Après l’adoption de la partie recettes du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, les députés viennent de voter, en seconde lecture, la suspension de la réforme des retraites.
Rien n’est encore définitif, mais une nouvelle étape est franchie. Ce vendredi soir, les députés ont adopté pour la seconde fois l’amendement du gouvernement visant à suspendre la réforme des retraites d’Élisabeth Borne. Comme lors de la première lecture de projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) il y a quelques semaines, une large majorité des parlementaires du Palais Bourbon – 162 pour 75 contre – ont voté la mesure, validant ainsi la concession faite par le premier ministre, Sébastien Lecornu, auprès du Parti socialiste lors de sa déclaration de politique générale.
La semaine dernière, le Sénat, à majorité LR et centriste, avait rétabli la réforme des retraites. La voici donc de nouveau provisoirement suspendue, après ce vote des parlementaires du Palais Bourbon. Mais ce vote doit encore être confirmé. Avant de devenir effective, cette suspension doit d’abord passer par plusieurs étapes. D’abord, la partie dépenses du PLFSS doit être adoptée : le vote aura lieu de la journée de samedi. Ensuite, l’ensemble du projet de loi de financement de la Sécu doit également être validé : le vote solennel se tiendra mardi après-midi, à l’Assemblée nationale.
«Ne pas crier victoire trop vite»
Pour l’heure, au vu du rapport de force numérique au Palais Bourbon, rien ne dit que ce texte sera adopté par les députés. Car vendredi midi, lors du vote de la partie recettes du budget, l’adoption ne s’est jouée qu’à quelques voix. Celles des députés de Marine Le Pen, dont presque la moitié était absente au moment du scrutin. «Les députés RN étaient à des obsèques, c’est ça qui nous a sauvés», analyse une socialiste. Mardi, la donne ne sera pas la même. «On ne va pas crier victoire trop vite. Mardi, il va falloir serrer les rangs…», redoutait un macroniste, peu après le vote.
En cas de rejet du texte, les chances de voir la réforme des retraites suspendue seraient sérieusement remises en question. Comme celles d’avoir, avant la fin de l’année, un budget de la Sécurité sociale pour 2026. En cas d’adoption, en revanche, les partisans de la suspension pourraient quasiment crier victoire. Le PLFSS repartirait au Sénat pour une seconde lecture. Les parlementaires du Palais du Luxembourg devraient alors normalement le retoquer en quelques heures grâce à une «question préalable», qui leur permet d’examiner la totalité d’un texte sans entrer dans le détail.
Il reviendrait ensuite à l’Assemblée pour une lecture définitive, qui devrait être rapide, puisque les députés auront déjà acté le compromis en première lecture. Le budget de la Sécu serait alors adopté. Et la suspension de la réforme des retraites entérinée. Pour l’heure, le chemin est encore long et semé d’embûches.