Les influenceurs contre les représentants au sein de la coalition MAGA
Ces dernières années, les influenceurs – personnalités de réseaux sociaux ou de podcasts – occupent une place importante dans la vie politique américaine et dans la stratégie du camp républicain. Cette appropriation politique des réseaux sociaux par des acteurs sans formation partisane ou militante traduit-elle une réponse à la crise de la représentation démocratique ?
Qui suit au jour le jour les péripéties de la vie politique américaine remarque vite l’importance qu’une catégorie spéciale d’animateurs de réseaux sociaux ou de podcasts a prise dans le choix des orientations suivies par le camp républicain. Les noms qui reviennent le plus souvent dans cette actualité sont ceux de Charlie Kirk, Joe Rogan, Tucker Carlson, Steve Bannon, Ben Shapiro, Laura Loomer, Candace Owens ou Christopher F. Rufo. Toutes ces personnes ont d’abord été massivement financées par des milliardaires républicains, dont les largesses leur ont permis de se professionnaliser et de fidéliser, en une dizaine d’années, des centaines de milliers d’abonnés, parfois plusieurs millions.
Fortes de l’audience qu’elles se sont constituée, elles ont découvert que leurs propos représentaient mieux les aspirations des sympathisants du Parti républicain que les discours de ses élus et de ses caciques[1]. Et un dernier entrant dans cette liste, Elon Musk, y a pris place en s’offrant le réseau des réseaux (Twitter) pour le mettre au service de la victoire électorale de 2024.
Trump a consacré la toute-puissance de ces influenceurs en appelant quelques-uns d’entre eux à siéger au sein de son exécutif ou à occuper des fonctions de direction dans la nouvelle administration, avec pour seul titre la célébrité qu’ils ont acquise sur le net ou sur Fox News et leur indéfectible loyauté à celui qui les a adoubés. Celles et ceux qui n’ont pas eu cette fortune ne se gênent pas pour court-circuiter les canaux officiels et venir murmurer directement à l’oreille du président afin d’emporter la signature d’un décret ou d’obtenir des limogeages de fonctionnaires accusés d’être des taupes démocrates ou rétifs à la ligne MAGA (Make America Great Again).
Le plus souvent, l’activité politique qui se déploie sur les réseaux sociaux est rapportée aux effets de manipulation des opinions et de subornation des esprits que permettent les ruses des algorithmes, l’enfermement dans des « bull
