L’auteur du paysage de la promenade du Paillou, à Nice, de la dalle Montparnasse à Paris ou de la Côte des Basques, à Biarritz, a également aidé la Métropole de Bordeaux dans son programme « Plantons un million d’arbres ». « Je ne veux surtout pas me limiter à l’aspect utilitaire de l’arbre. La beauté est essentielle à la vie », a-t-il expliqué, embarquant le public dans un tour du monde de « la troisième nature ». « Cette nature interprétée avec art, poétisée, rendue compatible avec l’usage humain » que s’appliquent à magnifier les paysagistes.

Depuis 2020, le paysagiste Michel Péna a déniché, dans la métropole de Bordeaux, les meilleurs emplacements pour faire prendre racine au programme « Plantons un million d’arbres ».
Y. B.
Des fruitiers par milliers
Des camphriers de Kyoto aux gigantesques fromagers d’Angkor – « je rêve d’en voir sur le cours de l’Intendance » –, des pins parasols de la Casa del campo, à Madrid – « on pourrait voguer en bateau sur leur canopée » – aux arganiers du Maroc, « dont certains disent qu’eux seuls résisteront ». Jusqu’aux voûtes formées par les frênes du cours d’Albret.
Une introduction enthousiaste avant d’entrer dans L’Arbre en fête. Cette année, l’événement érige les troncs en « artistes du paysage ». De quoi donner envie aux citoyens de s’emparer des 6 755 plants de fruitiers proposés gratuitement du 6 au 12 décembre. Trente distributions sont prévues dans les quartiers de Bordeaux et les communes de la métropole. Elles permettront de grossir les rangs des 608 321 arbres plantés depuis 2020, dont environ 70 000 dans la ville centre.
« Éloges de la lenteur »
Durant six jours, expositions, conférences, balades nature, plantations animées et ateliers pour enfants et adultes vont se succéder. Parmi les animations les plus originales figure un escape game « Sauvons les arbres », proposé par l’écosite du Bourgailh. Il aura lieu le 6 décembre à Martignas-sur-Jalle et Parempuyre et le 10 décembre à Saint-Médard-en-Jalles. Ce jeu d’équipe permettra de découvrir les menaces qui pèsent sur ces êtres vivants et surtout, les solutions pour les protéger.
Car derrière la vigueur apparente de leurs vénérables frondaisons, la plupart sont aujourd’hui menacés. « Ces éloges de la lenteur », comme les définit Michel Péna, subissent de plein fouet le réchauffement climatique. « Qui peut dire quel climat nous aurons dans cinquante ans ? Il ne s’agit pas de planter uniquement des arbres qui ont toujours poussé à Bordeaux. Demain, ils ne pousseront plus », prévient le paysagiste. Comme disparaissent les chênes blancs du sud-est, jadis les colonisateurs du littoral méditerranéen. « On teste des variétés. On est obligés d’inventer. » Une autre façon de célébrer la beauté.