’arbre et commence par le nez, puis la bouche suit. « Une fois que j’ai visualisé le personnage en fonction de la forme du bois, je laisse agir mon inspiration pour créer un corps, une énorme tête ou des personnages bifaces. Durant mon travail, je ne réfléchis pas, comme si j’étais en transe. Ma seule inquiétude est de savoir s’il y a assez d’essence dans le réservoir. Après avoir terminé, je ne ponce pas ; il y a des coups de chaîne et c’est là qu’on retrouve ma griffe. Ensuite, je laisse faire la nature, qui apporte sa patine avec le vent et la pluie. Un an après, il est conseillé d’entretenir le totem avec une lasure transparente, comme pour un chalet ou un abri de jardin. »
Mais Serge Nokin ne se limite pas à peupler la nature de ses œuvres. Après avoir peint des portraits de jazzmen de manière réaliste, il s’est pris au jeu jusqu’à ce que les visages de ses sujets se fragmentent, un peu à la manière de Picasso, ce qui l’a conduit par la suite à customiser des objets : ici un cercueil, là le casque du célèbre constructeur de motos Fred Krugger, là encore la dernière Fiat électrique 500 ou les surfaces vitrées de la nouvelle Mercedes CLA électrique. Ce qui ne l’a pas empêché, pour sa part, de continuer à rouler dans une vieille Coccinelle dont il vient à peine de se séparer ! « Pour la customisation », précise-t-il, « j’utilise des Posca, des marqueurs à l’acrylique permettant de travailler tout en finesse. » En tout cas, on n’a pas fini d’entendre parler de l’homme à la tronçonneuse : après une première incursion remarquée dans l’émission « Affaire conclue » aux côtés de l’antiquaire liégeoise Aurore Morisse, on devrait bientôt revoir Serge dans « La Vie des objets ». C’est dire si l’artiste a fait forte impression !