Lundi 1er décembre, le tribunal administratif a jugé que les conditions de vie dans le camp de Krimmeri étaient dangereuses et insalubres. La police est autorisée à intervenir à compter du lundi 8 décembre.
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Guillaume Krempp
Publié le 2 décembre 2025 ·
Imprimé le 7 décembre 2025 à 03h51 ·
Modifié le 2 décembre 2025 ·
2 minutes
La cinquantaine de tentes du camp Krimmeri devrait bientôt disparaître. Mais combien de temps faudra-t-il pour que des personnes sans-abri s’installent à nouveau à proximité du stade de la Meinau ? C’est une procédure désormais rodée : propriétaire du terrain occupé, la Ville de Strasbourg a demandé l’expulsion des personnes installées sur ces espaces verts entre un bras du Rhin tortu et les lignes de tram. Si la collectivité ne le fait pas, elle se met en défaut quant à ses obligations de protection des populations vivant sur son territoire (voir notre article sur cette jurisprudence de décembre 2022).
Dans une ordonnance rendue le lundi 1er décembre, le tribunal administratif de Strasbourg a jugé que l’évacuation remplissait les conditions d’urgence nécessaires dans le cadre d’une procédure en référé :
« Il résulte également de l’instruction que certains de ces occupants sont implantés à proximité du Rhin Tortu, d’autres près des lignes de tramway ou de lieux de passage de véhicules et d’un compteur électrique, sans bénéficier d’installations permettant de garantir leur sécurité et la salubrité des lieux, alors que des feux de camp ont été allumés sur le site. Dès lors, le maintien dans les lieux des occupants présente des risques pour la sécurité publique, compte tenu notamment des risques d’accident, d’incendie, de chutes d’arbres comme de branches. »
Quatrième expulsion
L’histoire se répète au camp Krimmeri. En novembre 2024, plus de 300 personnes, dont plus d’une centaine d’enfants, étaient expulsées par la police. Cette évacuation faisait suite à d’autres opérations de police en avril et en août 2024. L’explication est simple : suite aux expulsions, nombre de sans-abris sont hébergés temporairement. Au bout de quelques jours, ils sont remis à la rue. D’autres sont orientés vers le centre d’aide pour le retour de Bouxwiller. Mais comme ils ne souhaitent pas quitter le territoire français, ils finissent alors par regagner les espaces verts à quelques pas du stade de la Meinau tandis que d’autres cherchent des espaces moins exposés.
La cinquantaine de personnes visées par la décision d’expulsion a cinq jours pour quitter les lieux à compter du lundi 1er décembre. La police pourra ensuite intervenir pour procéder à l’évacuation.
De la rue à la rue : la galère sans fin des sans-abris strasbourgeois

À Strasbourg, les campements sauvages des personnes sans-abris sont souvent bien visibles. Après chaque démantèlement, ils finissent par réapparaître, ailleurs ou au même endroit. Au rythme des expulsions successives, on retrouve parfois les mêmes visages sous de nouvelles tentes. L’État est censé fournir un hébergement à toutes les personnes qui le demandent. Mais de plus en plus, il assume renoncer à cette obligation légale, laissant des familles, des malades, des personnes isolées, en errance dans la rue.
Retrouvez nos enquêtes sur l’hébergement d’urgence des personnes sans-abris, par Camille Balzinger et Thibault Vetter, en librairies.