Pour contrer ces discours toxiques et le bond sur dix ans des découvertes de séropositivité chez les 15-24 ans, l’association de lutte contre le sida juge « urgent de renforcer l’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle ».

L’association Sidaction s’alarme ce lundi 1er décembre d’une « montée spectaculaire » des discours masculinistes sur les réseaux sociaux et de leur impact sur la santé sexuelle des jeunes. Pour la Journée mondiale de lutte contre le sida, Sidaction met l’accent sur les « discours délétères de domination masculine et de violences sexistes et sexuelles », aux « conséquences dangereuses sur la prévention et la santé sexuelle », précise un communiqué de l’association présidée par la codécouvreuse du virus et prix Nobel Françoise Barré-Sinoussi.

Jugeant que les plates-formes amplifient ces discours car « leurs algorithmes privilégient les formats sensationnalistes », Sidaction explique avoir diffusé « discrètement » sur TikTok « une série de vidéos virales imitant les codes des influenceurs ‘alpha’, pour réinjecter prévention, respect et information fiable dans les ‘feeds’ (fils d’actualité, NDLR) des jeunes hommes ».

Une enquête édifiante

Sa campagne lancée lundi, « Alpha Safe : quand la masculinité toxique devient virale, rétablir les faits devient vital », s’accompagne d’un sondage Opinionway, selon lequel plus d’un jeune homme de 16 à 34 ans sur trois (37 %) consulte des contenus masculinistes sur les réseaux sociaux.

Parmi ceux de 25-34 ans connaissant des influenceurs masculinistes, un sur deux (51 %) estime que leurs contenus « disent enfin la vérité », selon cette enquête réalisée en ligne du 12 au 19 novembre auprès d’un échantillon de 1 528 personnes, représentatif de la population masculine de 16 à 59 ans. Plus de la moitié (53 %) des sondés considère que les hommes sont trop souvent accusés de violences sexuelles exagérées ou mensongères ou juge important d’être « viril » (51 %).

Ces croyances « augmentent les prises de risques » et « déstabilisent profondément la culture du consentement, centrale dans la lutte contre le VIH », s’alarme Florence Thune, directrice générale de Sidaction, citée par le communiqué.

Ainsi près d’un homme de 25-34 ans sur cinq (18 %) et un sur trois (34 %) parmi ceux adhérant aux théories masculinistes affirme « comprendre » le retrait non consenti d’un préservatif pendant un rapport sexuel (« stealthing », ou « retrait furtif du préservatif » en français). Lors du vote de la loi intégrant le non-consentement dans la définition pénale du viol fin octobre, un amendement visant à créer un nouveau délit pénal pour cette pratique a été rejeté à l’Assemblée.

Appel à « une remobilisation urgente des pouvoirs publics »

Dans le même temps, le Conseil national du sida et des hépatites virales (CNS) appelle ce lundi à « une remobilisation urgente des pouvoirs publics », face aux impacts de la baisse des financements publics à l’international comme en France.

« Au cours des derniers mois, le paysage de la lutte contre le VIH/sida a été profondément fragilisé en France et à l’international, avec la réduction des financements et des difficultés croissantes d’accès à la prévention et aux soins », et « ces menaces mettent en péril les progrès accomplis depuis 40 ans » contre l’épidémie, a-t-il alerté dans un communiqué.

Dans le monde, rappelle le CNS, la baisse des financements alloués par les États-Unis mais aussi d’autres pays, dont la France, parmi les principaux donateurs au Fonds mondial de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme, « menace les programmes de lutte contre le VIH et pourrait provoquer une hausse de plusieurs millions d’infections par le VIH et de décès évitables dans les pays à ressources limitées ».