Par

Clémence Pays

Publié le

6 déc. 2025 à 18h39

À l’approche de Noël, la plateforme La Poste-Colissimo de Rennes, implantée dans la commune du Rheu, tourne à plein régime. C’est lors d’une de ces journées plus chargées que durant le reste de l’année, que des employés du site logistique de La Poste ont vu arriver « une douzaine » d’effectifs de la police aux frontières, « de 16h à 22h », mardi 2 décembre 2025, annonce le syndicat Sud PTT dans un communiqué.

« On a été choqués de voir débarquer douze policiers et qu’ils puissent entrer comme ça », confie un membre du syndicat interrogé par actu Rennes.

Une filiale de La Poste en cause ?

« Ces policiers de la PAF ont procédé à des contrôles d’identité d’une partie du personnel », poursuit Sud PTT. Plus exactement, « seuls les salariés, intérimaires et précaires de la filiale Viaposte ont été contrôlés », selon le syndicat.

En effet, au sein de la plateforme colis du Rheu, la direction de La Poste sous-traite une partie des tâches en faisant appel à sa filiale Viaposte. « Il y a un gros travail de tri des colis qui est fait très tôt le matin. Et ces boulots un peu sales avec des horaires crados, c’est Viaposte qui les prend en charge », glisse un syndiqué.

Selon cette même source, cette filiale fait principalement appel à des intérimaires, qui sont « souvent des personnes en grande précarité ».

Les conditions de travail seraient également loin d’être idéales avec « de la manutention, sans avoir les outils » adaptés et des missions « sous-payées ». Parfois, « au Rheu, les intérimaires se pointent et La Poste leur dit ‘en fait, on n’a pas besoin de vous aujourd’hui’», dénonce le syndiqué.

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Au moins une personne sans-papiers

Lors de l’opération de contrôle menée mardi 2 décembre, « cinq intérimaires de Viaposte ont été embarqués par les policiers de la PAF », affirme Sud PTT. Interrogée par la rédaction, la direction de La Poste livre une version différente.

Après vérification, il y a eu effectivement un contrôle d’identité assuré par la police des frontières sur le site de traitement de colis de Rennes le 2 décembre, contrôle classique en cette période de forte activité logistique.

La Poste

« Ce sont des employés de sociétés d’intérim qui ont été contrôlés, poursuit la direction. D’après nos informations, une personne n’a pas pu présenter ses papiers au moment du contrôle. »

Une opération de délation ?

Quoi qu’il en soit, le syndicat Sud PTT d’Ille-et-Vilaine estime cette procédure « plus que choquante », rappelant que les restaurants, les hôtels ou encore les hôpitaux ne pourraient fonctionner s’il « n’y avait pas des petites mains sans-papiers ».

Nous constatons que dans la période qui s’ouvre le nombre de colis qu’attendent les clients de La Poste explose, que ces travailleurs, sans-papiers ou non, font le job tous les jours.

Syndicat Sud PTT d’Ille-et-Vilaine
Communiqué de presse

« Il y a 134 filiales La Poste, reprend le membre du syndicat interrogé par actu Rennes. Dans ces filiales, il y a différents statuts de personnel », avec « des fonctionnaires, des personnes en CDI et CDD, des intérimaires, des employés GEL (« un groupement d’employeurs logistiques qui se partagent des salariés ») et des sans-papiers ».

Toujours selon le syndicat, la direction de La Poste serait « en conflit avec des dizaines de travailleurs sans-papiers qu’elle avait embauchés dans leur filiale Chronopost ». Ces employés en situation irrégulière réclameraient depuis « plus de deux ans la régularisation de leurs papiers, de leur contrat de travail, de leur salaire ».

L’intervention de la police aux frontières interroge donc particulièrement le syndicat. « Est-ce qu’il y a eu de la délation ? », se questionne notre source.

Pas de réponse de la direction

Sud PTT a décidé de saisir le président du CSE « Colissimo et international » pour avoir une réponse de la direction nationale après l’opération policière. « Nous n’avons eu aucun retour », affirme le syndiqué.

En attendant, le syndicat « exige un seul statut pour les travailleurs » de La Poste et donc « la régularisation de ces sans-papiers ».

Sollicité concernant l’intervention policière et le nombre de personnes sans-papiers contrôlées, le parquet de Rennes n’a pas répondu à nos demandes à l’heure où nous écrivons ces lignes.

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