Régulièrement visée par Donald Trump, la députée de 43 ans, Ilhan Omar se retrouve une nouvelle fois au centre des attaques du président, qui a multiplié ces derniers jours les propos hostiles à son égard et envers la communauté somalienne du Minnesota.
Cette semaine encore, il a qualifié les immigrés somaliens d’ « ordures » et évoqué l’idée de la « renvoyer », malgré sa citoyenneté américaine. Une nouvelle escalade qui ravive un conflit politique et personnel bien plus ancien. Mais qui est Ilhan Omar ? Portrait d’une élue démocrate devenue l’un des symboles de la résistance progressiste face à Donald Trump.
Arrivée au Minnesota en 1997
Née en Somalie en 1982, Ilhan Omar a connu la guerre civile avant de fuir, enfant, avec sa famille vers un camp de réfugiés au Kenya. Ce n’est qu’en 1997 qu’elle arrive à Minneapolis, ville du nord du pays dans laquelle vit aujourd’hui l’une des plus importantes communautés somaliennes.
Très tôt, son grand-père l’encourage à s’intéresser à la politique. Avant de se lancer dans l’arène électorale, elle travaille comme éducatrice communautaire à l’université du Minnesota puis comme analyste et conseillère politique au Conseil municipal de Minneapolis.
Première réfugiée africaine au Congrès
Son élection à la Chambre des représentants, en 2019, marque un tournant historique. Ilhan Omar devient la première réfugiée africaine à siéger au Congrès, et l’une des deux premières femmes musulmanes élues.
Dans le 5ᵉ district du Minnesota, elle s’impose rapidement comme la porte-parole des classes populaires et des familles immigrées, défendant l’annulation de la dette étudiante, une réforme ambitieuse de l’immigration, la hausse du salaire minimum et des politiques climatiques plus radicales.
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J’accepte« Renvoyez-la », une hostilité de longue date
Cette ascension fulgurante attise immédiatement l’hostilité de Donald Trump. Dès 2019, lors d’un meeting, il laisse une foule de partisans scander « renvoyez-la », après une salve d’attaques contre la députée.
Revenue au pouvoir, la Maison-Blanche républicaine a redoublé de virulence. Trump accuse désormais les Somaliens d’avoir « détruit le pays » et insinue qu’Ilhan Omar serait impliquée dans des fraudes, sans en apporter la moindre preuve. La députée y voit une stratégie politique bien rodée : détourner l’attention des difficultés économiques et sociales en désignant un bouc émissaire, mêlant racisme, islamophobie et théorie du complot.
Notre dossier sur les États-Unis« Il sait qu’il échoue » alors « il attise la haine »
Dans une tribune publiée ce jeudi dans le New York Times, la députée réplique : « Il sait qu’il échoue, alors il revient à ce qu’il maîtrise le mieux : attiser la haine pour détourner l’attention. » Elle assure que ces attaques ont des conséquences très concrètes : chaque sortie du président entraîne une flambée de menaces de mort contre sa famille, son équipe et des membres de la communauté somalienne. « Ce qui m’inquiète le plus, ce n’est pas ma sécurité », écrit-elle. « Ce sont les gens qui partagent mes identités – Noirs, Somaliens, musulmans, immigrés – qui risquent d’en payer le prix. »
Pourtant, loin d’être fragilisée dans son État, Ilhan Omar reste soutenue par ses électeurs. Une grande majorité des Somaliens du Minnesota sont citoyens américains, souvent fiers d’une élue qui symbolise leur intégration et leur réussite. À l’heure où Donald Trump fait de la lutte contre l’immigration le cœur de son deuxième mandat, Ilhan Omar apparaît plus que jamais comme son antithèse : femme, noire, musulmane, progressiste et issue de l’exil. Une adversaire parfaite pour un président qui aime façonner ses ennemis. Mais elle assure qu’elle ne cédera pas : « Les habitants du Minnesota non seulement accueillent les réfugiés, ils en ont envoyé une au Congrès. »