Poissy, jeudi 13 novembre. Il est 15h00. Nous venons de récupérer une DS N°8 chargée à bloc. La limousine présidentielle montre une configuration idéale pour la longue distance : grosse batterie (97 kWh), format de berline propice à l’aérodynamisme et petites jantes de 19 pouces disponibles en option négative sur notre finition haut de gamme Étoile. La fiche technique est claire : l’autonomie grimpe à 737 km pour ce carrosse à l’allure singulière.
DS affirme en surcouche qu’il est possible d’abattre plus de 500 km d’autoroute sans recharger. Il n’en fallait pas plus pour piquer notre curiosité. Nous avons donc mis à l’épreuve la française et choisi un trajet autoroutier entre Paris et Grenoble. Ni une, ni deux, le GPS avec planificateur d’itinéraire intégré préfère la prudence et prévoit une courte recharge passé Beaune, sur l’aire de Beaune-Tailly, où gît une station TotalEnergies.
© Capture d’écran Google Maps Pas de recharge jusqu’à Mâcon
En vaillants aventuriers, nous choisissons de pousser le bouchon plus loin en reprogrammant manuellement la navigation vers l’aire de Mâcon-Saint-Albain au nord de Mâcon, à 417 km de là. La N°8 prévoit une arrivée avec 17 % de batterie mais suggère toujours une recharge intermédiaire. Si l’auto tient ses promesses, un trajet direct sans pause recharge est envisageable. Départ donc de l’usine Peugeot de Poissy sous 20°C et un ciel voilé.
L’autonomie annoncée batterie pleine est de 648 km. Le voyage s’annonce facile et sans souci. On enclenche immédiatement le mode Confort pour encore plus de décontraction. DS claironne un moelleux incomparable grâce à l’Active Scan Suspension, un amortissement piloté par caméra scannant la chaussée jusqu’à 25 mètres en amont pour adapter la fermeté des ressorts en conséquence.
© Thomas Kim pour Presse-citron
© Thomas Kim pour Presse-citron Une DS N°8 confortable
Étrenné en 2013 par la précédente Mercedes Classe S, ce système devrait transformer la voiture en tapis volant. Mais contrairement à l’allemande, l’ensemble ne permet pas de relever ou d’abaisser la caisse pour épouser au mieux les bosses. C’est une version techniquement plus simplifiée que nous avons déjà essayée sur la défunte DS9. Choix compréhensible étant donné le prix plutôt maîtrisé de l’auto.
Dans les faits, la N°8 est indéniablement confortable, mais pas aussi souple qu’espérée, notamment à basse vitesse. On ressent ainsi les gendarmes couchés jalonnant la sortie du site industriel. Et le chantier miné par des raccords de chaussée non goudronnés se rappelle aussi à notre bon souvenir. On profite alors des bouchons pour expérimenter en parallèle le mode One Pedal, une nouveauté chez Stellantis dont la N°8 a la primeur.
© Thomas Kim pour Presse-citron
© Thomas Kim pour Presse-citron Une fonction One Pedal réussie
La décélération au lever de la pédale d’accélération est puissante et permet effectivement de se passer du frein dans la plupart des ralentissements. Heureusement, car la pédale de frein, elle, se montre spongieuse. Un défaut partagé par toutes les électriques du groupe. Bon point en revanche à très faible allure, où nous n’avons pas ressenti des secousses désagréables comme sur d’autres concurrentes allemandes, notamment. C’est donc plutôt réussi pour une première.
Une fois extirpés de la région parisienne après une pause pipi, cap sur l’autoroute A6 ! La barrière de péage de Fleury-en-Bière marque le début des choses sérieuses. Testons alors la vivacité de notre vaisseau : 245 ch et 343 Nm de couple sur le train avant pour mouvoir 2 180 kg, cela n’annonce rien d’explosif. Dont acte. En mode Sport, la N°8 dispense une accélération franche, plus forte que sur les cousines limitées à 230 ch, mais ne détruit en rien les cervicales.
© Thomas Kim pour Presse-citron
© Thomas Kim pour Presse-citron Une N°8 plus douce que sportive
Le 0 à 100 km/h est donné pour 7,7 secondes. Comparé aux concurrentes, c’est un escargot. Pour de meilleures performances, la version bimoteur de 350 ch est toute indiquée avec son 0 à 100 km/h abattu en 5,4 secondes. Plus véloce, elle est aussi plus chère et moins efficiente, forcément. Plus adapté à la philosophie portée par DS, le modèle Grande Autonomie devrait représenter à coup sûr le gros des ventes.
C’est d’ailleurs à vitesse stabilisée que la N°8 déroule tout son talent. Les suspensions gagnent juste ce qu’il faut de douceur et digèrent avec brio les irrégularités. On se sent flotter sur la route. L’insonorisation léchée contribue à cette impression aérienne. La limousine s’habille de verre intégralement feuilleté alors que les matériaux absorbants sont nombreux. Discret et silencieux, c’est conforme au segment. Le coffre a aussi les épaules larges, avec un volume de 620 l. Son accès est aisé grâce au hayon et sa profondeur, impressionnante.
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© Thomas Kim pour Presse-citron Une consommation contenue pour la N°8
Sans aucune surprise, la française brille également au chapitre de la consommation. Calée à 125 km/h compteur, l’auto parvient à rester sagement sous les 19 kWh/100 km, ce qui est remarquable. Bien sûr, la météo était extrêmement favorable ce jour-là, avec une température de 17°C enregistrée à l’approche d’Auxerre. Le temps était en prime sec et le vent très faible. Tout contribuait donc à une excellente efficience.
Possible que la batterie fournie par le français ACC ait plus de difficultés à réguler sa température en hiver et en été, où le mercure atteint régulièrement des valeurs extrêmes. Aujourd’hui en tout cas, rien d’inquiétant n’était à signaler, le niveau de charge descendait de façon prévisible. Et les équipements embarqués par la N°8 contribuaient à rendre le voyage encore plus délicieux.
© Thomas Kim pour Presse-citron
© Thomas Kim pour Presse-citron Une dotation très généreuse pour la N°8
Contrairement aux concurrentes allemandes qui transforment le choix des options en quête principale, la DS N°8 se montre particulièrement généreuse en série. Notre version Étoile embarque ainsi d’office les feux matriciels à LED, les sièges avant chauffants avec chauffe nuque, l’affichage tête-haute, le hayon électrique, la sellerie en Alcantara, la suspension pilotée par caméra ou encore le rétroviseur intérieur numérique.
Au rayon des gourmandises se trouve le pack Confort Absolu à 2 500 € ajoutant la sonorisation Focal à 14 haut-parleurs, les sièges avant ventilés et massants avec maintien latéral réglable ainsi que les assises arrière latérales chauffantes et ventilées. Le pack Tech Absolue à 1 350 € complète avec la caméra surveillant l’attention du conducteur, les rétroviseurs extérieurs électrochromes et la vision de nuit, unique dans la catégorie.
© Thomas Kim pour Presse-citron
© Thomas Kim pour Presse-citron Une assistance à la conduite sereine
La conduite semi-autonome est aussi gracieusement fournie sur la version Étoile. Bonne nouvelle, elle fonctionne avec une belle finesse. Accélérations et freinages sont délicats alors que le maintien de cap n’appelle aucune critique. La N°8 a su tenir sa trajectoire dans le col de Bessey-en-Chaume juste avant Beaune. De bon augure car cette section de l’A6 limitée à 110 km/h serpente assez sévèrement et se caractérise par un dénivelé marqué.
Même en courbe, l’auto ne craint pas les poids lourds louvoyant légèrement dans leur voie et les dépasse sans sourciller. Concernant justement les dépassements, ajoutons que la N°8 intègre aussi le changement de voie automatique ne demandant plus la confirmation du conducteur. Le déport du véhicule est à la fois fluide et rapide, même si un humain effectuera toujours la manœuvre plus rapidement.
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© Thomas Kim pour Presse-citron Un habitacle de haut niveau pour la DS N°8
Festin oculaire, l’habitacle rehausse le souci du détail à un tout autre niveau. Impossible de le nier : DS a multiplié les efforts pour se distinguer de la concurrence avec des finitions particulièrement soignées. Les inserts guillochés façon Clous de Paris bordant les aérateurs et ornant les branches du volant en X font leur petit effet. Le cache airbag est gainé de cuir alors que l’Alcantara bleu garnit les sièges, la planche de bord et les contreportes. Une option cuir Nappa façon bracelet de montre avec de l’aluminium bouchonné est même disponible sur la version Jules Verne.
© Thomas Kim pour Presse-citron
© Thomas Kim pour Presse-citron
Les plastiques moussés coiffent copieusement le tableau de bord de notre N°8 et recouvrent même la partie inférieure de la console centrale. Le ciel de toit adopte pour sa part un tissu spécifique qui ne bouloche pas contrairement aux autres productions du groupe. Et les pare-soleils doux au toucher sont aussi habillés de cette matière. Même les boutons de vitres revêtent une texture spécifique. C’est vraiment très travaillé. Du coup, il est facile de voir le peu de choses qui ne vont pas.
Le bas des contreportes emploie des matériaux beaucoup plus économiques et les montants de carrosserie visibles de l’intérieur ne font pas très premium. Même histoire concernant le cache du rangement central, dont la manipulation manque de consistance. Mais pour le reste, c’est du beau boulot. Et sans aucun chauvinisme, il faut garder à l’esprit que les concurrentes allemandes font moins bien, et sont en prime plus chères.
© Thomas Kim pour Presse-citron
© Thomas Kim pour Presse-citron Arrivée à Mâcon
Est-ce une manière de se réconforter face au niveau de batterie ? L’indicateur devient orange et un premier avertissement surgit avant Tournus. La DS N°8 propose des stations de recharge… qui ne sont pas sur notre itinéraire malgré le GPS activé. Comme chez les rivales, les suggestions apparaissent farfelues et font perdre du temps. Mieux vaut planifier avec un outil externe. Nous poursuivons donc vers Mâcon-Saint-Albain avec suffisamment de batterie.
Après une vingtaine de kilomètres, nous voilà arrivés à destination. Il est 19h54. Il reste 18 % de batterie et 88 km d’autonomie. Notre consommation moyenne s’est élevée à 17,8 kWh/100 km. Un très beau score. La N°8 fera-t-elle aussi bien au chapitre de la recharge ? L’auto reposant sur une plateforme 400V est donnée pour 160 kW en pic en courant continu DC. C’est moyen pour la catégorie. Est-elle au moins capable de soutenir cette puissance modeste ?
© Thomas Kim pour Presse-citron
© Thomas Kim pour Presse-citron Un préconditionnement indispensable sur la DS N°8
Branchés sur une borne Ionity récente, nous avons constaté une puissance n’ayant jamais dépassé les 140 kW. Moins que prévu, mais il faut souligner la bonne volonté du véhicule à maintenir un débit supérieur à 120 kW jusqu’à 55 % de charge. Précision de circonstance : nous avons préconditionné manuellement la batterie 45 minutes avant la recharge. Cette fonction, encore rare chez Stellantis, est-elle vraiment utile sur cette DS N°8 ?
Nous avons réitéré le test quelques jours plus tard sur la même borne, la numéro 71 pour les curieux, sans préconditionner la batterie, avec un niveau de charge similaire. Tuons tout suspense, la puissance de charge s’est littéralement effondrée, en restant plafonnée à 60 kW sur toute la session. Extrêmement lent. Le préconditionnement prend donc tout son sens, et il est heureusement automatique si vous planifiez votre trajet sur le GPS.
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© Thomas Kim pour Presse-citron Arrivée à Grenoble
De retour sur la route la nuit tombée avec 55 % de batterie, on louera les feux matriciels à LED plus évolués que sur le Peugeot 3008. Leur réaction au trafic opposé semble meilleure, notamment avec les poids lourds dont les feux de gabarit sont plus difficiles à cerner. Et nous ne sommes pas éblouis en retour par les panneaux de signalisation. Éblouis le sont en revanche les autres automobilistes : la DS N°8 assure un beau spectacle avec sa monumentale calandre rétroéclairée et ses feux arrière finis en écailles.
L’éclairage intérieur séduit également l’œil avec des sources indirectes bien placées. De quoi ne pas voir le temps passer. Une fois arrivés à Grenoble après 22h00, il nous reste 20 % de batterie et 100 km d’autonomie. La consommation finale s’est stabilisée à 17,7 kWh/100 km pour une vitesse sur autoroute de 125 km/h. Très bien, au même titre que le prix du véhicule, fixé à 71 200 € pour notre modèle Grande Autonomie en finition Étoile. Cher dans l’absolu, mais bien placé dans son univers.
© Thomas Kim pour Presse-citron
© Thomas Kim pour Presse-citron Notre avis sur la DS N°8
Son physique ne plaira pas à tout le monde, tout comme son habitacle au dessin déroutant. La DS N°8 empile pourtant les bons points : plutôt confortable, bien équipée, très endurante, particulièrement efficiente, remarquablement finie et assez habitable, la française ne manque pas d’arguments pour séduire. Elle pratique en prime des tarifs qui n’ont rien de prétentieux par rapport aux rivales allemandes.
Madame parfaite a frappé ? Deux points méritent tout de même votre attention : la charge rapide demeure limitée dans la catégorie alors que l’infodivertissement n’est pas des meilleurs. Une bascule sur Android Automotive aurait été souhaitable. Enfin, l’image de marque reste à établir face aux ténors allemands. Ce dernier détail est malheureusement éliminatoire pour un tas de personnes. Dommage, car elles loupent vraiment quelque chose…
© Thomas Kim pour Presse-citron
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DS N°8 Grande Autonomie Étoile 71 200 €
- La finition soignée
- L’autonomie solide
- Le confort de bon niveau
- L’équipement riche
- Les prix bien placés
On aime moins
- La charge rapide moins efficace
- Les performances en retrait
- L’infodivertissement à améliorer