L’annonce a stupéfié ses proches, les défenseurs de la presse et une partie de la classe politique française. La Cour d’appel de Tizi Ouzou (Algérie) a confirmé ce mercredi 3 décembre la condamnation à sept ans de prison du journaliste français Christophe Gleizes, poursuivi en Algérie pour « apologie du terrorisme ». Un verdict qui a déclenché une vague d’indignation en France comme en Algérie.

Christophe Gleizes, 36 ans, avait été arrêté en mai 2024 alors qu’il réalisait un reportage sur la Jeunesse Sportive de Kabylie (JSK). D’abord placé sous contrôle judiciaire, il est détenu depuis juin après une première condamnation identique à celle confirmée mercredi.

« Un journaliste qui n’a fait que son travail »

Réuni dans les locaux parisiens de Reporters sans frontières (RSF), son frère, Maxime Gleizes, a parlé d’un « choc immense ». « Le journalisme n’est pas un crime, ce sont juste des mots sur du papier », insiste-t-il.

Le directeur général de RSF, Thibaut Bruttin, a dénoncé une « décision aberrante » visant « un journaliste qui n’a fait que son travail ». L’Ong entend désormais élargir la mobilisation : clubs de Ligue 1, mairies, élus… RSF appelle à afficher le visage du reporter « sur les frontons » pour maintenir la pression. « Ce garçon n’a rien à faire en prison », insiste-t-il exhortant tous les Français à signer une pétition. Dans la soirée, le patron de RSF a également exhorté Emmanuel Macron à « se bouger » et à recevoir « sans délai » les parents du journaliste, assurant que « la mobilisation va monter d’un cran ».

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J’accepteUne peine « aussi lourde qu’incompréhensible »

Les syndicats de journalistes ont rejoint cet appel. Dans un communiqué commun, le SNJ, le SNJ-CGT, la CFDT-Journalistes et le SGJ-FO font part de leur « consternation » face à une peine jugée « aussi lourde qu’incompréhensible ».

Ils s’indignent que les excuses du reporter, entré en Algérie avec un visa touristique au lieu d’un visa presse, n’aient pas été prises en compte, et soutiennent que la justice algérienne lui reproche surtout une rencontre avec un dirigeant de club accusé de terrorisme.

« Soutien total » de la Fédération Française de Football

Le séisme a gagné le monde du sport. La Fédération française de football a réaffirmé son « soutien total » et appelé à une libération « dans les plus brefs délais ».

Les équipes éditoriales de So Foot et Society, avec lesquelles collaborait Christophe Gleizes depuis une dizaine d’années, ont également exprimé leur solidarité. Le fondateur de So Press, Franck Annese, s’est dit « sous le choc », dénonçant une décision « absurde et injuste ». « Il n’a rien à faire en prison. Ce jugement est totalement absurde et injuste », a poursuivi le patron de presse, appelant à « continuer à faire tout ce qu’on peut pour le sortir de là ».

La France attachée à « la liberté de la presse » dans le monde

Du côté du gouvernement, la réaction est ferme : la France « regrette vivement » le verdict et « appelle à sa libération ». Le ministère des Affaires étrangères juge la sanction incompréhensible au regard de la « pleine coopération » du journaliste, rappelant « l’attachement de la France à la liberté de la presse partout dans le monde ».

Dans la classe politique, les réactions se multiplient. Bruno Retailleau (LR) parle d’une « profonde injustice » et promet que la France « ne l’abandonnera pas ». Boris Vallaud (PS) dénonce une décision « grave et inquiétante » et réclame une réaction diplomatique plus ferme.

Des parents « effondrés »

En Algérie, les parents du journaliste ont accueilli la décision avec effroi. Sa mère dit n’avoir « jamais imaginé » la confirmation du verdict, malgré des signaux récents d’apaisement entre Paris et Alger. Son beau-père se dit « effondré ».

Notre dossier sur l’Algérie

Son avocat français, Emmanuel Daoud, dénonce un dossier « vide » ayant conduit à une peine « d’une grande sévérité ».