Après quatre ans et demi d’activité, 51 milliards d’euros de fraude au budget européen ont été identifiés. Un beau bilan pour le Parquet européen. Ce montant, incroyablement élevé, en dit long sur les appétits que suscite une manne communautaire (plus de 2 000 milliards d’euros pour la période 2021-2027, plus le plan de relance post-Covid de 750 milliards d’euros) jusque-là assez peu contrôlée. Après tout, l’argent européen, ce n’est l’argent de personne…

Frédéric Baab, le procureur européen français, dresse un bilan de l’action de ce jeune parquet. Agé de 64 ans, cet ancien bassiste de rock au parcours atypique, dont le mandat de six ans arrive à échéance en juillet, plaide pour une extension limitée des compétences du parquet, une décision qui reviendra aux Etats.

Le Parquet européen a-t-il fait la preuve de son utilité ?

Nous avons actuellement 3 300 enquêtes en cours dans les 24 Etats membres du parquet pour un préjudice au budget européen estimé à 51 milliards d’euros. C’est donc un succès éclatant puisque, au départ, on ne s’attendait absolument pas à trouver un tel montant de fraude ! Et comme nous sommes en phase de montée en puissance, on va sans doute trouver des sommes plus importantes dans les années à venir. Ces montants n’ont aucune commune mesure avec les fraudes jusque-là identifiées par les justices nationales. Ainsi, lorsque nous avons repris, en 2020, les dossiers ouverts en France depuis 2017, qui est le début de notre compétence temporelle, il y en a