Son nom d’artiste est « le D », son compte Insta « ouestled » cumule presque plus de 89 000 abonnés et sur TikTok, ils sont plus de 120 000 à le suivre. Originaire de Bernay (Eure), cet artiste de street art dessine désormais partout en France. Nous l’avons rencontré à Evreux.
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Chaque rue est un terrain de jeu ou plutôt chaque objet trouvé dans la rue est un support de création pour « le D ».
« aAu départ, pour ne rien vous cacher, c’était un moyen de créer sans trop dépenser car nos matériaux sont chers. Mais il y a aussi une dimension sociale. Quand je suis arrivé à Paris, j’étais choqué de voir autant de SDF. Comme des encombrants, les gens passent à côté sans même les regarder. Dessiner dessus c’est pour moi une manière de dire faites attention à ce qui vous entoure. On peut trouver du beau dans quelque chose que l’on veut jeter ».
Dans cette démarche de revalorisation, « le D » fait des collaborations avec des entreprises comme Véolia mais aussi des ressourceries ou des magasins Emmaüs. « C’est difficile de rester sur une seule source de création mais aussi de revenus. On est très multiple dans notre travail ».
Véritable touche à tout, « le D » travaille également avec des galeries et d’autres artistes, avec des entreprises et des associations sur leurs visuels « tout en gardant mon identité ». « Je fais des ateliers avec des associations, des hôpitaux même dans des entreprises. Je décore aussi les murs chez les particuliers ».
« On peut voir la rue autrement qu’un simple lieu de passage. C’est aussi un lieu de vie, un lieu d’expression artistique pour tous mes amis qui dessinent dans la rue. Et pour les gens ça leur permet d’avoir une autre vision avec plus de couleurs, des éléments différents. »
« Le D » crée lui-même ses publications pour sa communauté, il n’a pas de community manager ce qui lui permet de garder l’indépendance à laquelle il tient : « quand on est artiste et indépendant on est obligés d’essayer de rayonner, de se faire connaître. Il y a plusieurs manières : en faisant des expositions, en travaillant avec d’autres artistes ou des galeries. »
Cartons, meubles, ces objets ont été jetés dans la rue on ne sait pas pourquoi et leur valeur a été dévaluée. Je trouvais ça intéressant de redessiner dessus pour les sublimer.
« J’ai beaucoup travaillé sur mes œuvres mais j’ai aussi travaillé à comment je les mettais en avant et en lumière sur les réseaux sociaux de manière très naturelle. Ça a été des photos des vidéos. Les vidéos ont permis à mon travail de se faire connaître, d’avoir des commandes et de pouvoir vivre de mon art de manière plus confortable ».
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Son nom d’artiste est « le D », son compte Insta « ouestled » cumule presque plus de 89000 abonnés et sur Tik Tok, ils sont plus de 120000 à le suivre. Originaire de Bernay (Eure), cet artiste de street art dessine désormais partout en France. Nous l’avons rencontré à Evreux.
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©FTV
Respectant les codes du street art, « le D » cache quelques fois des œuvres mais « en évitant de le faire trop car tout n’est pas gratuit. Mais en même temps je trouve cela intéressant de casser la logique marchande qu’on peut avoir sur le marché de l’art ».
Comme beaucoup d’artistes, dès le début il s’est créé un personnage avec une lettre pour le définir et un look : toujours avec son masque, le D entretient le mystère. Mais alors pourquoi cette lettre? « D comme (Edmond) Dantès, le personnage de Dumas me fascine car il a 1 000 visages. Et j’aime faire plein de trucs différents et de changer de masques en fonction de ce que je crée ».
« L’art dans la rue est une forme d’obsession on ne peut pas s’empêcher de créer il y a quelque chose d’animal là-dedans. Au même titre qu’une toile ou qu’un papier, ce que je trouve dans la rue, c’est quelque chose de disponible pour moi pour créer. Un bout de carton peut très bien accueillir mes personnages et mon monde »
Son personnage aux longs bras et des interminables jambes s’appelle comme lui « le D » : « c’est l’une de mes représentations récurrentes qui évoque pour moi l’enfance et la légèreté ».
Quand on lui demande pourquoi il avance masqué, il nous explique qu’il préfère laisser parler l’art plutôt que la personne : « je trouvais ça marrant, c’est un pied de nez au Covid car c’est à ce moment-là que j’ai voulu en faire ma carrière ».
Le D expose à Paris jusqu’au 12 décembre 2025 au Wilde dans le quatrième arrondissement.