La belle histoire continue. Miraculé il y a près de deux ans sur les routes du Grand Prix de Marseille-La Marseillaise (1.1), où il aurait pu perdre la vie, Yaël Joalland avait, après un très long et âpre combat, réussi à se reconstruire physiquement, puis à remonter sur son vélo et même à reprendre la compétition en toute fin de saison 2024. Depuis, le natif de Saint-Nazaire, désormais installé à Nice, a pu réaliser une saison irrégulière mais pleine en 2025. L’occasion de prouver aux dirigeants de la formation CIC U Nantes qu’il était toujours capable d’évoluer à haut niveau. Mieux encore : l’athlète de 25 ans est même parvenu à donner envie à une structure de premier plan, Cofidis, de le recruter pour les deux prochaines saisons.
LES COLS PYRÉNÉENS DE LA ROUTE D’OCCITANIE POUR CONVAINCRE CÉDRIC VASSEUR
“C’est clair que c’est beau. Je pense quand même avoir de la chance par rapport à d’autres coureurs qui ont parfois eu des blessures moins graves mais n’ont pourtant jamais pu revenir”, lâche-t-il modestement auprès de DirectVelo. Le désormais ex-Nantais concède du bout des lèvres qu’il s’agit d’une “petite revanche”, alors que sa carrière aurait (aussi) pu s’arrêter l’hiver dernier. Bien lui a pris en effet de disputer le Grand Prix d’Isbergues et Paris-Chauny fin 2024 afin de prouver qu’il était encore capable de tenir le rythme de la compétition, sans quoi il n’aurait peut-être pas été renouvelé l’année suivante, et alors même qu’il aurait sans doute été plus raisonnable d’attendre quelques mois supplémentaires et début 2025 pour retrouver la compétition. Yaël Joalland avait d’ailleurs finalement dû repasser sur le billard entre-temps, au mois de novembre. Sa carrière aurait alors pu prendre un tout autre tournant mais il a été récompensé de sa résilience.
Solide 12e du Tour des Alpes-Maritimes en début de saison, Yaël Joalland avait une première fois été pisté par la structure nordiste, qui attendait un autre résultat de premier plan pour l’engager. “Je visais le triptyque dans le Doubs et le Jura pour les convaincre mais je suis passé à côté. Finalement, ça aura été la Route d’Occitanie”, confie après coup celui qui s’était également vu proposer, très tôt dans l’année, un contrat du côté de l’équipe Unibet Tietema Rockets. Yaël Joalland avait alors préféré faire preuve de patience et voir comment la saison allait se dérouler. “Si tu signes un contrat en février et que tu fais une saison de fou derrière, tu peux potentiellement te mordre les doigts… Mon nouvel agent (Joona Laukka, NDLR) m’avait assuré qu’il était possible de viser le niveau WorldTour”.
DES SÉANCES HEBDOMADAIRES AU KINÉ MAIS PAS DE DOULEURS EN COMPÉTITION
Cédric Vasseur, qui était alors encore le manager de Cofidis, s’est assuré d’avoir différentes garanties auprès de Yaël Joalland avant de l’enrôler pour deux saisons. “Il voulait savoir si j’avais toujours peur dans les descentes, si j’étais prêt à prendre des risques. J’ai simplement répondu que si je n’étais plus prêt à prendre de risques, je serais resté chez moi après mon accident”. Un argument qui a visiblement convaincu le Nordiste.
Yaël Joalland assure n’avoir aujourd’hui plus la moindre gêne sur le vélo, mais il continue de vivre avec des douleurs au dos, dans la vie de tous les jours. “C’est le cas quand je reste trop longtemps debout ou à marcher, alors Cofidis a envisagé de signer une clause pour m’interdire d’aller faire du shopping”, plaisante-t-il. L’ancien coureur du VCP Loudéac et du CC Etupes est toujours suivi par un kinésithérapeute, une fois par semaine, pour soulager ses douleurs dorsales, tout en continuant les exercices spécifiques de gainage. “Mais il n’y a pas de problèmes en course, si ce n’est que ça tire sur le dos quand il y a des bordures et qu’il faut emmener beaucoup de braquet. Sinon, tout va bien, je ne suis pas handicapé”.
L’ENVIE DE DÉCOUVRIR PARIS-NICE ET LE DAUPHINÉ
Pour 2026, celui qui est désormais entraîné par Mathieu Defontaine attend les stages de pré-saison de sa nouvelle équipe pour en savoir davantage sur son futur calendrier et les attentes de son nouveau manager, Raphaël Jeune, qui a récemment pris les commandes de la structure. “Pour l’instant, on m’a simplement dit que j’allais découvrir”. Le grimpeur sait qu’il va devoir se faire une place au sein d’un effectif en reconstruction pour espérer découvrir des courses de prestige auxquelles il n’avait pas encore eu l’occasion de prétendre jusqu’à présent, en évoluant au niveau Continental.
En ce sens, “le mois de février sera déjà important” pour gagner des rangs dans la hiérarchie interne, sur des courses qu’il affectionne et connaît déjà dans le sud de la France. Avec l’espoir d’être sélectionné pour Paris-Nice, épreuve de prestige qu’il voudrait découvrir en mars prochain. “J’aimerais beaucoup faire le Dauphiné aussi, c’est un objectif”. Quoi qu’il en soit, la saison à venir sera forcément faite de nouveautés pour Yaël Joalland. Et le meilleur est peut-être bien à venir pour un garçon qui revient de si loin qu’il n’a pas grand-chose à perdre dans ce nouveau défi.