Tous les policiers et gendarmes ont dans leur boîte à souvenirs un refus d’obtempérer marquant. C’est l’une des interventions qui me met le plus sous tension. Je crains toujours pour les passants ou les autres usagers de la route. Même pour mes coéquipiers et moi. Le comportement de certains chauffards est effrayant.
Quand on lance ce policier de la brigade anticriminalité de Nantes (Loire-Atlantique) sur le sujet, il cite au débotté l’individu qui a percuté de véhicules de police, l’été dernier, à Rezé ».Ou cette chasse, le 19 novembre, qui a mené la Bac jusqu’à Missillac. C’était sur un appel des collègues de Saint-Nazaire. La voiture a finalement pris la quatre voies à contresens. On a abandonné. Le véhicule n’a jamais été retrouvé.
Quand c’est trop dangereux, on laisse tomber. La priorité, c’est la sécurité, prolonge le commandant Lionel Tanguy, patron de l’Escadron départemental de contrôle des flux. Ça demande une extrême vigilance, avoir en tête les gestes de sécurité. Lors d’un contrôle routier, on rappelle sans cesse les consignes.
« On a la plaque d’immatriculation »
Depuis le début de l’année, les gendarmes du Groupement de Loire-Atlantique ont géré 334 refus d’obtempérer. Un chiffre en hausse de 9,51 % par rapport à 2024, sur la même période. Il n’y a pas une vacation le week-end où les gars ne sont pas concernés »,observe l’officier.
Une constante dans le phénomène : Les motifs de la fuite sont rarement “graves”. Des défauts de permis, des absences d’assurances, l’alcoolémie bien sûr. Une fois, un conducteur a pris des risques inconsidérés parce qu’il pensait avoir bu trop d’alcool avant de reprendre le volant. Quand on l’a interpellé et qu’il a soufflé, il était négatif ».
Il arrive aussi que les automobilistes aient une autre raison de prendre la poudre d’escampette : À Pornic, en août, un homme de 28 ans s’est fait pincer avec de la cocaïne, point de départ d’une enquête, qui a démontré son implication dans un trafic de drogue.
Dans la plupart des cas, on a la plaque d’immatriculation, ça ne sert à rien de fuir »,soupire un policier. Lionel Tanguy abonde : Le plus souvent, on est déjà devant la maison lorsque le fuyard revient chez lui.