Une enquête publique britannique doit rendre ses conclusions ce jeudi sur la mort d’une femme, victime involontaire de l’agent neurotoxique Novitchok, suite à la tentative d’assassinat de l’ancien agent double russe Sergueï Skripal il y a sept ans.

Les autorités britanniques tiennent la Russie pour responsable de l’attaque contre Skripal, retrouvé inconscient aux côtés de sa fille Ioulia sur un banc public de Salisbury, dans le sud de l’Angleterre, en mars 2018. Selon l’enquête, du Novitchok avait été appliqué sur la poignée de la porte d’entrée de son domicile.

Quatre mois plus tard, Dawn Sturgess, mère de trois enfants âgée de 44 ans, est décédée après avoir été exposée au poison, son compagnon ayant trouvé un flacon de parfum contrefait que la police soupçonne d’avoir servi à des espions russes pour introduire l’agent neurotoxique de qualité militaire dans le pays.

UNE QUANTITÉ D’AGENT NEUROTOXIQUE SUFFISANTE POUR TUER DES MILLIERS DE PERSONNES

Les Skripal, ainsi qu’un policier s’étant rendu à leur domicile, ont été grièvement intoxiqués mais ont survécu. Lors de l’ouverture de l’enquête, il a été révélé que le flacon de parfum contaminé contenait assez de poison pour tuer des milliers de personnes.

La police britannique a inculpé par contumace trois Russes, présentés comme des officiers du renseignement militaire du GRU, pour la tentative de meurtre de Skripal – qui avait vendu des secrets russes au Royaume-Uni avant de s’y installer à la suite d’un échange d’espions en 2010 – et de sa fille.

Deux des Russes accusés par Londres d’avoir mené l’empoisonnement sont apparus à la télévision russe pour nier toute implication, affirmant être de simples touristes venus visiter la cathédrale de la ville. Les trois suspects ont nié leur implication.

Aucune personne n’a été inculpée pour la mort de Dawn Sturgess.

Le gouvernement britannique ainsi que Skripal lui-même accusent le président russe Vladimir Poutine d’avoir autorisé l’attaque.

« Je crois que Poutine prend lui-même toutes les décisions importantes. Je pense donc qu’il a au moins donné son accord pour l’attaque contre Ioulia et moi, » a déclaré Skripal, qui affirme connaître personnellement Poutine, dans une déclaration à l’enquête.

La Russie a à plusieurs reprises rejeté les accusations britanniques, estimant que Londres propage une rhétorique antirusse.

L’incident de Salisbury a entraîné les plus importantes expulsions diplomatiques entre l’Est et l’Ouest depuis la Guerre froide. Les relations entre Moscou et Londres se sont encore dégradées depuis l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie en février 2022, le Royaume-Uni fournissant une aide militaire importante à Kyiv.

L’enquête a recueilli des témoignages confidentiels des services de sécurité britanniques, notamment sur la relation de Skripal avec les services de renseignement du Royaume-Uni. Les Skripal n’ont pas témoigné en personne, invoquant des craintes pour leur sécurité.