Les investigations ont révélé « un vaste réseau international de passeurs », majoritairement syriens, ayant organisé plus d’une cinquantaine de traversées illégales d’avril 2023 à août 2024 « de la frontière belge jusqu’à Berck.

Un vaste réseau international de passeurs utilisant des « taxi-boats » pour acheminer des migrants clandestinement de la France vers l’Angleterre, dont quatre membres sont poursuivis pour homicide involontaire après la mort d’une Érythréenne en 2023, est jugé à partir de ce lundi 1er décembre à Lille.

Jusqu’au 12 décembre, dix-sept prévenus comparaîtront devant la chambre correctionnelle de la juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) du tribunal judiciaire de Lille pour « aide à l’entrée, à la circulation ou au séjour irréguliers d’un étranger en bande organisée », « participation à une association de malfaiteurs » et « mise en danger d’autrui », a indiqué le parquet de Lille dans un communiqué.

Quatre d’entre eux sont également poursuivis pour « homicide involontaire » commis le 26 septembre 2023.

Les « taxi-boats » comme mode opératoire

Ce jour-là, une ressortissante érythréenne née en 1999 avait été retrouvée morte sur une plage de Sangatte (Pas-de-Calais) après une nuit marquée par une série de tentatives de traversée de la Manche.

Douze prévenus sont en détention provisoire et cinq autres sont appelés à comparaître libres, sous contrôle judiciaire.

Ce procès fait suite à des investigations de la police aux frontières sur un réseau de passeurs, soupçonné d’être impliqué dans la mort de sept candidats à l’exil au total, a précisé le parquet.

Ils utilisaient des « taxi-boats », un mode opératoire qui consiste à mettre à l’eau des embarcations à l’abri des regards -notamment depuis des cours d’eau à l’intérieur des terres- afin d’échapper à la surveillance des forces de l’ordre près des principales plages de départ.

Les bateaux pneumatiques s’approchent ensuite par la mer de ces plages, pour récupérer des passagers directement dans l’eau, avant de poursuivre leur route vers l’Angleterre.

Changement de doctrine en France

Les investigations ont révélé « un vaste réseau international de passeurs », majoritairement syriens mais aussi afghans ou soudanais, ayant organisé plus d’une cinquantaine de traversées illégales d’avril 2023 à août 2024 « de la frontière belge jusqu’à Berck » (Pas-de-Calais), a précisé le parquet.

Il est « responsable de la mort de sept personnes dont deux mineurs, survenues les 26 septembre 2023, 14 janvier 2024 et 2 mars 2024 ». Au total, vingt-quatre membres du réseau ont été interpellés lors de plusieurs opérations.

Durant le procès qui s’ouvre lundi, « seuls les faits commis entre avril 2023 et le 2 octobre 2023, date de la première opération d’interpellation, seront jugés ». Des « investigations se poursuivent pour le reste des membres », a ajouté le parquet.

Après des mois de discussions, la France a annoncé vendredi 28 novembre qu’elle débuterait « prochainement » des opérations visant à intercepter en mer les « taxi-boats » avant l’embarquement des migrants, un changement de doctrine réclamé de longue date par Londres.

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