Aujourd’hui à la dérive, un satellite d’observation lancé il y a plus d’une vingtaine d’années devrait faire l’objet d’une opération de sauvetage spectaculaire. L’Agence Spatiale étasunienne (NASA) collabore avec une start-up dans le cadre de cette opération impliquant un avion et une fusée. Comment devrait se dérouler cette surprenante mission ?
Un satellite important à sauver
Le Neil Gehrels Swift Observatory (ou Swift) est un télescope spatial multi spectral développé et lancé par la NASA en 2004. L’objectif de cet observatoire est d’identifier, localiser et observer les sursauts gamma, c’est à dire les explosions les plus énergétiques connues de l’Univers, produisant une émission très brève et intense de rayons gamma. Seulement voila, le télescope Swift est à la dérive depuis peu, orbitant à une altitude de 400 km alors qu’initialement, cette même altitude était de 600 km. Or, l’engin ne bénéficie malheureusement d’aucun système de propulsion permettant de corriger sa trajectoire à distance.
Selon les ingénieurs de la NASA, l’actuelle altitude de Swift est trop basse pour permettre au projet de se poursuivre sur une longue durée. Si rien n’est fait d’ici là, le télescope devrait se désintégrer dans l’atmosphère à la fin de l’année 2026. Cependant, en l’absence de satellite remplaçant, la NASA entend préserver cette technologie en lançant une étonnante mission de sauvetage, comme l’expliquait Shawn Domagal-Goldman, directeur par intérim de la division d’astrophysique au siège de la NASA, dans un communiqué du 24 septembre 2025.
Dans les faits, la NASA a confié cette opération de sauvetage inédite à Katalyst Space Technologies, une start-up étasunienne. Sur son site Web, cette société promet de « moderniser les satellites après leur lancement, au moyen de services de maintenance en orbite ». Selon l’agence, l’entreprise en question serait la plus qualifiée pour mener à bien cette mission spéciale, surtout que celle-ci doit absolument être menée en juin 2026.
Crédit : Laboratoire d’images conceptuelles du Centre de vol spatial Goddard de la NASAVue d’artiste de l’observatoire Neil Gehrels Swift de la NASA.Rehausser l’orbite de Swift pour dix ans
Déjà sur les rangs, Katalyst Space Technologies voudrait utiliser Pegasus XL, une fusée aéroportée mise au point par Northrop Grumman, embarquant un petit vaisseau. Or, qui dit « aéroporté », dit avion. Ainsi, le lanceur sera largué en plein vol par l’avion L-1011 Stargazer, avant d’allumer ses moteurs à 12 000 mètres d’altitude. Une fois placé en orbite, le vaisseau de la start-up aura devant lui trois semaines pour s’occuper du satellite Swift. Bénéficiant de trois bras robotiques, le vaisseau devra s’approcher du télescope, l’inspecter et tenter de le saisir fermement afin de rehausser son orbite de 200 km et ce, pour au moins une dizaine d’années supplémentaires.
Pour la NASA et Katalyst Space Technologies, il s’agit d’un défi unique et surtout, extrême. Il faut dire qu’initialement, le télescope Swift n’a absolument pas été conçu pour être capturé et remorqué. Le vaisseau devra donc se montrer aussi ferme que minutieux. De plus, une difficulté supplémentaire est à noter : le satellite ne devra jamais être orienté vers le Soleil, la Terre ou la Lune sous peine de voir ses équipements subir des dégradations irréversibles.
En cas de succès, il s’agira d’une grande première puisque jamais un satellite scientifique de la NASA n’avait auparavant été « sauvé » de la sorte par un vaisseau privé. Un tel défi réussi pourrait également apporter du nouveau dans le marché du service en orbite mais aussi, ouvrir la voie à de futures missions rapides en réaction à certaines situations d’urgence dans l’espace orbital.