Le 11 septembre 2025 un peu avant 15 h, Levy Andrieux avait renversé un père de famille d’une trentaine d’années, en franchissant à « vive allure » le feu rouge à l’intersection entre l’avenue Charles-et-Raymonde-Tillon et la rue de Saint-Malo, dans le nord de Rennes. Le piéton avait été transporté en urgence absolue au CHU de Pontchaillou, où il avait été placé en coma artificiel. Son pronostic vital était resté engagé pendant une semaine.
Des témoins avaient vu une Renault Mégane « gris foncé » arriver à environ 90 km/h puis réaccélérer après avoir percuté le piéton. La voiture avait finalement été retrouvée abandonnée avec le pare-brise étoilé quelques jours plus tard sur le parking d’une résidence à Cesson-Sévigné, non loin du domicile de la belle-mère de Levy Andrieux.
Son conducteur – qui n’avait pas le permis de conduire – n’avait été interpellé qu’un mois et demi plus tard, le 28 octobre 2025. Des policiers avaient voulu le contrôler alors qu’il avait stationné sa nouvelle voiture sur une place pour personnes à mobilité réduite, au niveau du centre commercial Italie. Ils avaient alors constaté que le véhicule était volé.
Ma femme me disait : tu as peut-être fait un mort
Mais Levy Andrieux avait pris la fuite avec cinq personnes à bord, dont sa compagne enceinte et deux enfants. Il avait remonté l’avenue Henri-Fréville à très vive allure en grillant plusieurs feux rouges, puis avait circulé sur la bande d’arrêt d’urgence de la rocade et avait roulé à contresens dans le quartier de Bréquigny.
Dans sa course, il avait percuté un cycliste de 56 ans, le blessant légèrement. Le conducteur avait finalement été interpellé après s’être encastré dans un lampadaire, alors qu’il tentait à nouveau de s’échapper à pied en escaladant la grille d’une école. Il avait été testé positif au cannabis et à la cocaïne.
Entre-temps, le 1er octobre 2025, Levy Andrieux avait déjà été contrôlé au volant d’une autre voiture alors qu’il conduisait sans assurance et sans contrôle technique. Mais les policiers – qui n’avaient pas fait le lien avec l’accident du 11 septembre – avaient été « amadoués » par les explications du jeune homme : celui-ci devait conduire sa compagne à l’hôpital car elle perdait les eaux… Les forces de l’ordre avaient même escorté le véhicule jusqu’à l’hôpital Sud.
Un « électron dingue et malfaisant »
Jugé en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Rennes ce mercredi 3 décembre 2025, Levy Andrieux a dit regretter les conséquences de sa conduite sans permis, nécessitée par le fait qu’il devait « se démerder pour travailler »… Et s’il a pris la fuite après avoir renversé un piéton puis refusé d’obtempérer aux policiers, c’est parce qu’il a « paniqué » : il ne voulait pas aller en prison alors qu’il allait être papa.
« Ma femme me disait : tu as peut-être fait un mort… J’ai pensé à un drame », a-t-il tenté de justifier. « On a l’impression que peu importe ce qui peut vous arriver, vous n’avez qu’une seule idée en tête, c’est de fuir », l’a sermonné la présidente. « Oui », a simplement répondu le jeune homme, qui a dit avoir conscience d’avoir « plus ou moins gâché la vie » des victimes.
Ma vie est finie
Reste que le piéton renversé le 11 septembre, a subi un « préjudice extrêmement important » : ce « papa attentionné » d’un petit garçon de 2 ans a désormais besoin d’une assistance à domicile vingt-quatre heures sur vingt-quatre et ne pourra plus jamais travailler, a rappelé son avocate.
« Ma vie est finie », a soufflé la victime à la barre du tribunal, qui a réclamé en conséquence une très sévère condamnation pour cet automobiliste sans permis. Quant au cycliste renversé lors du refus d’obtempérer, il souffre toujours de nombreux traumatismes physiques et psychiques et n’ose plus prendre son vélo, a décrit son avocate.
Levy Andrieux s’est en fin de compte « comporté comme le plus grand des chauffards », a tancé le procureur de la République. Il a donc requis à l’encontre du jeune homme huit ans de prison ferme avec maintien en détention, ainsi qu’une amende totale de 800 € et une interdiction de conduire pendant cinq ans. C’est « une peine sévère, très sévère car son comportement est celui d’un électron dingue et malfaisant, qui se heurte partout et qui percute tout ce qu’il rencontre », a justifié le magistrat.
Un parcours de vie difficile
L’avocat de Levy Andrieux a pour sa part insisté sur le parcours de vie difficile de son client, qui a été placé par les services sociaux de ses 12 à ses 14 ans et qui n’a quasiment plus aucun lien avec ses parents. Malgré ses sept condamnations – dont une pour conduite sans permis, refus d’obtempérer et rébellion – c’est « quelqu’un qui écoute quand on lui tend la main » et « qui a besoin d’être aidé et encadré ».
Me Emmanuel Castres a donc plaidé pour une peine mixte comprenant un sursis probatoire renforcé, pour « s’assurer qu’il puisse se réinsérer dans les meilleures conditions. » Le tribunal correctionnel de Rennes a finalement condamné Levy Andrieux à huit ans de prison ferme avec maintien en détention, une interdiction de passer son permis pendant cinq ans et de conduire pendant la même durée. Il devra également s’acquitter d’un total de 700 € d’amende.