Par

Thomas Bernard

Publié le

5 déc. 2025 à 11h46

Drogue, armes à feu, téléphones sont livrés par drone aux détenus dans plusieurs prisons françaises. Après une investigation approfondie, la brigade de recherches de la gendarmerie de Nantes a interpellé trois personnes, âgées de 27, 24 et 54 ans, impliquées dans un réseau de livraisons par drones à des détenus d’une dizaine de centres pénitentiaires en France. Les trois protagonistes seront jugés ce vendredi 5 décembre 2025, lors d’une comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Nantes.

Une affaire révélée par nos confrères de Ouest-France et de Presse Océan. Antoine Leroy, procureur de la République à Nantes, a confirmé les informations et partagé plusieurs éléments sur cette enquête.

Près de 500 livraisons par drone

La livraison de produits aux détenus est récurrente depuis plusieurs années, les syndicats ont sonné l’alerte à plusieurs reprises. Armes, produits stupéfiants, téléphones étaient livrés aux prisonniers. De jour, les colis sont largués par drone au-dessus de la promenade tandis que les livraisons d’objets de nuit sont réalisées aux fenêtres des cellules.

Le 16 avril dernier, le directeur du centre pénitentiaire de Nantes dénonce cette situation. Dans la foulée, le parquet de Nantes ouvre une enquête pénale et confie les investigations à la brigade de recherche de la compagnie de gendarmerie de Nantes.

« Les investigations menées par la brigade des recherches de la compagnie de gendarmerie de Nantes permettaient d’identifier plusieurs personnes, dont le télépilote, agissant de concert ou indépendamment, utilisant un compte Snapchat pour proposer leurs services et permettre aux détenus des maisons d’arrêt et centres de détention dans différents départements (Calvados, Charente-Maritime, Loire-Atlantique, Sarthe, Seine-et-Marne et Vienne) de bénéficier illicitement d’appareils téléphoniques, de produits stupéfiants et de toute autre marchandise, le temps de leur incarcération », détaille Antoine Leroy.

Grâce à des écoutes téléphoniques, les enquêteurs découvrent que cette équipe procède à des livraisons presque quotidiennes depuis le mois de février. Les mis en cause louent des véhicules haut de gamme avant de se rendre aux abords des maisons d’arrêt dans les divers départements.

Des produits stupéfiants, des téléphones portables, des écouteurs et parfois des armes blanches ont été livrés. Entre le 1er février et le 2 décembre 2025, 464 survols de drone sont recensés sur la période.

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« Immédiatement après certaines livraisons, des fouilles effectuées par les agents de l’administration pénitentiaire permettaient de saisir presque 100 téléphones portables (essentiellement des iPhones et mini-téléphones), 31 cartes SIM, 3 kilos de produits stupéfiants (cannabis, cocaïne, héroïne et amphétamines) ; 11 drones étaient par ailleurs récupérés lors de livraisons avortées », ajoute le magistrat.

12 000 euros en espèces retrouvés lors des perquisitions

Les gendarmes établissent que le principal mis en cause était équipé « d’un drone très haut de gamme », pouvant livrer jusqu’à 1 kg de marchandises en une seule fois.

Le mardi 2 décembre 2025, à 6h du matin, 40 militaires de la compagnie de Nantes procèdent à l’interpellation de trois personnes : le pilote du drone, âgé de 27 ans, le chauffeur, âgé de 24 ans, et la mère du premier cité, âgée de 54 ans. Plusieurs saisies sont effectuées dans la foulée.

« Les perquisitions immédiatement effectuées dans les domiciles et les véhicules permettaient d’appréhender un drone, 3 télécommandes, des batteries, 3 couteaux, une mini-lame de scie, des produits stupéfiants, 12 000 euros en espèces, une arme de poing calibre 45 mm, 50 cartouches, de très nombreuses chaussettes garnies de téléphones portables et de produits stupéfiants, ainsi que des bobines de fil ; il apparaissait que l’un des mis en cause venait de procéder à une livraison par drone, quelques heures avant son interpellation, à la maison d’arrêt de Nantes. »

Antoine Leroy, procureur de Nantes

Les trois mis en cause ont été déférés à un magistrat du parquet de Nantes, ce vendredi 5 décembre 2025. Ils doivent être jugés ce vendredi, en comparution immédiate, pour remises illicites d’objets à détenus, engagement par télépilote d’un drone au-dessus d’une zone interdite, acquisition, transport, détention, offre ou cession de produits stupéfiants et blanchiment.

« La protection des établissements pénitentiaires est aujourd’hui une préoccupation nationale, à la fois pour garantir la sécurité des agents de cette administration, qui travaillent déjà dans des conditions particulièrement difficiles, mais aussi parce qu’il ne peut être toléré que des armes, des stupéfiants ou des téléphones soient livrés de cette manière, par des délinquants qui en font une activité rémunératrice, et au profit d’autres délinquants incarcérés », rappelle le procureur de la République de Nantes.

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