Société

Ayant déjà exprimé son désaccord avec le récent rapport sur les Frères musulmans, le recteur de la Grande Mosquée de Paris critique à présent le document sur « l’entrisme islamiste » élaboré par un groupe de sénateurs LR.

Publié le 30 novembre 2025 à 12h17

La grande mosquée de Paris. Photo © NICOLAS MESSYASZ/SIPA

La grande mosquée de Paris. Photo © NICOLAS MESSYASZ/SIPA

Quelques jours après que les sénateurs LR ont publié leur rapport sur « l’entrisme islamiste », la Grande Mosquée de Paris réagit avec vigueur et cible directement le Sénat. Dans un communiqué, le recteur Chems-Eddine Hafiz accuse les élus de « viser les fidèles ordinaires » et de mettre en place une « surveillance généralisée » des familles musulmanes.

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Le rapport dirigé par la sénatrice LR Jacqueline Eustache-Brinio n’est en aucun cas une simple lubie idéologique. Il présente un ensemble de mesures visant à contenir l’islamisme : interdiction du voile et du jeûne avant 16 ans, lutte contre les mariages forcés, renforcement de la laïcité dans le sport, et transfert de la gestion des visas au ministère de l’Intérieur, une idée défendue depuis longtemps par Bruno Retailleau. Composé de dix-sept chapitres et de nombreuses propositions, il repose sur une orientation claire : un « réarmement global » face à l’offensive islamiste.

« Ce rapport confond religion et idéologie, foi et radicalisme »

Le recteur de la Grande Mosquée de Paris met en garde : « Tenter de restreindre exclusivement des pratiques musulmanes, dont beaucoup sont par ailleurs communes aux autres religions monothéistes, revient à définir un régime d’exception pour les musulmans de France ». Il rappelle en outre l’importance des valeurs laïques de la République française.

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L’institution musulmane poursuit sa critique : « Plus grave encore, ce rapport, avec ses recommandations, confond religion et idéologie, foi et radicalisme. Il stigmatise d’avance des familles, des quartiers, des mosquées, sans distinguer les croyants pacifiques des extrémistes. Il choisit un coupable idéal : l’islam. Une telle démarche, en plus d’être injuste, menace la cohésion sociale, encourage l’exclusion et cultive la défiance. Elle est en tout point contre-productive dans la lutte contre les dérives radicales que la Grande Mosquée de Paris mène depuis longtemps ».

Ce n’est pas la première fois que l’institution s’insurge : lors du rapport sur les Frères musulmans, elle dénonçait déjà une supposée « stigmatisation » des musulmans, alors que le texte visait une idéologie politique et non une religion.