Par

Zoe Hondt

Publié le

1 déc. 2025 à 6h08

Mardi 25 novembre 2025, un homme de 20 ans a été jugé au tribunal de Lille (Nord) en comparution immédiate, pour violences volontaires et menaces de morts. Les faits remontent au 20 novembre 2025 : sans abri depuis deux ans, le jeune homme tente de se réfugier à l’hôpital Roger Salengro de Lille. Sans raison de le garder après examen, les soignants lui demandent de partir. La décision ne plaît pas : l’homme entame une violente altercation. Au tribunal, il a demandé à être envoyé en détention. Détails.

« 18 mois de prison, ça va me calmer »

Il est 22 h 40, le 20 novembre 2025, lorsque la police est appelée à l’hôpital Roger Salengro de Lille. Un agent de sécurité et deux infirmiers auraient été menacés physiquement et verbalement par un jeune sans abri connu de leur service. Les faits se sont déroulés quelques minutes plus tôt. Selon les soignants, l’homme aurait « simulé un AVC pour s’abriter et avoir à manger ». Professionnel, un infirmier réalise tout de même un examen, avant de lui demander de partir. Le sans abri refuse et devient « virulent » : menaces de mort, insultes, tentatives de coups de genou et jet de chaussure au visage du soignant. Pour calmer la situation, une infirmière propose à l’homme de « rester au niveau de l’accueil » mais rien n’y fait. Un agent de sécurité est finalement appelé en renfort, pour le « maîtriser sur un brancard ».

Au tribunal, le jeune prévenu reconnaît les faits mais semble détaché de la réalité : « Je ne suis pas fou, je n’allais pas le tuer. Ce n’est pas de ma faute si c’est une tapette. » Il ne cesse de répéter qu’il serait mieux en détention : « Je suis très très dangereux, j’ai même frappé un policier. 18 mois de prison, ça va me calmer. » Son manque de sérieux est déroutant. « Vous voulez provoquer pour avoir un toit comme à l’hôpital ? » lui demande la présidente.

Sous curatelle renforcée, le prévenu dispose d’une « déficience intellectuelle » qui l’empêche de « gérer son impulsivité et sa frustration ». Avec des propos dont on pourrait douter de la véracité, il affirme consommer « 80 flashs de vodka par jour » et attendrait un enfant.

« Ce n’est pas simple de le défendre »

L’avocate des parties civiles fait état d’un « préjudice moral important » et rapporte un disfonctionnement de la prise en charge des patients au moment des faits : « Il vient quasiment tous les jours et a insulté le personnel pendant trente minutes sans arrêt. » Elle demande 500 euros d’indemnisation pour l’infirmière et l’agent de sécurité, et 600 euros pour l’infirmier qui a reçu le coup.

« Ce n’est pas simple de le défendre », concède l’avocate du prévenu. Elle dépeint un jeune homme a « l’allure d’un gamin de quinze ans ». Placé en foyer depuis petit, « il est frustré et seul ». L’avocate ne peut empêcher la volonté du prévenu de se faire incarcérer : « Ça me rend extrêmement triste mais il s’y sent bien. Il a un lit, la télévision, il peut faire du sport et se former. » Elle souhaite uniquement que le tribunal prenne en considération « la fragilité et la déficience intellectuelle » de son client.

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« Il n’a pas saisi à quel point il a bénéficié de la bienveillance des infirmiers. » déclare la procureure. Elle déplore le contexte de récidive légale : le prévenu a en effet été condamné pour agression sexuelle imposée sur mineur en février dernier. Néanmoins, 18 mois d’emprisonnement lui semblent être une peine trop lourde au regard des faits. Elle requiert six mois.

Le tribunal condamne le prévenu à six mois de prison ferme. Dans le box, le jeune homme arbore un sourire de satisfaction. Il a également l’interdiction de détenir une arme pendant cinq ans et d’entrer en contact avec les victimes pendant deux ans. Le montant des dommages et intérêts qu’il devra leur verser s’élève à 2 500 euros.

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