L’évadé de Rennes restera un peu plus derrière les barreaux: il a été condamné à 30 mois de prison mardi pour son rôle dans l’organisation d’une série d’incendies ayant visé une chaîne de magasins de cheminées dans l’ouest de la France à partir de la fin 2022.

Furieux de cette condamnation plus lourde que les 24 mois demandés par le parquet, Emile Siegler a quitté avec fracas son box du tribunal correctionnel de Rennes en criant qu’il allait faire appel.

Son avocat avait plaidé la relaxe.

Le prévenu de 37 ans a récemment fait les gros titres lorsqu’il s’est évadé lors d’une sortie au planétarium de Rennes le 14 novembre, avant d’être repris treize jours plus tard à Nantes, sur son terrain au sein de la communauté des gens du voyage.

Il sera jugé pour cette évasion le 22 janvier devant le tribunal correctionnel de Rennes.

Mardi, c’est d' »association de malfaiteurs » qu’il devait répondre devant la même juridiction: la justice lui reproche d’avoir, depuis sa cellule, organisé une série d’incendies et d’actes de vandalisme contre des magasins Poêles & Cie pour le compte d’un codétenu qui souhaitait se venger après un litige commercial avec cette chaîne. La voiture des gérants de l’enseigne avait également été visée en mai 2023 devant leur domicile.

Au total, 24 personnes ont été mises en examen dans ce dossier, dont le préjudice a été estimé à quelque cinq millions d’euros.

Bon nombre d’entre elles, des exécutants et hommes de main qui auraient été recrutés par Emile Siegler parmi des proches et d’anciens codétenus, ont reconnu leur participation et ont été condamnées dans le cadre d’une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC).

Le commanditaire présumé, « principal protagoniste et grand absent de ce procès », a regretté le ministère public, sera jugé ultérieurement, en correctionnelle mais aussi par une cour d’assises pour une partie des faits les plus graves.

Emile Siegler était donc le seul prévenu jugé mardi.

« Je n’ai rien à voir là-dedans », a-t-il martelé, rejetant toute responsabilité sur le commanditaire, soulignant la dangerosité et le caractère vindicatif de celui dont il a partagé la cellule.

« Pour une fois dans ma vie, je suis innocent », a protesté le multirécidiviste qui a passé 15 ans de sa vie en prison et affiche 27 mentions à son casier judiciaire, dont trois pour des évasions précédentes.

Au coeur du dossier figurent les écoutes des échanges entre Emile Siegler et le commanditaire, aux longues et étranges discussions concernant des « paires de basket », qui « n’ont aucun sens si on parle bien de chaussures », relève la présidente.

Pour la justice, il s’agit d’un code utilisé par les deux hommes pour désigner les incendies criminels mais le prévenu répète qu’il ne s’agit que de « baskets Dior super chères, 5.000 euros », que son codétenu voulait qu’il lui achète dans un grand magasin de Nantes.

Pourquoi discuter de chaussures en pleine nuit, alors qu’un nouvel incendie vient juste d’être commis, et surtout pourquoi ces baskets sont-elles qualifiées de « violentes » dans la conversation, interroge le ministère public.

« C’est du langage de jeunes », rétorque avec aplomb le prévenu de 37 ans.

publié le 2 décembre à 17h01, AFP

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