Par
Ovale Masqué
Publié le
1 déc. 2025 à 18h03
; mis à jour le 1 déc. 2025 à 18h06
ANTOINE DUPONT.
Vous n’avez pas pu échapper à cette information, samedi soir, ANTOINE DUPONT effectuait son grand retour sur les terrains. Pour l’occasion, Canal + avait déclenché un dispositif exceptionnel, avec une caméra isolée sur la star, pour ne rater aucune montée de genoux du prodige du rugby français.
Une envoyée spéciale, sans doute formée sur les terrains les plus dangereux du monde (Ukraine, Gaza, Soudan du Sud, la Seyne-sur-Mer…) était même dépêchée au bord du rectangle vert pour nous rapporter des informations exclusives et cruciales. Combien de burpees a effectué ANTOINE DUPONT ? A-t-il fait pipi dans l’en-but ? Si oui, la couleur de son urine était-elle bien claire, et peut-on en conclure qu’il est revenu à 100% de ses moyens ?

Même lui a l’air d’être saoulé en se voyant sur l’écran géant. (©Canal +)
Canal en faisait tellement des tonnes qu’on a même suspecté que le vrai rôle de cette journaliste d’investigation était d’empoisonner la gourde de Paul Graou pour qu’ANTOINE DUPONT puisse entrer en jeu plus tôt. D’ailleurs, en voyant certaines actions, on a vraiment eu un doute, mais non, c’était juste Paul Graou.
Évidemment, cette starification à outrance et cette mise en scène grotesque pour le demi de mêlée GOATesque a suscité de vives réactions parmi les passionnés de rugby. Pour de nombreux « puristes », la DupontMania va trop loin. On sent même une pointe d’hostilité monter à l’égard du demi de mêlée, pourtant pas entièrement responsable de tout ce cirque.

Pensez à bien vous laver les mains, surtout si vous êtes journaliste de Canal + après un match de Dupont. (©Canal +)
C’est une attitude humaine et compréhensible. Au début, ANTOINE DUPONT n’était qu’à nous. Maintenant, il faut le partager : avec Canal +, avec TF1, France 2, Instagram, avec LVMH, avec des gamins qui collectent des images Panini, avec des ménagères de -50 ans, avec tout un tas de publicitaires et même avec Miss Univers.
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L’attitude que tu devrais avoir quand on te propose de faire de la pub pour de la crypto.(©Canal +)
Même si on se doutait bien qu’avec lui, la monogamie ne pourrait durer qu’un temps, cette relation exclusive nous manque. Il serait donc facile de tomber du côté obscur, de devenir un petit incel aigri et jaloux, voire de se comporter comme le premier Sud-Africain venu en lâchant des « Du Pont ? Pfff, overrated !! ». Ne faites pas cela. Faites comme Janick Tarrit et utilisez votre tête. ANTOINE DUPONT, c’est quand même plutôt un bon joueur de rugby. Et n’importe qui appréciant ce sport devrait se réjouir d’ENFIN pouvoir revoir ce qu’il sait faire de mieux, c’est-à-dire jouer au rugby.
Maintenant, je vous propose quand même de parler d’autre chose, car figurez-vous qu’il y avait aussi un match et 29 joueurs autour de lui.

La starification peut avoir des effets très néfastes, regardez ce pauvre Michalak qui ne sait plus différencier un stylo et sa cigarette électronique. (©Canal +)La compo
Avec la légende Pita Ahki mais également ANTOINE DUPONT.
Le film du match
L’autre événement de ce match, c’était bien sûr la dernière de Pita Ahki sous le maillot du Stade Toulousain. Une légende du club et un joueur chouchou du public, ce qui peut paraître ironique tant il incarnait tout l’inverse de ce qu’est un supporter toulousain : silencieux, humble, toujours présent.

Si Toto est Superman, alors Ahki est certainement Batman. (©Canal +)
Pita Ahki était le cauchemar des attaquants adverses mais aussi des journalistes qui en 7 ans ont toujours eu une hésitation sur l’endroit où l’on place le H dans son nom de famille. On sait que Didier Lacroix connaît parfois des mésaventures quand on parle de recrutement et de Pacifique, mais sur ce coup, il faut lui rendre hommage : aller chercher ce joueur quasi-inconnu alors qu’il évoluait au fin fond de l’Irlande dans un stade réservé aux courses de lévriers, c’était un sacré coup de maître.

Si vous restez jusqu’à la fin, je vous offre mon best-of de Pita Ahki qui joue le rôle d’un mur de briques humain. (©Canal +)
Au final, l’international tongien aura sans doute été le trois-quarts le plus important pour la conquête des 5 Boucliers de Brennus et des 2 Coupes d’Europe ces 6 dernières années. Infranchissable en défense, percutant et toujours juste en attaque, beau gosse même avec un casque : le type n’a tout simplement aucun point faible. Une sorte de Florian Fritz, mais intelligent et discipliné, un Santiago Chocobares mais disponible pendant les doublons. Bonne chance pour retrouver un profil aussi précieux, ça va pas être facile (surtout en respectant le salary cap).

Sympa de lui avoir filé un petit Domac pour la route. (©Canal +)
On cause, on cause et on se touche sur les formidables Toulousains, mais on en oublierait presque l’adversaire du soir, réduit au rôle de simple figurant, le Racing 92. Un club qui retrouve des couleurs en ce début de saison, contre toute attente. C’est la magie du rugby : on peut associer deux choses évoquant habituellement tristesse et désespoir, comme les Hauts-de-Seine et Patrice Collazo, et obtenir un résultat attrayant.

Le mec vient de Haute-Savoie mais pourtant il a exactement la tête d’un gosse du 92, c’est fascinant. (©Canal +)
Et les Racingmen sont bien déterminés à exister dans ce match, même si tout le monde n’en a rien à foutre d’eux. Ils le prouvent très rapidement sur une action où Habosi et Fickou décident de monter une entreprise de chauffeurs de VTC. Le pauvre Matias Remue est ramené jusqu’à Bruxelles en go-fast alors qu’il n’avait même pas passé commande.

T’as vraiment intérêt à trouver mieux que Remue Ménage en légende, espèce de gros naze (penser à changer la phrase avant publication) (©Canal +)
Dans la foulée, Tual Trainini nous montre que, comme la majorité des arbitres, il n’a décidément pas de cœur, en sifflant une faute contre Pita Ahki pour un grattage illicite. Ugo Seunes ouvre le score sur pénalité devant un Ernest-Wallon bien silencieux, car trop occupé à préparer le happening de la 12e minute, et une minute d’applaudissement en hommage au numéro 12 de Pita. Une très belle idée, hélas pas transposable pour tous les joueurs. Par exemple pour Damien Traille il aurait fallu chanter à la 10e, 12e, 13e et 15e minute, ça aurait été un peu lourd.

Même lui a l’air super gêné. (©Canal +)
Visiblement, les Rouge et Noir attendaient que ce moment soit passé pour lancer leur match. Et sur leur première vraie offensive ils ne tardent pas à trouver la faille grâce à du beau jeu à la toulousaine (des charges de Merkler et Meafou). C’’est le colosse australien qui va marquer en force, après avoir aplati le ballon de la façon la plus disgracieuse imaginable.
On croirait voir un écureuil géant qui range une noisette entre ses jambes pour la manger pendant l’hiver. (©Canal +)
Très en vue, Manny le Fou va encore nous offrir des gestes insolites, comme une passe de quarterback pas du tout en-avant pour envoyer Lebel dans l’intervalle. Quelques temps de jeu plus tard, le seconde ligne passe une nouvelle fois l’en-but, dans son style tout en évitement. Mais l’essai sera refusé au motif qu’il aurait « utilisé ses genoux pour gagner de l’espace », ce qui ne veut pas dire grand chose mais qui est interdit au rugby, apparemment.

Comment ne pas aimer ce sport ? Chaque semaine on apprend l’existence d’une nouvelle règle. (©Canal +)
Le public hue bruyamment et les commentateurs de Canal + s’impatientent, bien conscients que plus tôt le match sera plié, plus tôt Toto.

Je veux pas accabler Ntamack mais c’est vrai que Meafou créé plus de jeu que lui en ce moment. (©Canal +)
Problème : le Racing 92 n’est pas ridicule ce soir. Enfin si, un peu, par moments, comme quand Hulleu et Carbonneau se fixent intensément pendant 5 minutes avant de décider qui va réceptionner un coup de pied toulousain.

On dirait le staff de sécurité du Louvre quand un mec avec une cagoule et un pistolet à eau se présente devant l’entrée principale. (©Canal +)
Ou encore quand après deux aufelodes magiques, Jonny Hill détruit une très belle occasion d’essai pour son équipe , avec un retour intérieur qui ne s’imposait vraiment pas. Pas de doutes, c’est un Anglais : un être qui se nourrit quasi-exclusivement de gelée et de surnombres.

Plus Jonah Hill que Johnny Hill sur cette action. (©Canal +)
Côté toulousain, on n’est pas forcément très inspiré non plus, à l’image de Paul Graou qui sait qu’il va être en vacances jusqu’en février et qui tente de faire du Dupont avec un petit coup de pied par dessus la défense. Mais le principe de Dupont c’est que ce qu’il fait ne fonctionne que parce qu’il est ANTOINE DUPONT.

Le genre de truc qu’on tente sur un avantage, mais Paul est un esprit libre… (©Canal +)
Les champions de France doivent finalement se contenter d’une petite pénalité de Ntamack. 8-3, c’est le score vers lequel on semble se diriger à la mi-temps, et ce serait plutôt logique. Mais le Racing 92 va alors craquer la capsule de cyanure cachée dans sa dent et réaliser un des plus beaux suicides vus cette saison.

On sent que Gaël Fickou a lu tous les commentaires de Twitter sur Gourgues et qu’il a décidé de lui faire passer une sale soirée. (©Canal +)
Tout commence par un carton jaune infligé à Ravutaumada, en raison des fautes répétées des Franciliens, mais sans doute aussi car son prénom est Selestino et que c’est ridicule. Puis, quelques secondes plus tard, c’est Janick Tarrit qui réalise le geste le plus con de la journée, et pourtant Eben Etzebeth avait mis la barre très haut dans l’après-midi. Le talonneur sort une Zizou 2006 pour déblayer Efrain Elias, alors que l’action était terminée et que le type ne le gênait même pas.

Après techniquement, faut reconnaître que c’est incroyable : Tarrit veut littéralement enfoncer son crâne à l’intérieur du torse de l’Argentin. On dirait un xénomorphe qui sort de la cage thoracique de quelqu’un dans Alien, mais à l’envers. (©Canal +)
La sanction est logique : carton rouge. Alors que la fin de la première période avait été sifflée, les Toulousains récupèrent une extra-ball à la sirène et à 15 contre 13, ils tapent évidemment en touche. Après une séquence de pilonnage de la ligne, comme un symbole, c’est Elias lui-même qui va marquer l’essai. Preuve qu’en plus d’être débile, le geste de Tarrit était inefficace. Pour moi, la règle est simple : tu peux prendre un rouge, mais au minimum ton adversaire doit partir à l’hôpital, sinon c’est du gâchis.

Avis controversé mais je suis sûr que Manny est d’accord avec moi. (©Canal +)
15-3 à la pause. Le match est donc totalement flingué, et au retour des vestiaires, on s’attend à ce que les Rouge et Noir nous offrent un massacre sur le même registre que le pays de Galles – Afrique du Sud qu’on a pu voir (pour ceux qui ont bravé l’interdiction aux -18 ans) quelques heures plus tôt. Mais, contre toute attente, le Racing continue de résister, à l’image de Jordan Joseph qui réussit à gratter plusieurs ballons en défense. Un courage pas vraiment récompensé puisque le pauvre va se faire broyer la cheville sous un Meafou, le genre d’accidents qui peut malheureusement arriver sur un terrain.

Passé de futur grand espoir du XV de France à sosie de Jean-Pascal Zadi : une trajectoire surprenante. (©Canal +)
Alors qu’on commence un peu à s’endormir, quelque chose remue. C’est Matias qui, après s’être fait humilier en début de match, prend sa revanche en allant inscrire un très bel essai en solitaire. Une relance sortie de nulle part et un slalom comme on n’en a plus vus à Ernest-Wallon depuis les grands jours de Cédric Heymans. Un truc qui passerait en boucle partout depuis 24h s’il avait été marqué par ANTOINE DUPONT et pas par un Belge inconnu formé au Royal Kituro RC (oui c’est bien en Belgique et pas en Top League japonaise).

Fume, c’est du belge. (©Canal +)
22-3, le match est plié, on peut dérouler le tapis rouge pour la star. En plus, il rentre en même temps que Teddy Thomas, on a donc le droit à un featuring entre les générations, comme si Orelsan faisait un duo avec Doc Gynéco.

Et là c’est le drame, il reste bloqué dans son chasuble et MEURT étouffé. (©Canal +)
En attendant le hit, le Ministère de l’Intérieur est amer puisque Dupont commet une petite bévue sur un de ses premiers ballons, en initiant une relance sous ses poteaux au lieu de dégager son camp. Un excès de gourmandise qui profite aux Racingmen. Gourgues se fait croquer, Hullu joue vite la pénalité et va marquer au nez et à la barbe du Poster Boy du rugby français.

Avec 3615 Hulleu, ça pénètre pas que dans la défense. (©Canal +)
22-10, et si ce match était relancé ? Bon, on va pas déconner non plus. Les Alto-Séquanais continuent d’être indisciplinés, et c’est Tuisova qui prend un jaune pour un plaquage dangereux sur Gourgues, qui aura décidément passé sa soirée à se faire martyriser. Comme quoi le statut de nouvelle star du rugby français n’est pas facile à assumer.

Louis Carbonel est content, ce n’est plus lui le Carbo le plus nul du Top 14. (©Canal +)
La star actuelle, elle, retrouve quand même rapidement ses repères. Certes, il n’a pas claqué un quadruplé, et on peut légitimement demander à ce que Canal + rembourse nos abonnements. Mais le jeu toulousain a progressivement retrouvé vitesse et précision avec la rentrée du Maestro. Après une belle action, Paul Costes (oui, il existe encore) fixe et donne pour Lebel, et les mangeurs de cassoulet creusent à nouveau l’écart, 29-10.
On retrouve définitivement notre Toto sur une pénalité vite jouée et une énorme course en travers qui ferait pleurer d’émotion Damian Penaud.

Putain, ça nous avait quand même un peu manqué. (©Canal +)
Puis, quelques secondes plus tard, tout en nonchalance, il distille une petite passe au pied – oui, celle que Graou tente de faire sans succès depuis 8 mois – pour offrir l’essai du doublé à Lebel. Alias le joueur que tu ne vois jamais du match, sauf dans l’en-but. Une sorte de Vincent Clerc des années 2020, finalement. 36-10.

Il claque cette passe au pied avec le même langage corporel que s’il descendait les poubelles, l’insolent. (©Canal +)
On a définitivement retrouvé le Toulouse indécent qui réussit tout ce qu’il tente. Après un très beau lancement de jeu consécutif à une mêlée, Capuozzo tente le petit coup de pied à suivre pour lui-même. La GATTA ITALIANA intervient en faveur de l’ailier qui parvient miraculeusement à récupérer le ballon et à conclure. 43-10, on notera que Ntamack est impeccable dans le rôle de buteur ce soir, mais que tout le monde s’en fout car on voudrait qu’il relance de son en-but comme Jalibert. Monde cruel.

Peut-être aussi qu’il aurait plus d’énergie pour attaquer s’il tenait pas absolument à plaquer tous les autobus en face. (©Canal +)
Le Stade continue de rouler sur son adversaire, et Castro-Feirera va marquer après un ballon porté. Pour sa dernière, on offre à Pita Ahki l’opportunité de passer la transformation, qu’il rate de peu. Finalement, cet homme n’est donc pas parfait, voilà qui est rassurant.

Pitadieu. (©Canal +)
Puisque l’on parle de perfection, connaissez-vous Ugo « Magic » Seunes, le diamant du Cantal ? Malgré ce physique qui donne l’impression qu’il pourrait se faire bolosser par Jules Plisson dans une cour d’école, le N°10 francilien nous régale chaque semaine. Sur une action en solitaire, il se paye le luxe de coller un raffût à l’ex-meilleur joueur du monde.

La charnière de l’équipe qui va ramener la Coupe du monde en France est sur ce GIF. (©Canal +)
Quelques temps de jeu plus tard, Romain Taofifenua va marquer en face. Le seconde ligne s’offrira même un doublé en fin de match, et ça fait plaisir pour lui, car avec ses dernières sorties en équipe de France, on avait oublié qu’il pouvait encore gagner des mètres au contact. Pour les bandeurs de Canal +, on a également le droit à une dernière séquence défensive d’ANTOINE DUPONT qui sauve un essai en faisant sauter le ballon des mains d’Hulleu.
Se taper un sprint comme ça juste pour priver Hulleu d’un doublé, ça sent la jalousie parce que la calvasse est de plus en plus visible. (©Canal +)
Score final, 48-24. On ne sait pas vraiment si on a assisté à un vrai match de Top 14 où à l’avant-première de la saison d’Antoine Dupont, mais on retiendra surtout la dernière sortie de Pita Ahki sous le maillot Rouge et Noir. Et comme promis, voici tout mon stock de GIFs sur le sujet. Je vais pas vous mentir je vais pas me faire chier à regarder les Auckland Blues, donc ce sera les derniers.

Un joueur qui savait jouer l’évitement. Mais qui n’avait pas souvent envie. (©Canal +)

Cette feinte de passe aura été la dernière idée de ta vie. (©France 2)

Voilà, c’est comme ça qu’on fait. (©France 2)
Même ses plaquages ratés étaient réussis. (©France 2)
Même ses plaquages illicites étaient licites. (©BeIn Sports)

Je pense qu’on peut clairement dire que sans Akhi, Dupont n’aurait jamais eu de carrière. (©Canal +)

On est quand même passé à côté d’une très belle carrière de videur. (©Canal +)
Allez y’a plus rien à voir, dégagez. (©BeIn Sports)
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