Le départ, le 8 juillet dernier, du maire de Formiguères, Philippe Petitqueux, à Tahiti a suscité beaucoup de remous. Selon lui, cette installation en Polynésie était pourtant prévue de longue date pour y développer un accrobranche sur l’île de Moorea. Dans une interview à L’Indépendant, il explique avoir assuré la transition pour éviter le « sabotage » des projets municipaux et avoir démissionné. Explications.
Philippe Petitqueux, pourquoi être parti ?
La réalité a été déformée et instrumentalisée. Mon installation en Polynésie n’a rien d’un départ précipité : c’est un projet prévu, réfléchi et évoqué dès le printemps avec mon équipe.
Avez-vous abandonné vos responsabilités avant votre départ ?
Non. J’ai accompagné la commune pendant plusieurs mois pour assurer la transition et suivre les dossiers en cours. J’ai perçu des indemnités jusqu’en septembre, période durant laquelle je travaillais encore. Après cette date, je n’ai plus rien perçu.
Aviez-vous envisagé de démissionner plus tôt ?
Oui. En juillet, face à un climat intenable, j’avais proposé ma démission. Mais avec mon équipe, nous avons préféré instaurer une période de transition pour sécuriser l’aboutissement de projets importants.
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Pourquoi n’avez-vous pas démissionné immédiatement ?
Si j’avais quitté mes fonctions, la mairie serait passée à l’opposition, avec un risque réel de « sabotage » des projets en cours. Nous avons donc mis en place une organisation où je restais maire et le 2ᵉ adjoint gérait les responsabilités opérationnelles.
Que répondez-vous aux accusations de non-sincérité budgétaire ?
Elles sont infondées. Le budget 2024, débattu en commission et présenté lors de 5 réunions de travail auxquelles le 1ᵉʳ adjoint, pourtant président de la commission, n’a participé qu’une seule fois, n’a fait l’objet d’aucune remarque de sa part.
Pourquoi la Chambre Régionale des Comptes a-t-elle été saisie ?
En raison du blocage de l’opposition. La CRC a arbitré le budget, mais sans intégrer certaines recettes pourtant prévues et documentées, ce qui l’a conduite à augmenter les impôts pour équilibrer les finances.
Le climat très tendu a rendu l’exercice du mandat invivable
Quel a été le résultat final pour la commune ?
Les recettes attendues ont été perçues et l’exercice s’est clôturé avec un excédent très important, démontrant que le budget initial était à la fois solide et responsable. Le blocage relevait d’un choix politique irresponsable et leurs positions actuelles tentent simplement d’en détourner l’origine à des fins électorales.
Quelle était l’ambiance durant le mandat ?
Très tendue : insultes, menaces, violences. Un petit groupe alimente en permanence cette hostilité. Les réseaux sociaux ont amplifié ces dérives, devenant le terrain de rumeurs, d’attaques personnelles et de propos infondés.
Avez-vous subi des attaques personnelles ?
Oui. Des lettres anonymes portant atteinte à ma vie privée ont été distribuées. Ma famille en a souffert et mes enfants ont même été pris pour cibles dans leur établissement scolaire. Plusieurs agents municipaux ont subi des attaques répétées, certains ont fini par quitter leur poste, et l’un d’eux a porté plainte pour diffamation. Je salue le professionnalisme et l’engagement qu’ils ont su maintenir malgré ces épreuves.
Comment avez-vous vécu cette situation ?
J’ai été profondément fatigué par cette agressivité permanente. Être élu, ce n’est pas céder aux pressions mais agir pour l’intérêt général. Ce climat a rendu l’exercice du mandat invivable.
Malgré ces difficultés, les projets ont-ils avancé ?
Oui. J’ai exercé mes responsabilités avec constance : les projets ont progressé, la situation s’est stabilisée et la commune a été moins exposée aux risques de sabotage de l’opposition.
Pourquoi avoir finalement démissionné ?
À l’approche d’une période électorale, il m’a semblé responsable de me retirer pour que le débat porte sur l’avenir du village. J’ai donc présenté ma démission au préfet. La vie publique doit se conduire avec respect, mesure, et sens du bien commun. Les désaccords sont légitimes, mais ils ne doivent jamais prendre le pas sur la dignité des personnes ni sur l’unité de la commune.