Depuis plusieurs mois, les retraités français sont ciblés par les pouvoirs publics au motif qu’ils seraient des privilégiés sur le plan financier et patrimonial. L’objectif gouvernemental consiste à davantage les imposer pour faire peser sur cette catégorie sociale une partie des efforts exigés par le prochain budget.

Les discussions parlementaires sont en cours, et les débats à l’Assemblée comme au Sénat devraient engendrer de nombreux amendements et ajustements législatifs. Parmi les mesures en jeu, l’une fait particulièrement débat. Elle aurait un impact direct sur la fiscalité appliquée à des millions de retraités l’an prochain.

En effet, tous les salariés profitent d’une déduction forfaitaire de 10 % pour leurs frais professionnels. Les retraités, quant à eux, bénéficient d’un abattement forfaitaire de 10 % appliqué automatiquement par l’administration fiscale. Par exemple, un retraité touchant une pension de 1 800 € nets par mois sera imposé non pas sur 21 600 €, mais sur 19 440 €. Cet abattement peut même permettre d’éviter l’imposition si le revenu net imposable est en dessous du seuil de la première tranche de l’impôt.

C’est cet abattement que le Gouvernement compte supprimer, pour le remplacer par une déduction forfaitaire de 2 000 €. Avec cette mesure, des millions de retraités paieraient donc plus d’impôt l’an prochain. Concrètement, tous les retraités dont le revenu imposable dépasse 20 000 €, soit environ 1 670 € par  mois, sont concernés.

Prenons l’exemple de M. Martin, célibataire, qui perçoit une retraite de 3 000 € par mois. Jusqu’à présent, Le barème s’applique sur 36 000 moins 3600, soit 32 400. Ce qui donne un impôt de 2 885 €. Avec la suppression de l’abattement, le barème s’appliquera sur un montant égal à 36000 moins 2000 = 34000. Ce qui donnera un impôt de 3 365 €. M. Martin retraité de la classe moyenne subira donc une augmentation de 16,6%.

On le voit : la hausse d’impôt engendrée par une telle mesure serait notable pour beaucoup de pensionnés et ceux de la classe moyenne seraient nombreux à être touchés. Mais une bonne nouvelle vient de tomber pour une large partie d’entre eux : afin de recentrer la mesure sur les retraités aux revenus les plus aisés, les sénateurs viennent de voter le 30 novembre un amendement augmentant le plafond de la déduction forfaitaire. Il passe ainsi de 2000 à 3000 €.

Concrètement, le plafond du montant de retraite mensuel pour être exonéré de la hausse d’impôt à venir n’est plus fixé à 1670 € par mois, mais à 2500 €, c’est-à-dire 30 000 € par an. Demi-consolation pour les pensionnés dont les pensions dépassent le plafond : avec cet amendement, le montant d’impôt qu’ils devront verser sera moins élevé que celui initialement calculé avec la déduction forfaitaire de 2000 €.

L’adoption du budget 2026 est encore loin d’être actée, le texte devant repasser devant l’Assemblée d’ici la fin d’année. Mais la mesure votée au Sénat a été saluée par le ministre de l’Economie, Roland Lescure. Il est donc probable que la hausse de la déduction forfaitaire soit conservée dans le texte final.