Dans le village girondin de Blasimon, un habitant sur deux a signé une pétition pour obtenir le maintien de la pharmacie historique du village. Un rêve qui pourrait rester un mirage de Noël si elle ne trouve pas rapidement un repreneur.
L’ancienne propriétaire, décédée le 27 janvier 2024, a tenu l’officine durant 25 ans. Hélas, ses deux enfants ne sont pas pharmaciens, condition exigée par la loi française pour la conserver ouverte, tandis que le gérant actuel part à la retraite dans deux ans. Dans le petit village de Blasimon, 909 âmes aux compteurs, la pharmacie qui jouxte la mairie depuis quatre décennies pourrait ainsi fermer. «La pharmacie appartient aux héritiers. Il y a un manque de communication avec ces derniers, qui avaient deux ans pour faire la passation, déplore le maire, Daniel Barbe. J’étais pourtant prêt à les aider. S’ils refusent de me répondre et qu’ils veulent tirer le rideau, c’est couillon… mais ils en ont le droit.»
Les deux années dérogatoires après décès, qui permettent le maintien d’une pharmacie en attendant de trouver un repreneur, s’achèvent en janvier 2026. Or, si l’officine de Blasimon ferme, la loi ne permettra pas de la rouvrir : en vertu du code de la santé publique, il faut justifier d’au moins 2500 habitants dans une commune pour y installer une pharmacie. Une l’épée de Damoclès, qui commence à peser lourd. «Les habitants et moi-même sommes très inquiets», assure Daniel Barbe. Le maire, qui a contribué à créer une maison de santé qui draine «3800 patients au quotidien», juge que cette «pharmacie de proximité» est indispensable à ses administrés.
Jeunes héritiers cherchent pharmacien
«Cette pharmacie a été ouverte avant ma naissance. Si on la laisse fermer, ce sera le début de la désertification médicale alors que la population de Blasimon vieillit», estime de son côté Jérémy Bonnet. Ce trentenaire tient l’épicerie du bourg, dont la boutique est située dans la rue parallèle à la pharmacie. Il estime que la perte de l’apothicaire local équivaudrait à «faire deux pas en arrière». Il a ainsi eu l’idée de lancer une pétition, signée à ce jour par plus d’un villageois sur deux, pour obtenir une dérogation supplémentaire de l’ARS en espérant qu’un jeune pharmacien viendra sauver l’officine.
«Beaucoup pensent que nous ne faisons rien pour sauver l’officine de maman, explique au Figaro la copropriétaire Magali Brodu, qui ne souhaite pas entrer directement en contact avec les habitants. Cette pétition, même si l’habitant qui l’a lancée a cru bien faire, est très décevante… La pharmacie n’a pas fermé un seul jour depuis le décès de notre maman !» Magali Brodu assure qu’elle et son frère sont en contact avec l’ARS, laquelle n’a pas répondu aux sollicitations du Figaro. Avant d’affirmer : «Notre but depuis le début, c’est de trouver un repreneur. Mais la commune de Blasimon a peu d’intérêt face à Bordeaux ou aux communes du littoral.» Si aucun repreneur ne se manifeste, le village pourrait se retrouver sans pharmacie dans moins de deux mois.