Lorsqu’on cause de coupe d’Europe au pied du Faron, les supporters ont toujours un peu des étoiles dans les yeux. La génération des « Galactiques » de Toulon a laissé une trace (1) et le club vit, quoi qu’on en dise, avec cet héritage. La constellation jaune qui orne le logo au muguet en est une image.
Or, le tandem Bernard Lemaitre – Pierre Mignoni l’a souvent répété : ce groupe toulonnais doit aussi écrire sa propre histoire. Il y a deux ans, pour la première Champions Cup d’une nouvelle ère, le tome inaugural avait été un navet. Battu quatre fois de suite en poule, le RCT subissait les foudres de la critique.
Les enseignements d’un quart…
Une gifle presque compensée par le deuxième épisode, la saison suivante. Plus convaincants, les Rouge et Noir avaient tiré à la ligne jusqu’en quart de finale… Avant d’être éliminés au terme d’un cruel scénario, contre Toulouse.
« Je suis sûr que c’était un match de progrès. Notre équipe a besoin de passer par des défaites comme celles-là, analysait le coach varois en conférence de presse, vendredi. Quand tu perds, c’est difficile de dire aux joueurs qu’il faut apprendre. Eux ne voient qu’un truc, c’est la finalité, le fait que tu as perdu le quart de finale. Mais si tu l’as perdu, ce n’est pas qu’à cause d’une pénalité à la fin. C’est qu’il a aussi manqué des choses. C’est de ça qu’on a essayé de se servir. Et on s’en sert aujourd’hui encore, sur ce type de match. »
Par « ce type de match », Pierre Mignoni entend « le très haut niveau ». Celui qui « se rapproche du niveau international ». Car, dès ce dimanche, le RCT ajoutera un nouveau titre à sa saga « coupe d’Europe ». « C’est toujours excitant de jouer la Champions Cup… Surtout à Toulon, où l’on a un historique très fort », poursuivait l’homme fort du club au muguet.
Cette année, l’histoire débute dans le froid d’Édimbourg, en Écosse, avec Murrayfield en toile de fond et le Hive Stadium en scène principale. Ben White, demi de mêlée écossais du RCT, présente l’antagoniste : « Edimbourg est une équipe costaude. Elle aime le combat, les tâches difficiles, et a plusieurs joueurs de la sélection d’Écosse. Elle n’est peut-être que dixième du classement d’United Rugby Championship (sur seize équipes), mais c’était très serré sur leurs trois défaites. On aura besoin de mettre énormément d’énergie et d’impact. »
Pierre Mignoni approuve : « Ils jouent sur une surface synthétique et mettent beaucoup de pression sur l’adversaire. Ils ne te laissent pas trop d’oxygène pour faire ton jeu. »
« Le moment » des cadres
Heureusement, le technicien sent ses hommes « bien plus prêts qu’il y a deux ans ». Pour réaliser, dans la continuité de l’année passée, un parcours européen digne du grand Toulon ? « L’objectif est de faire du mieux possible », coupe Mignoni, évasif sur les ambitions concrètes du club en Champions Cup.
Elles n’en demeurent pas moins élevées : « Bien sûr qu’on voudrait finir premiers (du groupe). Mais on connaît notre poule. […] On est revenu en Champions Cup sur la pointe des pieds. Le club ne la jouait plus depuis des années. Il y a deux ans, on n’avait pas été au niveau. Et l’année dernière, on s’est qualifié. […] On va voir cette saison. C’est un format court (quatre matchs de poule, Ndlr), où tu ne peux pas trop te planter. Sinon, tu ne recevras pas en phase finale. Les choses sont claires. »
Et l’aventure prête à être lancée. Alors, aux cadres toulonnais de performer. Pierre Mignoni l’a assuré : « C’est leur moment. » Le moment de commencer à écrire un chapitre dont on se rappellera.
1. Avec trois trophées européens remportés (2013, 2014 et 2015).
Mignoni analyse la poule
Interrogé sur les confrontations à venir en Champions Cup, Pierre Mignoni a souligné la qualité des diverses oppositions : « Édimbourg est une équipe difficile à jouer. Elle est toujours très accrocheuse. Après, on a Bath, qui est actuellement la meilleure formation du championnat anglais. Pour moi, c’est la plus française des équipes anglaises, avec un jeu extrêmement physique. Puis, il y a le Munster… Est-ce que je dois présenter le Munster ? Il y a deux ans, on avait perdu chez nous contre eux, avec un match difficile. On n’était pas au niveau. Ces trois premiers matchs vont nous permettre de voir où on en est. »
Pour clôturer la phase de groupes, le RCT se déplacera enfin chez les Anglais de Gloucester, actuels avant-derniers de Premiership. Un match sûrement un peu plus abordable, même si, d’ici là (17 janvier), les dynamiques auront eu le temps de changer.
