• Selon des publications sur les réseaux sociaux, l’Otan envisagerait de mener une frappe « préventive » contre la Russie.
  • Cette annonce est interprétée comme une déclaration de guerre.
  • En réalité, il s’agit d’une mauvaise traduction du terme « préemptif », qui signifie autre chose.

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L’info passée au crible des Vérificateurs

Qui veut la paix prépare la guerre ? Alors qu’aucun « compromis » sur les territoires occupés par la Russie en Ukraine n’a été trouvé à l’issue d’une rencontre entre Vladimir Poutine et l’émissaire américain Steve Witkoff, la tension reste palpable entre l’Otan et Moscou. Dans ce contexte, des publications sur les réseaux sociaux affirment que l’alliance militaire, dont la France est membre, envisagerait de mener une frappe « préventive » contre la Russie. 

Citant un article du Financial Times (nouvelle fenêtre), Florian Philippot, s’alarme dans une publication sur X (nouvelle fenêtre). « Nous envisageons d’être plus offensifs et proactifs plutôt que réactifs » ! « Selon lui, une frappe préventive pourrait être qualifiée d’opération défensive » ! TOTALEMENT FOU ! », écrit l’ancien député européen, citant d’après cet article Giuseppe Cavo Dragone, président du Comité militaire de l’Alliance. L’ex-député européen ajoute « qu’il suffira d’un prétexte bidon, ou totalement inventé, pour déclencher la guerre ! » avant d’appeler à quitter l’OTAN. Les Vérificateurs se sont penchés sur ces affirmations. 

Capture d'écran X / Les VérificateursCapture d’écran X / Les Vérificateurs

L’article du Financial Times cité comme source est bien une interview de l’amiral Giuseppe Cavo Dragone, officier de marine italien, et président du Comité militaire de l’Otan (nouvelle fenêtre) depuis le 17 janvier 2025. Mais les citations évoquées sur X ont été sorties de leur contexte. En effet, la phrase « nous envisageons d’être plus offensifs et proactifs plutôt que réactifs » concerne le domaine de la cybersécurité. « Nous étudions tout… En matière de cybersécurité, nous sommes plutôt réactifs. Nous réfléchissons à la possibilité d’adopter une approche plus agressive ou proactive plutôt que réactive », déclare l’amiral au quotidien britannique. 

Quant aux propos sur d’éventuelles frappes, Giuseppe Cavo Dragone évoque une « frappe préemptive », qui pourrait être considérée comme une « action défensive », ajoutant que « cela s’éloigne davantage de notre façon habituelle de penser et d’agir ». Le terme de « frappe préventive » n’apparaît nulle part, et semble être une mauvaise traduction de « frappe préemptive ». Une nuance qui a son importance. 

Préventif versus préemptif

Car les Russes se sont empressés de réagir à ces propos mal interprétés. La porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a déclaré (nouvelle fenêtre) que Moscou les considérait comme « extrêmement irresponsables, indiquant que l’alliance était prête à continuer à s’engager dans une escalade ». Pourtant, selon Dominique Trinquand, expert en relations internationales et ancien chef de la mission militaire française auprès de l’ONU, « l’Otan et les Européens n’ont jamais eu l’intention d’attaquer la Russie, avant que la Russie n’attaque ». 

Le général qualifie auprès de TF1info de « maladroit » l’usage de l’expression « frappe préemptive », qui « n’est pas facile à traduire », tout en notant une différence essentielle entre les deux termes. Le concept de guerre « préventive » veut dire « qu’on agit par anticipation », pour prévenir une menace hypothétique future, qui ne s’est pas encore matérialisée, sans qu’un objectif ne soit forcément clairement déterminé. Mais ce n’est pas ce que le président du Comité militaire de l’Otan a dit. Le terme réellement utilisé par l’amiral Giuseppe Cavo Dragone, « préemptif », désigne lui une réponse à une menace pour laquelle on dispose de preuves matérielles. « C’est dans le cas où il va y avoir une attaque et qu’on prend des mesures pour qu’il n’y en ait pas », précise Dominique Trinquand. L’objectif est alors de neutraliser le risque d’une agression armée imminente. 

En résumé, l’Otan n’a donc pas menacé d’attaquer la Russie en premier. 

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Astrig AGOPIAN