Sébastien Delogu a beau être le candidat LFI aux municipales, c’est Manuel Bompard qui, samedi soir, lors du premier meeting des Insoumis à la Belle de Mai, a donné le ton et fixé le cadre.

« L’enjeu de ces municipales dépasse la ville de Marseille, a d’emblée posé le coordinateur de LFI, rappelant ainsi l’enjeu ultime du parti de Jean-Luc Mélenchon qu’est la présidentielle de 2027. Nous voulons changer notre ville mais nous voulons envoyer un message au pays tout entier. Et si en mars, Marseille élit à la tête de la mairie une liste Insoumis, alors, ce sera un message reçu dans tout le pays et ce sera un message qui préparera l’alternative globale dont notre pays a besoin. »

Le RN et Benoît Payan pour cibles

Devant « plus de 1 000 personnes », avec une salle comble et quelque deux à trois cents militants et sympathisants obligés de rester à l’extérieur, le député de Marseille laisse apparaître la stratégie à l’œuvre, en désignant un ennemi, le RN et Franck Allisio, « un député touriste d’extrême droite qui veut faire de Marseille un laboratoire du fascisme » et en présentant Benoît Payan comme « un maire qui s’est fait élire à gauche et qui gouverne au centre ». Une façon de polariser le débat et d’apparaître comme la seule « vraie gauche » ?

Certes, Martine Vassal se voit qualifiée par Manuel Bompard d' »incompétente qui est restée huit ans à la Métropole et qui n’a rien fait ». Certes, Léa Bijouit, une des chefs de file marseillaise, se gausse du métro qui ferme à 21 heures et demande à « Madame Vassal, une autre manière de faire de la politique ». Mais c’est bien sur le Printemps marseillais et Benoît Payan que les Insoumis tirent à boulet rouge pendant les deux heures de meeting. Et si jamais le doute était permis, Sébastien Delogu en conviendra devant les journalistes : « Gauche comme droite, pour moi, c’est à peu près tous les mêmes. »

La cause palestinienne toujours présente

Surfant sur la cause palestinienne, Manuel Bompard reproche à la municipalité d’avoir « suspendu les fonds de soutien à une agence palestinienne » et se dit « blessé » par cette même municipalité « qui n’a pas su se hisser à la hauteur de l’histoire en mettant fin au jumelage qui existait entre Marseille et Haïfa ».

Invité à son tour à venir sur scène, Sébastien Barles, qui a rompu avec EELV et a rejoint LFI avec son collectif Vaï, cible à son tour Benoît Payan, dont il est cependant toujours l’adjoint : « Un immense élan né en 2020 avec Michèle Rubirola (EELV), mais beaucoup d’espoirs ont été déçus. Nous avons porté quelques projets comme la lutte contre la précarité énergétique, mais la grande transformation de notre cité n’a pas eu lieu à cause de trop d’opacité, de verticalité. »

Conscient que ce ralliement peut questionner, l’élu entend rassurer la salle : « Cette alliance attendue depuis si longtemps, ce n’est pas une alliance de circonstance uniquement électorale, c’est le fruit de luttes communes contre Airbnb, les data centers, les plateformes logistiques, le tout camion, pour la préservation des terres agricoles, la dénonciation de la vidéosurveillance ou le renouvellement Sodexo dans les cantines ou la lutte contre le jumelage avec Haïfa et pour la reconnaissance du génocide. »

« Nous ne partons pas seuls, nous sommes unis »

S’ensuivent de mini « tables rondes » de quelques minutes avec des militants associatifs et les prises de paroles des chefs de file Insoumis marseillais, lesquels tour à tour distillent quelques-uns des mots-clés de la campagne à venir : « faire de la politique autrement », « rendre le pouvoir au peuple » « en finir avec le clientélisme ».

Et c’est finalement Assa Traoré, icône de la lutte contre le racisme et les violences policières, qui introduit sur scène le candidat à la mairie. « Que d’émotion », entame alors Sébastien Delogu, avant de tancer à son tour la gauche : « Ils nous reprochent de faire cavalier seuls, de diviser la gauche, mais nous ne partons pas seuls. Nous sommes unis, rassemblés avec le peuple et les vrais écologistes. » Et de dévoiler, sinon son programme -« ce sera en janvier », promet Manuel Bompard à la presse, le nom de sa liste : « Marseille fière et populaire. »