Des membres de clubs historiques déguisés en soldats français et russes de 1812 participent à une reconstitution historique pour marquer le 213e anniversaire de la retraite de l’armée napoléonienne de Russie à travers la Bérézina.

Des membres de clubs historiques déguisés en soldats français et russes de 1812 participent à une reconstitution historique pour marquer le 213e anniversaire de la retraite de l’armée napoléonienne de Russie à travers la Bérézina.

OLGA MALTSEVA / AFP

Mais à cause de l’attaque russe contre l’Ukraine lancée en février 2022, qui a franchement refroidi les relations entre Moscou et les alliés européens de Kiev, la reconstitution de cet épisode de la Retraite de Russie s’est déroulée cette année sans figurants venus d’Europe occidentale. Des passionnés d’histoire originaires de Russie et du Bélarus, un pays soutenant Moscou dans sa guerre contre l’Ukraine, étaient samedi les seuls à se prêter au jeu, vêtus de tenues de grognards et de soldats du tsar.

Plus de 40 000 soldats des deux camps sont morts lors des combats autour de ce point de passage de la Bérézina

Alexeï Sanko, 38 ans, porte l’uniforme d’un gendarme français du temps de Napoléon. Venu de Moscou, ce professeur d’histoire regrette que l’origine des figurants soit si limitée. « L’histoire, c’est ce qui peut nous unir, peu importe là où on vit », prône-t-il. Il rappelle que la Grande Armée de Napoléon qui attaqua la Russie était composée de multiples nationalités venant de pays alliés ou vassaux de l’Empire français, notamment de Polonais, d’Autrichiens, de Hollandais et d’Italiens.

« Un moment à la fois tragique et héroïque »

Lors d’une bataille entre le 26 et 29 novembre 1812, les troupes de Napoléon, battant en retraite après avoir échoué à conquérir la Russie et poursuivies par l’armée du tsar, avaient évité de justesse la destruction totale en franchissant la Bérézina, une rivière de l’actuel Bélarus. Leur fuite avait été rendue possible par l’exploit de dizaines de pontonniers qui avaient bâti à la hâte, le corps plongé dans l’eau glacée, deux ponts ayant permis la traversée. La plupart d’entre eux sont ensuite morts à cause de cette épreuve.

Lors de cette bataille, le tsar de Russie espérait faire prisonnier Napoléon.

Lors de cette bataille, le tsar de Russie espérait faire prisonnier Napoléon.

OLGA MALTSEVA / AFP

Mikhaïl Boikov, 68 ans, vêtu de l’uniforme d’un officier d’infanterie du tsar, rappelle que l’empereur russe Alexandre Ier avait voulu faire prisonnier Napoléon, mais que ce dernier s’est alors échappé en sauvant une partie de son armée. « C’est un moment à la fois tragique et héroïque », résume Mikhaïl Boikov, un ancien militaire. Selon les estimations, plus de 40 000 soldats des deux camps sont morts lors des combats autour de ce point de passage de la Bérézina.

Aujourd’hui, les grognards traversent tranquillement au passage piéton, nettement plus tranquille que le passage, tragiquement entré dans l’Histoire, de la Bérézina.

Aujourd’hui, les grognards traversent tranquillement au passage piéton, nettement plus tranquille que le passage, tragiquement entré dans l’Histoire, de la Bérézina.

OLGA MALTSEVA / AFP

Un siècle après la bataille, l’empire russe avait érigé un monument à la mémoire des troupes russes ayant péri lors des affrontements. Une plaque commémorative en l’honneur des soldats de Napoléon a par la suite été installée près de la rivière. Lors d’une cérémonie officielle, des fleurs ont uniquement été déposées samedi sur le monument dédié aux troupes du tsar, en présence de militaires et d’élèves d’écoles militaires bélarusses. Seuls quelques groupes de figurants, sans représentants officiels, se sont rendus auprès du mémorial français.

À quelques kilomètres de l’Ukraine

Plusieurs participants à la reconstitution ont expliqué que leurs clubs ne pouvaient également plus se rendre à des événements ailleurs en Europe et tentaient dès lors de maintenir des liens sur internet avec leurs confrères. Cette année, la reconstitution d’une autre bataille décisive de la campagne de Russie en 1812, celle de la Moskova, a par ailleurs été annulée à Borodino, à une centaine de kilomètres de Moscou. « À cause du danger d’attaques de drones » ukrainiens, explique Daria Semibratova, 49 ans, vêtue d’un uniforme de fantassin napoléonien.

Le tir des canons, à quelques centaines du front russo-ukrainien, rappelle aux spectateurs les horreurs de la guerre.

Le tir des canons, à quelques centaines du front russo-ukrainien, rappelle aux spectateurs les horreurs de la guerre.

OLGA MALTSEVA / AFP