Jean-Luc Mélenchon en novembre 2025 à Paris.

BASTIEN OHIER / Hans Lucas via AFP

Jean-Luc Mélenchon en novembre 2025 à Paris.

EN BREF Convoqué ce mardi par la commission de l’Assemblée qui enquête sur les liens supposés entre LFI et des réseaux islamistes, Jean-Luc Mélenchon ne sera pas présent.
Le fondateur de la France insoumise accepte d’être entendu mais propose une audition à une autre date.
Son parti avait laissé entendre qu’il ne serait pas présent en raison des critiques qui pèsent sur le fonctionnement de cette commission.

Jusqu’au bout, le suspense aura été maintenu. Ira, ira pas ? Jean-Luc Mélenchon a été convoqué ce mardi 2 décembre à l’Assemblée nationale pour être entendu dans le cadre d’une commission d’enquête mise en place par Les Républicains (LR) pour enquêter sur de prétendus liens entre La France insoumise et des réseaux islamistes. Plusieurs fois repoussée, longtemps sans président, elle se révèle finalement être un fiasco.

L’entourage de Jean-Luc Mélenchon affirme que le triple candidat à l’élection présidentielle se dit « prêt à répondre à cette invitation » mais qu’il ne pourra pas se rendre disponible le 2 décembre en raison d’un conflit d’agenda. Il propose aux députés de décaler le rendez-vous quelques jours plus tard, le 6 ou le 7 décembre.

Non sans ironie, l’ancien sénateur socialiste entend profiter de son audition pour « éclairer la commission sur l’histoire de la pensée républicaine en matière de relations entre religion et politique ». Et ce, bien qu’il ne soit ni député, « ni responsable du mouvement », « ni président du groupe parlementaire », souligne son entourage. Surtout, il relève les conditions « étonnantes » dans lesquelles la convocation lui est parvenue. Samedi soir, sur les coups de 21h30, alors que Jean-Luc Mélenchon ne se trouve pas chez lui, « un commissaire » a déposé dans sa boîte aux lettres deux courriers « sans enveloppe ».

Au cours du week-end, son entourage a tenté de déminer le terrain, préparant les esprits à un refus du tribun de se rendre devant la commission d’enquête. « Je considère que cette commission d’enquête ne respecte pas les règles et donc ce n’est pas une commission d’enquête. Les insoumis ne doivent pas répondre à ces invitations », a ainsi exprimé le coordinateur du mouvement Manuel Bompard sur France 3 le 30 novembre.

Tondelier sera auditionnée ce mardi

Depuis plusieurs semaines, les insoumis ne retiennent pas les coups contre cette commission d’enquêtes montée à la va-vite. Il lui est notamment reproché de reposer sur un bureau qui penche très à droite. Tous les postes (président, vice-présidents, secrétaires…) sont ainsi occupés par le centre, la droite et l’extrême droite. La gauche y est totalement absente. Le règlement de l’Assemblée dispose pourtant que les nominations à l’intérieur d’une commission d’enquête doivent se faire en s’« efforçant de reproduire la configuration politique de l’Assemblée ».

Mais ce n’est pas tout. Elle est aussi vivement critiquée pour son postulat de départ, selon lequel La France insoumise aurait des liens (officieux ou officiels) avec des réseaux islamistes. « Ridicule », a plusieurs fois rétorqué Manuel Bompard, renvoyant les députés LR à un objectif purement « politicien ». Le rapporteur UDR Matthieu Bloch, proche d’Éric Ciotti, répond « ne pas être là pour se faire LFI ». « La commission d’enquête va permettre de faire un état des lieux précis sur le phénomène d’entrisme dans notre pays », expliquait-il à l’AFP le 23 novembre.

La secrétaire nationale des Écologistes Marine Tondelier a, elle aussi, reçu une invitation à se rendre à l’Assemblée le 2 décembre. Et a choisi de l’accepter. « Nous ne sommes évidemment pas dupes de l’instrumentalisation politique qui est faite de cette commission d’enquête par le parti qui l’a initiée, mais nous n’avons rien à cacher, et donc pas de raison de refuser une commission d’enquête validée par le Parlement », confie l’entourage de la dirigeante écolo auprès de l’AFP.

LFI demande l’audition du RN

Cette même source ajoute : « En revanche, nous irons dire aux parlementaires qui en sont à l’origine ce que nous pensons de la suspicion permanente qu’ils font peser sur nos compatriotes musulmans et de la vendetta politique qu’elle sous-tend contre certains partis politiques. Car que doit-on déduire de la convocation des Écologistes ? L’ensemble des partis politiques vont-ils être auditionnés ? » Un angle d’attaque que partage l’eurodéputée LFI Manon Aubry, qui estime que « si cette commission d’enquête était impartiale, elle aurait déjà convoqué Le Pen et Bardella ». Car, ajoute-t-elle, « neuf affaires lient des militants RN au terrorisme islamiste ».

L’absence de Jean-Luc Mélenchon devant la commission d’enquête aurait été surprenante, au moins au regard de l’énergie que déploient ses troupes pour critiquer ceux qui, d’habitude, s’y soustraient. Au printemps, Antoine Léaument n’avait pas eu de mots assez durs contre le milliardaire d’extrême droite Pierre-Édouard Stérin, qui refusait de se rendre à la commission d’enquête portant sur l’« organisation des élections en France ».