L’étau judiciaire se resserre autour d’un praticien officiant dans un centre de radiologie du XVIIe arrondissement de Paris. La structure dans laquelle il travaille, Imagerie Cardinet, un groupement spécialisé dans la santé de la femme, du couple et de l’enfant, est au cœur d’une série de dénonciations d’agressions sexuelles et viols. Onze plaintes visant un radiologue, aujourd’hui octogénaire, ont été déposées. Les faits se seraient produits entre 2015 et 2024, selon le parquet de Paris qui a communiqué ce lundi 1er décembre.
Ce radiologue réputé, définitivement radié de l’Ordre des médecins le 28 octobre 2025, se voit reprocher des attouchements sur la poitrine accompagnés de propos déplacés. Il est convoqué devant le tribunal judiciaire de Paris fin septembre 2026, selon son avocate, Me Delphine Driguez.
Il sera jugé «pour agression sexuelle par personne abusant de l’autorité conférée par ses fonctions, au préjudice de cinq victimes». «Les gestes dénoncés par d’autres patientes sont prescrits», selon le parquet. Dans sa procédure, l’Ordre des médecins avait fait état de comportements déplacés dès 2006.
«Il n’a rien fait», le défend son avocate : «le problème», soutient-elle, tient en partie à ses «petites blagues pour détendre l’atmosphère parce que les patientes arrivent avec la peur au ventre d’avoir un cancer». Certaines patientes ont «associé» ces «blagues» au fait de «toucher la poitrine», que l’avocate présente comme un «geste médical». Elles ont «considéré que c’étaient des agressions sexuelles», avance encore Me Driguez.
Un autre praticien intéresse également la justice : un kinésithérapeute à la retraite. Avec ce radiologue, il a coécrit l’ouvrage, les Dialogues du périnée. L’homme se targue au passage d’avoir introduit la rééducation de ce muscle en France dans les années 1980. A l’origine de cette enquête, «trois patientes [qui] ont déposé plainte en juin 2023, janvier 2024 et mai 2025, dénonçant avoir subi […] des gestes médicaux intrusifs assez violents et sans demande préalable de leur consentement», détaille le parquet.
Ce sont en tout huit plaintes qui ont été déposées contre cet homme, pour des faits allant de 2017 à 2023, alors qu’il était «pourtant retraité depuis 2011», Ces actes auraient été commis lors de bilans urodynamiques, des examens du fonctionnement de l’appareil urinaire, précise le parquet.
«Une information judiciaire a été ouverte le 12 septembre 2024 des chefs de viol, agression sexuelle, exercice illégal de la médecine et exercice illégal de la masso-kinésithérapie», mais aucune mise en examen n’a pour l’instant été prononcée, a-t-il poursuivi, confirmant des informations du Parisien. L’employeur pourrait se voir reprocher une «complicité».
La direction du groupement Imagerie Cardinet (5 centres à Paris, 29 en région parisienne et un en Lozère) a indiqué qu’elle comptait se constituer partie civile. En novembre, le groupement avait annoncé à l’AFP avoir porté plainte contre X pour des viols et agressions sexuelles d’anciens professionnels de santé envers des patientes, dans son centre du XVIIe arrondissement de Paris. Imagerie Cardinet voulait ainsi montrer «son soutien» aux patientes et son «entière collaboration, la plus active possible, pour la recherche de la vérité», avait indiqué à l’AFP son avocat, Me Georges Lacoeuilhe.
Une ligne de défense qui révolte les plaignantes. Elles jugent que le centre Cardinet a tiré profit de la situation et cherché à dissuader des femmes de porter plainte. Elles s’appuient notamment sur une décision de l’Ordre départemental des médecins, qui a constaté qu’en déléguant les actes d’examen à l’ancien kiné, présenté comme «consultant périnéologie», un médecin du centre avait participé à un «système […] facilitant l’exercice illégal de la médecine».
Elles annoncent une série d’autres plaintes, devant l’Ordre des médecins et en justice, et réfléchissent à saisir la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM). Selon leurs calculs, ce «système» par lequel l’ancien kinésithérapeute aurait fait passer quelque 1 500 examens par an à des femmes, aurait coûté 3,5 millions d’euros à la Sécu.