Selon une récente étude écossaise, une variante d’un gène en particulier pourrait ralentir la fermeture des plaies. Il s’agit du gène MC1R, responsable de la pigmentation rousse. Surtout, l’hypothèse vérifiée sur des souris pourrait ouvrir la voie vers un meilleur traitement des blessures chez les êtres humains, notamment ceux concernés par des plaies chroniques.

Une cicatrisation plus lente chez les roux

Rappelons tout d’abord que la rousseur (ou le rutilisme) est une caractéristique génétique responsable de l’apparition de cheveux et poils roux. Il s’agit surtout d’une particularité assez rare, puisque seulement 2% de la population humaine est concernée. Dans une majorité des cas, la rousseur apparait chez les individus dont les ancêtres viennent du nord ou du nord-ouest de l’Europe. Aussi, les « roux » ont tendance à avoir la peau très clair ainsi que des éphélides sur le visage (tâches de rousseur).

Selon une étude parue dans la revue PNAS le 7 octobre 2025, les personnes rousses auraient également une autre particularité. Les chercheurs de l’Université d’Édimbourg (Écosse) responsables des travaux pensent que le processus de cicatrisation est plus lent chez ce type d’individus. Plus précisément, ce phénomène serait lié à la variante génétique relative au gène MC1R, à qui l’on doit la couleur de nos cheveux.

D’une manière générale, le gène MC1R code une protéine contrôlant le ratio de pigments noirs-bruns et rouges-jaunes au niveau des follicules pileux. Chez les roux, les meneurs de l’étude ont retrouvé des formes moins actives – ou complètement inactives – de la fameuse protéine. Or, ces formes proviendraient de mutations du gène MC1R, ce dernier ayant également une fonction au niveau de l’épiderme car possédant des effets anti-inflammatoires.

cheveux rouxCrédit : Bakharev / iStock

Un nouveau médicament pour soigner les plaies

Dans le cadre de leur travaux, les scientifiques ont infligé des blessures chirurgicales de 4 mm sur le dos de souris à poils noir et chez d’autres souris aux poils roux. Une semaine plus tard, les plaies des souris noires se sont refermées à hauteur de 93%, contre seulement 73% chez les souris rousses.

Au regard de ces résultats assez surprenants, les chercheurs ont réfléchi à un médicament expérimental dont l’objectif serait d’augmenter l’activité des formes actives de la protéines et ainsi, améliorer la cicatrisation. A terme, le médicament se destinerait principalement aux personnes diabétiques, souvent touchées par des plaies chroniques en raison de leur excessive inflammation ralentissant la guérison.

Lors d’une autre phase de test, certaines souris ont reçu le médicament, tandis que d’autres ont été traitées à l’aide d’une solution saline. Après une nouvelle semaine, les plaies des souris ayant reçu le médicament ont en moyenne diminué de 63%, soir environ deux fois plus rapidement que les plaies des autres rongeurs. Dans la mesure où la cicatrisation chez les souris est très similaire à celle des humains, le médicament pourrait servir à traiter ces derniers. De plus, il faut savoir que certains traitements ciblent déjà la protéine du gène MC1R, dans le cas de maladies rares comme la protoporphyrie érythropoïétique, rendant la peau très sensible au soleil.

Sans surprise, davantage de travaux seront nécessaires avant d’obtenir un traitement sûr pour les patients et ce, peu importe le type de plaie. Selon les auteurs de l’étude, des essais sur les humains devraient voir le jour dans un avenir proche. Enfin, les chercheurs ont tenu à rassurer les personnes rousses. S’il est réellement question d’une cicatrisation plus lente chez ces personnes, l’effet devrait être assez faible et pourrait ne pas se remarquer.