L’annonce d’une ligne SNCF pour un futur TGV Ouigo Lyon-Bordeaux, passant par Massy, Saint-Pierre-des-Corps et Poitiers a relancé un vieux sentiment d’abandon au cœur du Massif Central. Pour les défenseurs du rail local, ce choix d’itinéraire est même « un scandale ».

Le parcours proposé par la SNCF pour relier Lyon et Bordeaux passe par Massy, au sud de Paris.Le parcours proposé par la SNCF pour relier Lyon et Bordeaux passe par Massy, au sud de Paris. - AuRail

Le collectif AuRAil, qui regroupe vingt organisations d’usagers, pointe que « 435 km à vol d’oiseau » séparent Lyon et Bordeaux. Le parcours proposé par la SNCF est de 930 km. « Y aurait-il une volonté délibérée d’exclure les territoires du Massif Central ? », se questionne l’organisme. Elle souligne également que cette « déviation » renforcera « l’étoile ferroviaire parisienne au détriment des régions qu’elle ne traversera pas ».

Des alternatives qui existent

Le collectif assure que des alternatives existent. Il imagine alors une liaison directe Lyon-Saint-Etienne, jusque Clermont-Ferrand, puis Ussel, Brive et Bordeaux. Une option longue de 507 km, qui permettrait de rouvrir les lignes fermées Boën-Thiers et Laqueille-Ussel. « Certains se sont empressés de s’esbaudir devant un projet TGV de plus via Massy TGV alors qu’il ne s’agit, une fois de plus, que de laisser de côté nos territoires », dénonce AuRail.

En ligne classique, sans investissements majeurs, plusieurs tracés d’environ 500 km seraient possibles : via Saint-Pierre-des-Corps, via Clermont-Ferrand et Ussel, ou via Le Puy-en-Velay et Aurillac. Certains imaginent même qu’« avec un peu de courage politique », ce maillage transversal pourrait renaître, argue le collectif.

La diagonale du vide « reste vide »

Pour ces territoires, l’enjeu dépasse le simple confort de déplacement. Depuis la suppression en 2014, pour des raisons financières, de l’Intercités Lyon-Bordeaux par le centre de la France, le Massif central vit une véritable panne de desserte. En 2019, une coopérative ferroviaire avait lancé un projet, mais a dû y renoncer. « Poitiers, Tours et Angoulême dans le centre ouest du pays, bénéficieront de la nouvelle ligne » Lyon-Bordeaux, note-t-il, mais « la diagonale du vide » reste vide, regrette Marc Goutteroze, président d’Aurail. Il rappelle qu’il n’existe plus de liaison régulière Clermont-Saint-Étienne, ni Saint-Étienne-Limoges.

Une des proposition d'AuRail pour relier en train Bordeaux et Lyon.Une des proposition d’AuRail pour relier en train Bordeaux et Lyon. - AuRail

AuRail et la FNAUT appellent donc à une mesure immédiate : rétablir les correspondances entre TER Auvergne-Rhône-Alpes et Nouvelle-Aquitaine à Montluçon, pour rouvrir les liaisons aujourd’hui quasi impossibles, comme Clermont-Bordeaux ou Limoges-Lyon. « Une telle mesure, peu coûteuse, permettrait de rétablir des relations utiles aux territoires traversés », assurent-elles.

« Aujourd’hui, l’absence de relation ferroviaire directe entre la 2e et la 6e agglomération française laisse le champ libre à l’avion et à l’autoroute, ajoutent-elles. On ne peut qu’être favorable à cette initiative qui répond aux besoins des usagers. Il ne faut pas oublier le Massif Central. »

La réponse de la SNCF

De son côté, SNCF Voyageurs a expliqué les raisons de ce choix d’itinéraire sur X. La compagnie ferroviaire privilégie « une ligne à grande vitesse déjà existante », sans correspondance. Cette option permet d’effectuer le trajet « en cinq heures alors que depuis plus de dix dans, plus aucun TGV ne reliait Bordeaux à Lyon ».

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Elle justifie ce tracé pour proposer le « temps de parcours le plus rapide possible ». « Pour qu’elle soit pertinente, le TGV doit circuler principalement à grande vitesse et il n’existe pas aujourd’hui d’infrastructure permettant de le faire en traversant le Massif Central », fait-elle savoir. Avant d’assurer « partager entièrement les enjeux de desserte ferroviaire du centre de la France, qui relèvent d’une politique publique d’investissement et d’aménagement du territoire ».

Notre dossier SNCF

« Notre position n’est pas anti-TGV. Nous voulons simplement que les investissements soient mieux répartis et qu’un réseau transversal structurant renaisse », explique encore le collectif AuRail. Pour ce dernier, cette annonce renforce « une fois de plus le schéma en étoile autour de Paris », indique l’organise. Ce qui revient à figer durablement le centre de la France hors des radars ferroviaires, et hors du pays.