Le secrétaire général du Parti communiste maralpin a récemment appelé à débaptiser la principe artère commerçante de la Côte d’Azur parce que l’ancien édile « Jean Médecin (serait) lié à l’implantation du parti fasciste de Jacques Doriot dans notre département. Il faudrait plutôt la rebaptiser ‘Avenue de la Victoire contre le nazisme’.» Dans une tribune libre transmise à Nice-Presse, Christian Estrosi dénonce « des commentaires indignes » lancés contre « un immense maire ».
« Ce que nous devons à Jean Médecin »
« Je lis que Monsieur Picot, chef de file des communistes niçois, veut débaptiser l’avenue Jean-Médecin. Rien que ça. J’invite Monsieur Picot à lire nos historiens : Jacques Basso, Paul Isoart, Ralph Schor, ou encore Yvan Gastaud, par exemple.
Il y apprendrait que lorsque Jean Médecin a été élu, en 1928, Nice traversait une crise profonde. Le modèle du tourisme hivernal et aristocratique était moribond, et c’est tout notre modèle économique et social qui vacillait.
Face à l’abîme du déclin et de l’immobilisme, Jean Médecin a choisi le seul chemin qui vaille, celui de l’adaptation. Son obsession durant ses mandats, de 1928 à 1944 et de 1947 à sa mort, en 1965.
Pour ne citer que quelques-unes de ses réalisations les plus connues, il a été à l’origine du basculement de la saison touristique vers l’été, autour du Palais de la Méditerranée (1929), c’est lui qui a élargi la promenade des Anglais en supprimant les établissements de bains pour dégager un horizon unique (1931), développé le tramway et le tout à l’égout, accompagné la naissance puis l’essor de l’aéroport (1951), lancé la Voie Mathis (1962), encouragé la naissance de notre Université (1963), construit le Palais des Expositions (1955), ouvert la première piscine couverte, restauré le palais Lascaris (1942), rénové l’Opéra et créé le musée Matisse (1963). N’est-ce pas assez pour M. Picot ?
Et puis, durant la Seconde guerre mondiale, il a tenté de préserver Nice du malheur, en entravant le plus possible les revendications mussoliniennes sur notre ville et en prenant sa part au sauvetage du plus grand nombre possible de juifs, et surtout d’enfants, ce qui lui a valu d’être placé par les nazis en résidence surveillée à Belfort. Mais, semble-t-il, cela non plus ne compte pas.
Monsieur Picot, quand on se dit communiste à Nice, on s’inscrit à la suite de Virgile Barel, de Charles Caressa, ou de Louis Fiori. Tous, ils étaient adversaires de Jean Médecin, ce qui ne les empêchaient pas de le respecter ni de l’estimer. Vous voudriez vous glisser dans leurs habits, mais je crains qu’ils ne soient bien trop grands pour vous.
Jean Médecin vaut mieux que ces commentaires indignes, surtout quelques jours avant les commémorations des soixante ans de sa mort. Cet anniversaire sera l’occasion de rappeler à M. Picot et à tous ceux qui ont l’indignation un peu trop rapide, qui était vraiment Jean Médecin et combien il est irréductible à ces mesquineries.
En tous les cas, si je suis à nouveau élu maire de Nice en mars prochain, l’avenue Jean-Médecin restera l’avenue Jean-Médecin, parce qu’il a été un immense maire, parce qu’il a fait du bien aux Niçois et parce que son énergie, sa capacité à rattraper le retard et à rassembler, par-delà les différences partisanes, autour d’une unique cause, Nice, n’ont jamais cessé de m’inspirer. »