La veille, Washington s’est dit « très optimiste » malgré l’intransigeance persistante du dirigeant russe, plus de trois ans après le lancement de l’offensive russe contre l’Ukraine. Le président américain et son équipe « ont travaillé très dur sur ce dossier et souhaitent tous sincèrement voir cette guerre prendre fin », a assuré la porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt.

De son côté, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, sous forte pression politique et diplomatique, a reçu lundi un soutien appuyé de son homologue français Emmanuel Macron, qui a réaffirmé la mobilisation des Européens pour obtenir « une paix juste et durable ». S’il a salué « l’effort de médiation » des États-Unis, Macron a estimé qu’il n’y avait « pas aujourd’hui à proprement parler un plan qui soit finalisé ». « Nous sommes encore à une phase préalable », a-t-il expliqué lors d’une conférence de presse au côté de Zelensky, martelant que le plan avancé par Washington « ne peut être finalisé qu’avec les Européens autour de la table ».

À l’issue de ces échanges, Emmanuel Macron s’est entretenu au téléphone avec Donald Trump sur « la dimension centrale des garanties de sécurité nécessaires pour l’Ukraine », selon la présidence française. Volodymyr Zelensky, lui, s’est ensuite rendu en Irlande, où il a été accueilli dans la nuit par le Premier ministre Micheal Martin. Dans un message sur X, ce dernier l’a assuré du « soutien indéfectible » irlandais.

Grosse progression de la Russie sur le front

Les Européens espèrent que l’administration Trump, soupçonnée de complaisance vis-à-vis de Vladimir Poutine, ne sacrifiera pas l’Ukraine, considérée comme un rempart face aux ambitions russes. Le président ukrainien a affirmé lundi s’attendre à présent « à une discussion avec le président des États-Unis sur des questions clés », après que le négociateur ukrainien Roustem Oumerov a fait état de « progrès significatifs » sur le projet de plan américain, bien que des « ajustements » soient encore nécessaires.

Ces discussions se sont déroulées alors que les forces russes ont réalisé en novembre leur plus grosse progression sur le front en Ukraine depuis un an, selon l’analyse par l’AFP des données fournies par l’Institut américain pour l’étude de la guerre (ISW), qui travaille avec le Critical Threats Project (CTP). En un mois, la Russie a pris 701 km² aux Ukrainiens, la deuxième avancée la plus importante après celle de novembre 2024 (725 km²), en dehors des premiers mois de guerre au printemps 2022.

La Russie a d’ailleurs revendiqué lundi la prise de la ville de Pokrovsk dans l’est de l’Ukraine, un nœud logistique clé pour les forces ukrainiennes, ainsi que celle de Vovtchansk, dans le nord-est. Volodymyr Zelensky a tempéré ces données, relevant le caractère mouvant des gains en situation de guerre.

En interne, le président ukrainien fait face à un vaste scandale de corruption éclaboussant le gouvernement, ayant contraint son puissant chef de cabinet, Andriï Iermak, à la démission vendredi. Sur ce plan, Emmanuel Macron s’est refusé à « donner des leçons ».

Une semaine « cruciale » pour Kiev

La semaine qui s’ouvre s’annonce « cruciale » pour l’Ukraine, a estimé la cheffe de la diplomatie de l’Union européenne Kaja Kallas, qui dit « craindre que toute la pression soit exercée sur le côté le plus faible, car la reddition de l’Ukraine, c’est la manière la plus facile de mettre fin à cette guerre ».

Les États-Unis ont présenté il y a dix jours un premier projet en 28 points très favorable à Moscou, rédigé sans les alliés européens de Kiev et censé mettre fin au conflit déclenché par l’offensive russe contre l’Ukraine en février 2022. Washington a ensuite amendé ce projet avec Ukrainiens et Européens, avant de le retravailler en bilatéral avec les Ukrainiens dimanche en Floride.