ALEXANDER KAZAKOV / AFP
Le président russe Vladimir Poutine participe à une réunion avec l’envoyé spécial américain Steve Witkoff et le gendre du président américain Donald Trump, Jared Kushner, au Kremlin à Moscou, le 2 décembre 2025.
Une réaction prévisible, mais révélatrice de la fragilité de l’ordre mondial. La Russie a salué ce dimanche 7 décembre la nouvelle stratégie de sécurité nationale des États-Unis, publiée vendredi. Ce document est traditionnellement présenté par chaque administration américaine au début de son mandat.
La nouvelle stratégie de sécurité nationale, publiée vendredi, reflète le nationalisme affirmé de la présidence Trump. Elle critique l’Europe tout en l’incitant à retrouver sa puissance, mais omet de qualifier la Russie de menace directe. Une aubaine pour Moscou, qui a déclaré que ces ajustements « sont globalement conformes à notre vision », par la voix du porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.
Le porte-parole du Kremlin a ajouté espérer que la nouvelle stratégie de Washington puisse permettre à la Russie de « poursuivre de manière constructive le travail commun (avec les États-Unis) pour trouver un règlement pacifique en Ukraine ».
Le texte diffusé par le gouvernement américain redéfinit sa « stratégie de sécurité nationale » en accord avec la position de Donald Trump en faveur de « l’Amérique d’abord ». Il s’en prend vivement aux Européens, soutenant que le Vieux continent est confronté à un « effacement civilisationnel » dû à l’immigration.
Ces affirmations ont déclenché de vives réactions du côté européen. « Ce document est inacceptable et dangereux. L’administration Trump n’a pas à se mêler de nos politiques intérieures », a notamment taclé sur X l’eurodéputée et présidente du groupe centriste Renew Europe au Parlement européen Valérie Hayer.
La cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a tout de même tenté d’arrondir les angles, en estimant que « les États-Unis restent notre plus grand allié (…) nous n’avons pas toujours été d’accord sur différents sujets, mais je pense que le principe général reste le même. Nous sommes les plus grands alliés et nous devons rester unis ». En revanche, « l’Europe a sous-estimé son propre pouvoir. Vis-à-vis de la Russie, par exemple (…) nous devrions avoir davantage confiance en nous », a-t-elle affirmé.
« Aucune évaluation » de la menace russe
À l’inverse de la dernière stratégie américaine, publiée par Joe Biden en 2022, qui avait mis l’accent sur l’acquisition d’un avantage compétitif sur la Chine tout en limitant une Russie jugée « dangereuse », la nouvelle stratégie ne donne « aucune évaluation » de la menace russe, souligne auprès de l’AFP Kristine Berzina, du cercle de réflexion German Marshall Fund, basé à Washington.
Le document évoque « l’anxiété européenne vis-à-vis de la Russie » mais « ne précise pas si les États-Unis s’inquiètent d’une éventuelle agression russe, alors que cela devrait être une préoccupation pour les États-Unis, non seulement en Europe, mais aussi dans l’Arctique, au Moyen-Orient, en Afrique et dans le Pacifique », souligne cette chercheuse.
Le document promet également qu’il n’y aura pas d’élargissement de l’Otan, anéantissant une fois de plus les espoirs de l’Ukraine qui subit l’invasion russe.
Il y aura « un réajustement de notre présence militaire mondiale pour répondre aux menaces urgentes sur notre continent et un éloignement des théâtres dont l’importance relative pour la sécurité nationale américaine a diminué ces dernières années ou décennies », y lit-on. « L’époque où les États-Unis soutenaient l’ordre mondial tout entier, tel Atlas, est révolue », souligne-t-il.
En outre, l’annonce de la nouvelle stratégie de sécurité nationale américaine est intervenue à un moment où des responsables ukrainiens étaient en pourparlers en Floride avec des émissaires de Donald Trump sur le plan élaboré par Washington pour mettre fin à près de quatre ans de guerre en Ukraine. Trois jours de discussions n’ont produit aucun progrès apparent.