Alors que Bruxelles vient de sanctionner le réseau social du patron de SpaceX, ce dernier se défend en surfant sur l’indignation de l’administration américaine.

Une phrase cinglante. Alors que l’Union européenne vient de sanctionner son réseau social X (ex‑Twitter), Elon Musk semble prêt à partir en guerre contre les institutions qui régissent le Vieux Continent, ou du moins les services numériques auxquels ont accès les Européens. Bruxelles vient d’infliger à X une amende de 120 millions d’euros au titre du Digital Services Act (DSA), première sanction prononcée dans ce cadre contre le réseau social, pour non‑respect de ses obligations de transparence et pour une utilisation jugée trompeuse de certaines fonctionnalités clés.

«L’UE devrait être dissoute et la souveraineté restituée à chaque pays, afin que les gouvernements puissent mieux représenter leur population», a déclaré Elon Musk dans un post sur X ce samedi 6 décembre. Un message qui n’a pas tardé à récolter plus de 10.000 commentaires après avoir été partagé près de 20.000 fois sur le même réseau social.


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Trois mois pour corriger le tir

Les autorités européennes estiment que le système de «coches bleues» de X est trompeur, puisqu’il suffit de payer pour obtenir le badge de «compte vérifié» sans qu’un véritable contrôle d’identité mené par la plateforme ne vienne étayer cette pseudo-accréditation. Résultat : la coche bleue «induit les utilisateurs en erreur sur l’authenticité des comptes» et «contrevient à l’obligation d’interdire les pratiques commerciales trompeuses», juge la Commission européenne dans un communiqué de presse.

Elle reproche aussi à la plateforme un manque de transparence sur son registre de publicités et un accès trop restreint aux données publiques pour les chercheurs, en violation des obligations de transparence prévues par le DSA. L’entreprise a désormais «60 jours ouvrables» pour corriger la procédure de délivrance des coches bleues, et «90 jours» pour soumettre à la Commission un plan d’action sur la transparence publicitaire. Bruxelles prendra ensuite deux mois pour évaluer la réponse de X avant de fixer un délai final de mise en œuvre. «Le non-respect de la décision de non-conformité peut entraîner le paiement de pénalités périodiques», précise le communiqué.

«Une attaque contre le peuple américain»

Cette décision a provoqué l’indignation presque unanime de l’administration américaine. «L’amende de 140 millions de dollars infligée par la Commission européenne n’est pas seulement une attaque contre X, c’est une attaque contre toutes les plateformes technologiques américaines et le peuple américain par des gouvernements étrangers», tançait le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, vendredi soir. «L’époque de la censure des Américains en ligne est révolue», a-t-il ajouté, sans préciser davantage son plan de bataille pour y mettre fin.

Un message immédiatement partagé par le vice-président américain JD Vance. «Des rumeurs circulent selon lesquelles la Commission européenne infligerait une amende de plusieurs centaines de millions de dollars pour non-respect de la censure. L’UE devrait soutenir la liberté d’expression au lieu d’attaquer les entreprises américaines pour des futilités», avait lancé ce dernier sur son compte X, grossissant de peu les chiffres, peu avant l’annonce de la Commission européenne. La hache de guerre est déterrée.