Le slogan “Aimer Toulouse” et le logo qui l’accompagne, emblèmes des Municipales 2020 de Jean-Luc Moudenc, est au cœur d’une polémique : un communicant toulousain, et candidat aux Municipales 2026, revendique en être l’auteur et accuse l’équipe de campagne du maire sortant de contrefaçon et violation de la propriété intellectuelle, ouvrant la voie à une possible bataille judiciaire.

Pierre Pezzin revendique la paternité du logo "Aimer Toulouse".

Pierre Pezzin revendique la paternité du logo “Aimer Toulouse”. ©Séverine Sarrat/JT

“Aimer Toulouse”. Un slogan qui, placé au centre d’un cœur bleu et rouge, a marqué le second mandat de Jean-Luc Moudenc, maire de la Ville rose. C’est avec lui que ce dernier a remporté les élections municipales 2020, et que son groupe politique a mené toute sa communication pendant six ans. Mais aujourd’hui, ce symbole de victoire pour la majorité municipale fait polémique. En effet, sa paternité est revendiquée par le directeur d’une agence de communication, qui affirme l’avoir créé pour… l’ancien sénateur Jean-Pierre Plancade (PRG) lors de sa candidature à la mairie de Toulouse, en 2014.

Copié/collé ?

Pierre Pezzin, dirigeant de “Pierre and Partners”, société spécialisée dans le conseil en relations publiques, assure être le concepteur du logo et du slogan “Aimer Toulouse”, auquel son designer et ami, Vincent Campanini, aurait donné vie. Il était alors écrit en orange, sur un fond violet. C’était en 2014. « Nous l’avions conçu pour le compte de Jean-Pierre Plancade, qui se présentait aux Municipales et qui avait besoin d’une identité visuelle forte », se souvient-il.

« Je l’ai pensé comme une image subliminale. Ce logo dispose d’éléments cognitifs de premier ordre, il déclenche une émotion certaine chez celui qui le regarde. Il est puissant, beau, fort et représentatif », décrit Pierre Pezzin. Il l’utilisera d’ailleurs pour sa propre campagne, puisque, lui aussi se présente aux Municipales de 2026 à Toulouse. « Après tout, c’est le mien ! » fustige le candidat, pas du tout inquiet de la confusion possible avec la liste de Jean-Luc Moudenc, qui lui, a opté cette fois pour le logotype “Protégeons l’avenir“.

Le visuel peut-il être protégé ?

logos Aimer Toulouse

A gauche, le logo de campagne de Jean-Luc Moudenc en 2020, à droite celui de Pierre Pezzin en 2026 (et de JP Plancade en 2014).

Contacté par la rédaction, Pierre Esplugas-Labatut, ancien porte-parole de la liste “Aimer Toulouse” version Jean-Luc Moudenc, estime qu’il s’agit là d’une polémique inutile. « C’est une opportunité pour ce monsieur d’exister dans cette campagne. Il s’est engagé dans une bataille purement politique », précise-t-il. Mais pour le principal intéressé cela va bien au-delà : « Il y a violation des droits de la propriété intellectuelle, des droits d’auteur et contrefaçon ». D’ailleurs, il considère que, sans son logo « usurpé », le maire actuel de Toulouse « n’aurait jamais gagné les élections en 2020 ».

Pierre Pezzin prétend donc que « son idée lui a été volée ». Pierre Esplugas-Labatut défend : « Pour être protégé, un logo ou un slogan doit répondre à un critère d’originalité, dans le sens juridique du terme. Or, la formule “Aimer …” doit bien se retrouver dans d’autres villes, tout comme le concept de l’insérer dans un cœur ! » Sans démentir directement, il avoue « ne pas se souvenir comment a été élaboré le visuel qui a accompagné la campagne de son groupe politique ».

L’affaire devant la justice ?

Alors, après avoir demandé une médiation à deux reprises, en vain, Pierre Pezzin et Vincent Campanini décident de porter plainte, en février dernier. Le premier affirme pouvoir apporter la preuve de sa paternité pour le concept, le second disposant des codes source du visuel. « Bizarrement, nous n’avons eu aucun retour du procureur de la République », constatent les deux plaignants, qui redoutent un classement sans suite. D’ailleurs, Pierre Esplugas-Labatut confirme ne pas être au courant d’une telle démarche, n’avoir rien reçu à ce sujet. Sans avoir obtenu de discussion directe avec l’équipe de campagne “Aimer Toulouse” pour trouver un accord à l’amiable, dans lequel un simple dédommagement serait demandé, Pierre Pezzin se réserve maintenant le droit d’assigner Jean-Luc Moudenc en justice : « Là, nous demanderions entre 600 000 et un millions d’euros, prix auquel a été estimé le logo et le slogan », précise le requérant. « Je ne me laisserai pas faire ! Et je lui ravirai le Capitole » conclut-il.