Le plaisir est-il toujours intact après 30 ans de scène ?
« Oui, on ne les a pas vus passer. On aime ce qu’on fait. On a l’impression que ça a commencé hier, tout est intact dans nos mémoires. Tout s’est fait progressivement, il a fallu travailler, apprendre. On a savouré ces 30 ans. Le public est toujours fidèle. Nos personnages n’ont pas vieilli, mais nous oui, on est moins alertes (rires). »
Vous revenez avec Grandeur Nature, va-t-il y avoir des nouveautés ?
« La trame est la même. Mais on joue sur l’actualité qui évolue très vite. Lorsque le facteur amène le courrier, on fait une revue de presse. Ça nous amuse beaucoup et ça plaît aux gens. Ça évite la lassitude. On écrit tous les deux avec Vincent et on fait le point lors de nos trajets pour modifier le déroulé. Une actu en chasse une autre. C’est une gymnastique perpétuelle. »
Quel est votre meilleur souvenir en 30 ans ? Et votre pire ?
« Notre première fois en duo à l’Olympia. C’était mythique. Lorsque l’on sort de la loge, on a une très grande trouille avant d’entrer en scène. Avant ça, il y avait eu les premières au festival d’Avignon. »
« Le pire serait la première date parisienne au Palais des Sports. La salle était mal adaptée pour le spectacle. Les gens voyaient mal. Au bout de 30 secondes, on entendait : « On ne voit rien. » Les ouvreuses ont dû déplacer les gens durant le spectacle. »
« C’était au départ pour un an, au final ça fait 10 ans »
Quelles sont les perspectives ? La retraite ?
« On n’y pense pas pour le moment, on essaye de se ménager, car on s’amuse toujours autant. On a plusieurs projets sur le feu : on jongle entre spectacle, cinéma et émissions. On travaille sur une grosse émission pour M6. Ce sera la quatrième émission de divertissement que l’on nous confie. On profite de notre décor en tournée pour le faire. C’est comme si on écrivait un film ou un spectacle mais on le tourne en une fois et ça s’appellera Gîte rural chez les Bodin’s. »
« Puis, on va jouer les prolongations de la tournée en 2027, surtout dans un contexte présidentiel qui permet de s’amuser. On travaille aussi sur un nouveau film. »
Vous venez sur Saint-Étienne, ville ouvrière à deux pas du monde rural, que vous évoquent les Stéphanois ?
« Cette ville, pour moi qui suis né en 1965, c’est l’épopée des Verts de 76. J’avais 11 ans ; mais je me souviens des matchs comme si c’était hier. La ferveur de la cité ouvrière, comme Lens, avec des publics incroyables. On est tous passionnés de foot, on a visité le stade, vu des matchs. J’habite dans le Berry, et nous avons quand même un club de supporter de l’ASSE ! »
Comment expliquer la longévité de la plus grosse tournée de France ?
« Nous-mêmes, on a du mal à analyser ce succès. On a créé des personnages ringards, d’un autre temps. Mais ils ont un regard sur le monde de maintenant. Les gens ont besoin de se distraire avec des choses simples, avec des personnages de bon sens. Chacun y trouve ce qu’il veut. On a grandi au fur et à mesure. Quand on a rencontré notre producteur, c’est lui qui nous a proposé d’adapter le plein air en tournée avec de gros moyens. On craignait que ça dézingue la magie du plein air. C’était au départ pour un an, au final ça fait 10 ans avec 2,5 millions de spectateurs sur 550 dates de zéniths. D’ailleurs, aucun spectacle ne trouve ce genre de comparaison. »
Deux jours de montage pour installer la scène
« On se déplace avec une ferme démontable dans dix semi-remorques. Il faut deux jours de montage, une soixantaine de techniciens et des animaux encadrés par des animaliers. C’est comme si on y était. Depuis que l’on fait du ciné, on a énormément rajeuni notre public. C’est un humour populaire qui fait notre force. L’humour, c’est assez générationnel et là, c’est en famille que l’on vient nous voir, comme au cirque. On a bénéficié du bouche-à-oreille, c’est l’avantage de ne pas avoir été médiatisé trop tôt. »
Au zénith de Saint-Étienne le vendredi 5 décembre à 20 heures, le samedi 6 décembre à 20 heures et le dimanche 7 décembre à 15 heures. Tarifs de 35 à 60 euros.