Mercredi dernier, au siège d’un partenaire de Belgian Cycling, Matthew Knight, un des deux représentants de l’UCI au sein de la commission SafeR, a présenté les statistiques de cette première année d’utilisation des cartons jaunes liés à la sécurité. Au total, 270 cartons jaunes ont été distribués en 2025 aux acteurs du cyclisme : 42 % à des coureurs, 19 % à des directeurs sportifs, 14 % à des représentants des médias et 13 % à des soigneurs, particulièrement visés dans les ravitaillements. Le reste concerne des pilotes de motos et de voitures d’organisation, des mécaniciens, un pilote moto, un chauffeur et une moto de sécurité. Parmi les coureurs, un seul a écopé de quatre avertissements : Danny Van Poppel (Red Bull–BORA–Hansgrohe). Sur les 270 cartons, 214 ont été attribués lors de courses masculines professionnelles, contre 43 lors des épreuves féminines.
« DIFFICILE DE DEMANDER À DES COMPÉTITEURS DE FREINER »
Les cartons jaunes ont été distribués pour 15 raisons différentes. La principale concerne la circulation des voitures de directeurs sportifs (30 %). La seconde sont les actions lors des sprints (38 cartons, soit 14 %). Selon l’ancien coureur Thomas De Gendt, aujourd’hui analyste sécurité pour le CPA, « le comportement des coureurs a déjà changé, surtout sur le sprint. Ils ont moins tendance à plonger dans un trou pour se faufiler ».
Toutefois, parmi les 532 chutes recensées par SafeR (liées aux erreurs de parcours, à l’état des routes, à la météo ou à des spectateurs), la cause la plus importante reste le comportement des coureurs (27 %). « Il est difficile de demander à des compétiteurs de freiner. Ceux qui ont une mission à remplir sont parfois tellement concentrés sur le boulot qu’ils en oublient le reste », estime Scott Sunderland, directeur de course chez Flanders Classics.
« IL Y A DIX ANS, ON M’AVAIT RI AU NEZ »
Il reste donc difficile de mesurer un véritable changement de mentalité. « Il faudra un peu voir quand les prochaines générations, qui sont encore Aspirants, deviendront élites après 2030. Lorsqu’un coureur passe directement des Juniors au WorldTour, il n’a pas encore acquis tous les codes. Il faut les lui transmettre », analyse le sélectionneur belge Serge Pauwels.
Cette première année d’application du système réjouit le président de Belgian Cycling et du Conseil du Cyclisme Professionnel, Tom Van Damme. « Je me souviens, c’est une anecdote, mais il y a dix ans, j’avais suggéré à l’UCI un système de cartons jaunes et rouges. On m’avait ri au nez. C’est certain que maintenant, on a montré que ça marche chez les professionnels ».