Branle-bas de combat dans l’audiovisuel public. Après le désaveu cinglant infligé par l’Arcom à l’étude bancale de RSF sur CNews, France 2 a dû, en urgence, faire couper la séquence incriminée de « Complément d’enquête ». Et selon nos informations, l’idée d’un report pur et simple du numéro a agité la direction jusque tard dans la soirée : le débat a été vif, sans que les partisans d’un décalage n’obtiennent gain de cause. La scène illustre parfaitement le climat électrique qui règne désormais au sein de la télévision publique.
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Dans les plus hautes sphères du groupe, l’incident est pris très au sérieux. Christophe Tardieu, le secrétaire général, confie d’ailleurs ne pas vouloir en rester là : « Il serait souhaitable de faire la lumière sur les raisons de ces divergences d’appréciation. » RSF, de son côté, déplore les « dénégations » de l’Arcom et maintient « ses chiffres et ses conclusions ». Joint par le JDD, son directeur général, Thibaut Bruttin, accuse même le régulateur d’être « en pleine contradiction avec ses propres textes ».
Colère de l’Arcom
Au passage, l’ONG fait savoir qu’elle se réserve le droit de saisir officiellement le gendarme de l’audiovisuel. À l’Arcom, la colère n’en est pas moins vive : le régulateur juge avoir agi dans son strict rôle et estime que RSF a largement outrepassé le sien en avançant des affirmations jugées inexactes. Christophe Tardieu, lui, réaffirme sans détour sa confiance dans l’institution : « C’est notre régulateur indépendant. Je n’ai aucune raison de douter de leurs analyses dans ce domaine. »
L’émission présentée par Tristan Waleckx n’en est pas à son premier psychodrame interne
Alors, à France TV, la zizanie monte encore d’un cran. Tandis que son secrétaire général hausse le ton, la direction se réfugie derrière les chiffres et se félicite du succès du numéro. La rédaction en chef de « Complément d’enquête », elle, assume le découpage de dernière minute : « La séquence était vérifiée et solide. Nous avons dû la retirer uniquement parce qu’un élément contradictoire révélant la position de l’Arcom est arrivé trop tard pour être intégré. » Des violons, à l’évidence, bien mal accordés.
Il faut dire que l’émission présentée par Tristan Waleckx n’en est pas à son premier psychodrame interne. « 90 % de nos problèmes viennent de là », soupire un proche de l’état-major, pointant des niveaux d’investigation très variables. Une situation qui désole Renaud Bernard, coordinateur FO : « Ça me fait de la peine pour les équipes, qui sont de bons journalistes mais instrumentalisés. Dans l’émission de cette semaine, ils ne démontrent en rien que CNews est un média d’opinion. Ils rappellent juste une ligne éditoriale… totalement assumée par la chaîne ! À quoi bon ? » C’est, au fond, toute la question.