Federica Mogherini, ancienne cheffe de la diplomatie européenne, a été interpellée mardi 2 décembre en Belgique dans le cadre d’une enquête portant sur l’attribution d’un programme de formation financé par l’Union européenne.
Trois personnes ont été placées en garde à vue à Bruxelles dans ce dossier, selon une source proche de l’affaire.
Une fuite d’information « à l’avance »
Depuis 2020, la responsable italienne dirige le Collège d’Europe, une institution de Bruges qui forme de nombreux cadres européens. C’est cet établissement qui avait décroché, l’année suivante, un contrat de formation pour jeunes diplomates piloté par le service diplomatique européen (EEAS), une structure que Federica Mogherini a elle-même dirigée cinq ans plus tôt.
Les enquêteurs ont des soupçons de favoritisme, et cherchent à déterminer si certains éléments du marché ont pu être communiqués avant la procédure. Le parquet européen indique vouloir vérifier « si le Collège d’Europe ou des représentants ont été informés à l’avance des critères de sélection » dans l’appel d’offres. Le contrat en question représente environ 654.000 euros.
Perquisitions en série
La police fédérale belge a procédé mardi à une série de perquisitions : au siège de l’EEAS à Bruxelles, dans plusieurs bâtiments du Collège d’Europe à Bruges, ainsi qu’à des domiciles privés. Parmi les personnes arrêtées figurent un haut responsable de la Commission européenne, Stefano Sannino, et le directeur adjoint du Collège d’Europe, selon la même source, confirmant le quotidien L’Echo.
La garde à vue peut durer jusqu’à 48 heures avant un éventuel passage devant un juge d’instruction. Les infractions envisagées couvrent plusieurs volets : « fraude dans l’attribution des marchés publics, corruption, conflit d’intérêts et violation du secret professionnel », précise le parquet européen.
Notre dossier sur l’Union européenneFigure majeure de la diplomatie européenne
Figure majeure de la diplomatie européenne entre 2014 et 2019, Federica Mogherini avait notamment représenté l’Union européenne lors des négociations internationales sur le nucléaire iranien. Après son départ, l’Espagnol Josep Borrell lui a succédé, avant que la fonction revienne en 2024 à l’Estonienne Kaja Kallas.
Rectrice du Collège d’Europe depuis 2020, elle dirige également depuis 2022 l’Académie diplomatique de l’Union européenne, précisément le programme concerné par l’enquête.
Cette procédure est conduite en coordination avec un juge d’instruction de Flandre occidentale, où se situe Bruges. Avant les interventions policières, plusieurs immunités avaient été levées à la demande du parquet.