En décembre 2024, l’État n’a pas renouvelé les aides qu’il lui versait dans le cadre de « Fabriques de territoire », un programme visant à développer des services de proximité dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville, comme l’est à Bordeaux le Grand-Parc, où se trouvent ses installations. Les subventions octroyées par Bordeaux Métropole se sont arrêtées la même année. Ben bénéficiait également jusqu’en juin 2025 d’un autre dispositif national, baptisé « Conseiller numérique », dont la vocation est de mettre internet à la portée de tous, à l’heure où la moindre démarche administrative se fait en ligne. Parallèlement, les dotations délivrées par France Tiers-Lieux sont « en forte diminution ».
Contexte budgétaire
Mais ce qui risque de porter le coup de grâce, c’est le projet de loi de finances 2026, examiné en ce moment au Sénat après son rejet par l’Assemblée nationale. Les crédits alloués à « Territoires zéro chômeur de longue durée » étaient jugés « insuffisants » par les structures portant cette expérimentation. À l’instar d’autres Entreprises à but d’emploi (EBE), l’association bordelaise La Fourmilière, qui a déjà signé 30 CDI depuis 2024 avec des personnes au chômage depuis au moins un an, est contrainte de procéder à un « gel des embauches », ne pouvant compter l’an prochain sur les « dotations d’amorçage » accordées par les pouvoirs publics pour chaque « équivalent temps plein » créé. Or, cet organisme basé au Grand-Parc avait prévu d’avoir recours au savoir-faire de Ben, qu’il héberge gratuitement dans l’ancien centre commercial Europe, pour des actions de formation auprès de ses salariés et des projets en commun, tels que la construction de bacs agricoles pour sa future ferme urbaine.
« Au-delà du 20 décembre, je n’ai plus de visibilité »
Privé de ce débouché, le fablab se retrouve par ricochet dans une impasse. « Ma rémunération d’encadrant devait provenir pour un tiers de cette collaboration, explique Marc Fontaine. En attendant, mon poste était financé sur les fonds propres de l’association. Mais là, l’équation économique n’est plus tenable. » Sauf miracle, il va être obligé de mettre la clé sous la porte. Son calendrier comprend encore quelques activités jusqu’au 20 décembre. « Au-delà, je n’ai plus de visibilité. »
Pour le Grand-Parc, ce sera une perte. Grâce à ses imprimantes 3D, cet ingénieur en génie informatique apprenait aux enfants à fabriquer des petits objets, des porte-clés à l’effigie des personnages de Star Wars ou de Marvel par exemple. Ils étaient tout heureux de repartir avec. Des architectes, artistes et designers utilisaient également ses machines. Équipé pour la gravure et la découpe au laser, sa grande ambition était de former les jeunes du quartier à ces métiers de demain. « Tout ça va disparaître, regrette-t-il. On était sur une dynamique de territoire rarement vue, une coopération entre les élus locaux, le comité local pour l’emploi, La Fourmilière et le groupement d’employeurs Grand-Parc Solidaire. C’est à pleurer, c’était un projet magique. »
« Fondamental socialement »