La ville de Marseille a accueilli, le jeudi 4 décembre, Sa Sainteté Karékine II, Patriarche suprême et Catholicos de tous les Arméniens, venu inaugurer le lendemain l’exposition « Trésors arméniens (1512-1828) » et bénir un double khatchkar symbolisant la fraternité entre les traditions chrétiennes arménienne et latine.
L’exposition, présentée à la basilique Notre-Dame de la Garde, retrace plus de trois siècles de création spirituelle et artistique arménienne, à travers des manuscrits, objets liturgiques et œuvres issues de collections privées. Cette initiative, fruit d’une collaboration entre des collectionneurs et mécènes de la diaspora, doit beaucoup à l’engagement de Maxime Yévadian, à l’origine du projet, et au soutien généreux de Vahé Gabrache et Roy Arakélian.
Une croix de vie partagée
Moment fort de la journée : la bénédiction d’un double khatchkar installé à proximité de la basilique. Cette œuvre symbolique, représentant à la fois la Croix de vie arménienne et la Croix latine, incarne l’unité spirituelle entre les Églises d’Orient et d’Occident. Elle témoigne de la permanence du message chrétien arménien au sein de la cité phocéenne, premier port d’accueil de la diaspora après le génocide.
Le Cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille, a participé à la cérémonie aux côtés de nombreux prêtres, fidèles et représentants des institutions religieuses. Dans son allocution, il a salué « la profondeur du témoignage arménien », rappelant que Marseille, ville-monde et carrefour des peuples, « a toujours su faire sienne la mémoire et la foi des Arméniens ». La cérémonies s’est déroulée en présence du primat du Diocèse arménien de France, Monseigneur Khatchatryan, venu spécialement de Paris pour bénir le monument.
Une réception aux couleurs de la fraternité franco-arménienne
La visite du Catholicos a succédé à une réception organisée la veille à l’église apostolique arménienne de Marseille, avenue du Prado, en présence de nombreuses personnalités politiques et communautaires. Parmi elles figuraient Martine Vassal, présidente du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône, Benoît Payan, maire de Marseille, ainsi que plusieurs élus d’origine arménienne, dont Garo Hovsepian, Aurore Bruna, Azad-Balasse Kazandjian et Yannick Ohanessian. Le coprésident du CCAF, Ara Toranian, a également pris part à cet événement placé sous le signe du partage et de la reconnaissance.
Dans son discours, Sa Sainteté Karékine II a remercié les autorités françaises et les représentants de la communauté arménienne pour leur fidélité et leur engagement. « L’Arménie regarde Marseille avec gratitude », a-t-il déclaré, « car ici, les Arméniens ont su unir leur foi à celle de leurs frères français, transformant la mémoire en avenir commun. »
Un succès personnel
Cette visite du Catholicos, la première à Marseille depuis plusieurs années, s’inscrit dans un contexte de redécouverte et de valorisation du patrimoine arménien en France. Entre foi, mémoire et culture, elle a rappelé la vitalité du message arménien et la profondeur du lien unissant la diaspora à sa terre d’origine.
Au-delà de son importance culturelle et spirituelle, cette visite marseillaise a constitué un véritable succès personnel pour le Catholicos Karékine II, dans un contexte où l’Église apostolique arménienne traverse une période de fortes pressions en Arménie même. La chaleur de l’accueil, l’affluence des fidèles, et la présence appuyée des autorités politiques civiles et religieuses françaises ont offert à Sa Sainteté un espace de reconnaissance et de solidarité, contrastant avec les campagnes de dénigrement et les tentatives de marginalisation dont l’Église fait l’objet dans son propre pays. Cette visite réussie a démontré que, malgré les difficultés actuelles, l’Église arménienne conserve une légitimité morale essentielle et une capacité intacte à rassembler l’ensemble de la nation arménienne autour de son patrimoine spirituel et de son rôle historique.








